Congo-Brazzaville: Les souvenirs de la musique congolaise - Les épopées des orchestres de la force publique dans le macrocosme musical congolais

Les années 1970 et 1980 furent marquées par la naissance des orchestres de la force publique sur l'échiquier musical congolais dont le tout premier fut Les Guérilleros, créé en 1970 par le caporal-chef Bernard Bouka de la Marine nationale. Il a en son sein Laurent Botséké, journaliste et chanteur avec sa célèbre chanson "Mwasi ya bar" qui connut un franc succès.

L'orchestre Les Guérilleros fut le premier groupe musical de la force publique. Il regorgeait en son sein des militaires du Groupement aéroporté et les anciens éléments de la Défense civile, bras armé du Mouvement national de la révolution, reversés dans l'Armée populaire nationale (APN) au lendemain du mouvement insurrectionnel du 31 juillet 1968 qui fut à l'origine de la destitution du régime du président Alphonse Massamba-Débat. Le sergent-chef Roger Nkounkou, le caporal-chef Bernard Bouka, Noël Owoki, Barthélémy Oko, alias Bébèl, furent les fondateurs de l'orchestre Les Guérilleros composé ainsi qu'il suit : Roger Nkounkou, chef d'orchestre (saxo ténor), le Rouge (guitare solo), Feros compte (guitare accompagnement), Maurice Koyo (guitare basse), Samba, Mongo Coplan (saxo alto), Mantinou, Pepito, Samuel Malonga (trompettistes), actuel trompettiste de l'orchestre Bantous, Laurent Botseke, Noël Owoki, Barthélémy Oko (chanteurs), Martina (drummer).

A la suite des départs en stage de certains musiciens et d'autres affectés dans les zones militaires de défense, des artistes musiciens civils feront leur entrée dans l'orchestre en complément d'effectif en 1975, en l'occurrence Jean Ngoumba, alias John Tamponné bango, transfuge de l'orchestre Mando Negro Kwalakwa (guitare accompagnement), François Sam Liworo (guitare basse), Jean Alexis Gompoulou (guitare solo), Casimir Moutosanzi (chanteur), Emanos Bamana (chanteur spécialité salsa), François Benabantou (drummer).

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Le Mess mixte de garnison fut le siège et le lieu des répétitions du groupe. Des titres explosifs tels que « Mwasi ya bar » de Laurent Botseke et « Ezaleli ya soni » de Bernard Bouka firent tabac et sécouèrent l'écosystème musical brazzavillois au début des années 1970.

Son épopée fut ponctuée par différentes prestations au bar Bel air chez papa Ndala, très célèbre à l'époque sur l'avenue de l'OUA à Makélékélé, au Mess mixte de garnison, au bar Le dinosaure à Oyo, et dans les zones militaires des départements, sans oublier les cérémonies militaires. Contre toute attente, les nominations de certains membres du groupe à des hautes responsabilités dans l'armée, l'accession aux grades supérieurs, les départs en stages de formation furent à l'origine de la déstabilisation et la dislocation de l'orchestre autour des années 1976 - 1977.

La nature ayant horreur du vide, en 1985, le haut commandement militaire, sous la férule du colonel Norbert Dabira, chef de la Direction politique générale à l'armée, décida de la fusion de tous les orchestres de la force publique, entre autres, Bala bala, Aero Ndos, Inter Music du bataillon des sports, Flotte Music de la Marine nationale congolaise, Etoumba. Fusion qui donna naissance à l' orchestre central de l'APN dont la sortie officielle eut lieu au Palais des congrès devant le haut commandement militaire.

«On part on part» fut le slogan de l'orchestre, synonyme de courage et de motivation. Son évolution fut marquée par des prestations lors du 25e anniversaire du Parti congolais du travail au Palais des congrès, et à la soirée récréative organisée au Mess mixte des officiers à l'occasion du message sur l'état de la Nation du président de la République. A noter également les différentes cérémonies de prise d'armes et réveillons d'armes sous le haut patronage du chef de l'Etat, l'ouverture de la foire nationale de Pointe-Noire avec l'orchestre Zaiko Wawa de Manuaku Waku.

L'événement le plus marquant que l'on retiendra au cours de son évolution fut le méga concert avec l'orchestre El tributo de Cuba composé des enfants et petits-fils des anciens de l'orchestre Aragon de Cuba, et de Rita Marley, épouse de Bob Marley. Méga concert rehaussé par la présence du général Ofman de l'armée de la République démocratique d'Allemagne.

En 1991, l'orchestre central de l'APN disparaîtra avec l'arrivée au département de la Culture de la Direction politique générale à l'armée du capitaine Jean Aive Allakoua, cumulativement avec ses fonctions à la police nationale qui conseille vivement son chef de département, le commandant Norbert OKio Koutina, actuel chancelier des ordres nationaux, de laisser l'initiative et l'identité des orchestres à leurs structures d'origine pour une meilleure variété et émulation. Ainsi, Aero Ndos, Bala bala, Inter Music ont repris individuellement vie jusqu'à leur quasi-disparition au sortir de la Conférence nationale souveraine en 1991 avec la suppression des organes politiques à l'armée.

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