Ile Maurice: Arrêté par la Special Striking Team hier - Aucune caution imposée à Me Rama Valayden

La Special Striking Team (SST) a débarqué chez l'avocat Rama Valayden dans la matinée d'hier. Il a été interpellé par rapport à une déclaration qu'il avait faite lors d'une émission radio. Il a été arrêté sous une accusation de conspiration pour pervertir le cours de la justice mais l'avocat ne s'est pas vu imposer de caution.

Alors qu'il était en route vers les Casernes centrales en compagnie des policiers qui l'avaient interpellé, Me Valayden nous a fait la déclaration suivante: «Les policiers m'ont dit qu'ils avaient besoin de moi par rapport à une déclaration publique que j'ai faite sur la SST. C'est de la persécution ! Où est la liberté d'expression ? Il ne faut pas se laisser intimider !». Pendant que l'avocat était interrogé, l'entrée des Casernes centrales avait été interdite d'accès aux journalistes.

Me Valayden a été interrogé pendant quatre heures dans les bureaux de la SST avant d'être arrêté. L'avocat a comparu en cour de district de Port-Louis et une accusation provisoire de Conspiracy to pervert the course of justice a été logée contre lui. L'avocat a retrouvé la liberté conditionnelle après avoir signé une reconnaissance de dettes de Rs 20 000. La cour ne lui a pas imposé de caution. Son homme de loi, Me Jacques Panglose, a logé une motion pour la radiation des charges contre son client. Celle-ci sera débattue le mardi 16 mai. Me Panglose avance que la SST, qui avait arrêté Me Valayden plus tôt, est déclarante dans cette affaire et qu'elle ne peut enquêter sur une affaire dans laquelle elle est elle-même déclarante.

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Selon Taslima Valayden, son mari est souffrant mais les policiers n'ont pas considéré son certificat médical. Elle raconte la descente des hommes de la SST à leur domicile. «De nombreuses personnes vivent cette situation de landing de la SST. Moi, j'ai connu cela ce matin. J'ai été surprise par la façon dont ils l'ont fait.»

Photographie

Rama Valayden a vu son médecin jeudi et celui-ci l'a mis au repos. «Ce matin, Rama était dans le salon et moi, je suis sortie pour déposer les enfants à l'école. L'équipe de la SST était là. J'ai déposé les enfants en quatrième vitesse et je suis revenue à la maison. Il y avait une quinzaine de policiers chez nous. Rama leur a montré son certificat médical mais ils n'ont pas considéré le document, disant qu'ils avaient reçu l'ordre de l'ASP Jagai de l'interpeller», dit-elle.

Après qu'un policier de la SST a photographié l'épouse de Rama Valayden, celle-ci lui a rendu la politesse. «J'ai posté la photo sur ma page Facebook et j'ai reçu l'ordre de retirer cette photo car autrement, c'est moi qu'ils auraient arrêtée. Mais Monsieur Jagai, je suis au bureau de Rama Valayden, venez, je vous y attends.»

Les personnes soutenant Me Valayden, notamment Dev Sunnasy, membre de Linion pep morisien où figure aussi l'avocat, demande à la population d'être solidaire avec celui-ci. Par ailleurs, Nando Bodha, leader du Rassemblement mauricien, était devant les Casernes centrales, hier. Il a déclaré qu'il était présent par solidarité envers l'avocat car il était lui aussi sur le plateau de la même émission radio que Rama Valayden.«Dans l'émission, où selon mes renseignements, certains propos de Rama Valayden ont causé son interpellation, il avait parlé de la drogue et avait expliqué avoir envoyé des lettres en ce sens au commissaire de police. Quel est le rôle de la SST ? Cette unité est-elle devenue un outil politique ? Qui sera la cible après Rama Valayden ? Est-ce les journalistes, qui ont animé cette émission ? Est-ce que l'on m'arrêtera aussi vu que j'étais sur le même plateau ?»

Lors de la conférence de presse du Parti travailliste, hier, Arvind Boolell a aussi fait une déclaration à la suite de l'arrestation de Rama Valayden. «Rama Valayden se bat pour la justice sociale et on l'arrête pour des raisons farfelues.»

Les mots qui ont fâché

Lors de l'émission Au coeur de l'information, diffusée sur les ondes du Défimedia.info, Me Valayden avait déclaré que le Premier ministre a en sa possession les noms de 47 policiers identifiés par la commission d'enquête sur la drogue, qui était présidée par l'ancien juge Paul Lam Shang Leen. Or, ces policiers n'auraient pas fait l'objet d'une enquête et se trouveraient dans la SST. «J'ai donné des noms de policiers qui se trouvent dans la SST et qui mènent grand train de vie, à savoir ceux qui sont capables d'aller assister à un match de football à Liverpool et ceux qui possèdent un appartement à Dubaï.» Lors de cette émission, l'avocat a aussi estimé que l'arrestation de Vimen Sabapati a été faite pour piéger les adversaires politiques. «J'ai envie de savoir si la drogue appartient bien à Vimen Sabapati car si c'est le cas, on aurait dû retrouver ses empreintes sur le colis. Je jette des balises pour son avocat comme nous l'avons fait dans l'affaire de Wayne Attock, d'Akil Bissessur, ainsi que d'Ashik Fulena.»

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