Madagascar: Le pays face à son cheminement et à sa propre providence - Une génération consciente et bien guidée, une société engagée et solide, un pays uni et équilibré.

«Croissance économique, Émergence, Développement, Développement Durable, ... » autant de bigoteries intellectuelles que Madagascar aspire à atteindre depuis bien plus de cent (100) ans alors que la spirale infernale de la mendicité infecte et gangrène tous les niveaux de notre pays.

La géopolitique mondiale met le pays dans des situations proches du vivable. Tous les indicateurs frôlent le vert : le paradoxal devient normal, l'invivable devient vivable, les croyances, les traditions et les moeurs sont dénommées « diable », l'être se conjugue au temps avoir, la médiocrité est une norme de vie, l'avidité et la cupidité prennent le dessus, quand la corruption est un style de management et la pauvreté est le résultat (avant impôt s'il vous plaît !), l'élite monopolise la délinquance, les pseudos intellectuels concoctent les plans machiavéliques, l'escroquerie se fond dans les décors, les princes font de la ruse leur arme, le peuple est là sans voies (ou voix), les mauvaises habitudes deviennent jurisprudence, la famine et l'insécurité se font maître dans toutes les régions, le carré magique de KALDOR pleure le pays, le taux d'alphabétisation de moins de 30% ne choque personne, le silence est assourdissant, le « contraire du bien » s'installe et devient uniformité, la sagesse est perçue comme une faiblesse, « Very ianao, ry Tanindrazako » disait l'illustre poète malagasy Rado dans son dernier vers de « Very ianao, ry Fireneko » (Tu es perdue, ma nation). La dure réalité de la vérité pose problème : est-ce-que Madagascar est réellement prêt pour son avenir ?

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De l'Arbre : du fondement à la conscience collective d'une génération

« Ry Tanindrazanay Malala ô ! » Hymne national malagasy

Les « Ntaolo » (anciens) enseignaient les générations à compter et à jouer au « sabaka » (marelle) avec des noms d'arbres : « Isa (1) ny Amontana, Roa (2) ny Aviavy, Telo (3) Fangady, Efa (4) -dRofia, Dimy (5) Emboka ». Ils alliaient éducation, environnement, jeu, philosophie et science. C'est dans ces traditions que la sagesse des arbres était transmise. Et aujourd'hui ? Adansonia digitata est le nom scientifique du Baobab. Le Baobab du mot arabe « bu hibab » aussi appelé « Reniala » (mère des forêts) est un arbre endémique pluricentenaire de Madagascar, un arbre symbole de durabilité. Le Baobab du bord de la Ville de Mahajanga (Nord-Ouest de Madagascar) mesure dix (10) mètres de hauteur et un peu plus de vingt (20) mètres de circonférence et dont les racines sont estimées à deux (02) mètres sous terre.

Cet arbre a changé ses feuilles pendant plusieurs générations, il a vécu tous les changements sociopolitiques du pays, il a survécu à plusieurs aléas naturels et climatiques (tremblements de terres, cyclones, ...) : les fruits murissent chaque année, les feuilles changent mais l'arbre est là, la racine demeure. Le vieux proverbe disait « faisons comme l'arbre, changeons les feuilles mais gardons les racines ... changeons nos idées et nos opinions mais gardons nos valeurs et principes ». Cette pensée attire la conscience à garder les fondements, source de l'équilibre. Apporter de nouvelles idées sociétales, faire place à de nouvelles idées d'entreprises, innover les anciennes pratiques du marché, améliorer ou changer les produits des industries tout en gardant les valeurs des entreprises, tout en préservant les croyances et les moeurs de la société et tout en protégeant la sagesse de la nation. D'ailleurs, le Baobab guérit plusieurs maladies.

Dans la partie Sud et Sud-Ouest de Madagascar les Baobabs sont réputés « misy zavatra » (abritent des choses, des esprits), des choses et des phénomènes incompréhensibles et indéfinissables : selon la tradition orale dans cette partie du pays, les Baobabs réfugient les esprits des ancêtres et ils libèrent ces derniers tous les soirs. Durant les « tsinam-bolana » (nouvelles lunaisons) jusqu'au « volam-penomanana » (pleine lune), des hommes et des femmes d'humble volonté viennent demander des « tsodrano sy fitahiana » (bénédictions) de tout genre : lumière et équilibre, amour et procréation, grâce et beauté, richesse et prospérité, justice et vérité, intelligence et sagesse.

Ils viennent y déposer des bougies pour que la lumière soit, de « taoka gasy » (alcool artisanal) en signe de respect des traditions transmises par les ancêtres, de « tantely » (miel) pour que les bénédictions soient éternellement sucrées comme le miel. Dans la coutume, les « hataka sy joro » (demandes et prières) commencent par « Andriamanitra Andriananahary » (Dieu), puis les « razana » (ancêtres) et viennent après les demandes proprement dites. En somme, les « taranaka » (enfants) demandent à « reniala » (la mère) : la vie. L'Arbre fait donc, dans ce sens, référence à la généalogie, « ny tetiarana » (arana: ARN/ADN). L'arbre généalogique représente et retrace les descendances et les ascendances de ces derniers.

La descendance représente les personnes qui sont issues de mêmes ancêtres, de tous les fruits de Baobab qui sont issus de la même racine, « d'où l'on vient ». L'arbre grandit vers le soleil, les feuilles et les fruits murissent sous sa lumière, les générations puisent leurs vertus à la racine, à leur fondement. « Ny hazo no vanon-ko lakana, ny tany naniriany no tsara » (si l'arbre est bon pour en faire une pirogue, c'est que la terre où il a poussé est bonne) dixit le vieux proverbe malagasy.

Si l'arbre produit de bons fruits, c'est que sa racine est bonne. Une génération future forte est une génération consciente de son ancrage à sa propre terre, une génération respectueuse de la mémoire de ses aïeux, une génération confiante et de confiance, une génération unie et solidaire pour la société et ses industries, et une génération guidée par les sages murmures de leur conscience. Respecter les arbres c'est respecter son soi-même et autrui, c'est protéger l'environnement, c'est servir avec dévouement sa nation et garder les fondements source de l'équilibre.

De la conscience collective du respect du 3T

(Tany Teny Tantara)...

« Andrianiko ny teniko, ny an'ny hafa koa feheziko » feu RAHAINGOSON Henri

« Hajao ny ala sy ny fadiny » (respecter la forêt et ses interdits, respect the forest and its prohibitions) dit le guide GERP à l'entrée de la forêt de la roche sacrée d'Andriambavibe à Anevoka-Beforona Andasibe. Mais qu'est-ce-que le respect ? Respecter, c'est le fait de considérer quelque chose, un individu, un concept moral, des valeurs sociétales, une forêt, des animaux, ... Respecter le « Hasina » (Dragonnier de Madagascar) est l'attention de traiter l'arbre avec considération en raison de sa valeur sociale sacrée. Respecter les « fady » du Doany Miarinarivo-Mahajanga des « Andriamisara 4 dahy manankasina » (Rois Sakalava du XVIIème et XVIIIème siècle : Andriamisara, Andriandahifotsy, Andriamandisoarivo, Andrianamboniarivo) c'est porter un ferme égard et rendre hommage aux us et coutumes perpétués par les ancêtres. Respecter les 3T, c'est respecter Madagascar, c'est respecter la Terre de ses ancêtres et ses « fady » (interdits), sa Langue et son Histoire : « Tany » (la Terre) qui est la terre de la racine, la terre où planter les arbres, où bâtir les communautés, les organisations, les entreprises et les industries ; « Teny » (le verbe, la langue) qui est ce son qui sort de la bouche qui a un sens, l'ensemble de lettre qui forme un mot, l'agencement de mots qui forme la langue malagasy.

Derrière une langue il y a des valeurs sociales, des principes moraux et surtout une culture ; « Tantara » (l'Histoire) qui représente les faits chronologiques du passé, les écrits des évènements des « olobe », la mémoire d'une génération passée pour les générations futures, la mémoire d'une nation et de l'humanité. C'est trois (03) concepts s'interconnectent et sont complémentaires : la Terre où l'homme bâti et y habite, la Langue avec lequel l'homme communique pour vivre sur Terre et l'Histoire qui mémorise les évolutions de sa Terre, de sa Langue et de l'Humanité.

Pour la petite tantara, la roche sacrée d'Andriambavibe est un fief Vazimba qui se situe à Anevoka-Beforona Andasibe. Andriambavibe est la petite fille de Andriantomara (Roi Vazimba, vers le XIème siècle), fille de Andriandrambondanitra et soeur de Andriandahimena. Elle y repose. Aujourd'hui, les habitants d'Anevoka y viennent pour y demander des bénédictions pour leur saison agricole, pour la santé de leurs enfants, pour la protection de leur communauté, ... Andriambavibe est une grande Reine Vazimba « Mpanazary » (ceux qui peuvent communiquer directement avec Dieu et les anges sans intermédiaire), qui selon Feu Rabearifeno Albert est à l'origine de « Andrebabe / Andrababe», le village mystérieux qui cache les secrets de Madagascar. Le « Hasina » (Dragonnier de Madagascar) existe depuis l'époque Vazimba. Le Hasina symbolise le sacré, la sainteté et surtout la spiritualité. Cet arbre est rattaché au culte sacré des Vazimba et depuis il prend une place considérable dans la société malagasy.

Près de leurs « lava-bato » (grottes) ou près des tombes Vazimba poussent des Hasina. Jusqu'à aujourd'hui, cet arbre mythique pousse dans des villages et des quartiers en signe de sainteté et de sacré du chef de village ou du chef de famille. L'arbre se situe à « l'Alahamady » (Nord-Est) qui est l'angle sacré réservé aux ancêtres, aussi appelé « Zoro firarazana ». Autrefois, les « Ntaolo » utilisaient les rameaux de cet arbre pour donner leur bénédiction aux descendances pour de multiples raisons : la pose de première pierre des nouvelles maisons, pendant les « vodiondry » (mariage traditionnel malagasy), quand un enfant allait partir étudier à l'étranger, avant tout genre de « fomba » (rituel), ...

En bref, pour de multiples raisons allant du plus simple au sacré. « Se respecter » constitue le respect mutuel de l'homme envers son environnement et inversement. Les changements climatiques sont les fruits d'inconsidérations des impacts environnementaux des marchés non équilibrés, des industries ne respectant point la terre et des hommes qui ne prennent guère égard aux intérêts supérieurs de la nation. Si l'homme respecte la nature, la nature le gratifie et inversement si l'homme détruit la nature, elle reprend ses droits. La conscience collective d'une génération dans ce socio-système constitue la base solide d'une société confiante et de confiance.

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