La première hôtesse de l'air noire au monde est décédée ce mardi 2023 aux Etats-Unis, on assiste au départ d'une fierté africaine.
Sous-côtée de son vivant, le monde n'était tout de même pas ignorant de qui était Léopoldine Emma Douala Bell Smith. C'est une femme particulière de par ses origines et l'histoire qu'elle s'est elle-même écrite. Une histoire admirable et inspirante.
Emma Bell est née en 1939 au Cameroun oriental, précisément dans la ville de Douala, au moment où le territoire était sous tutelle des Nations-Unies, administré par la France. Le titre de «Princesse» qui accompagne son nom, n'est simplement pas motivé par la courtoisie, mais s'explique par le sang royal qui coule dans ses veines. Princesse du Clan Bell dans l'ethnie Duala, elle est la petite fille du célèbre opposant à l'expropriation des Duala de leurs terres, Rudolph Douala Manga Bell. Tout comme ce dernier, la princesse Léopoldine va marquer l'histoire lorsqu'elle aura 20 ans, à la suite de ses études primaires et secondaires effectuées au Cameroun. En 1956, après l'obtention de son baccalauréat alors qu'elle est âgée de 17 ans, elle quitte le Cameroun pour s'aventurer dans le domaine où elle élèvera la race noire.
Elle s'est battue pour son rêve
La famille royale envisageait une carrière de médecin vétérinaire pour la princesse, c'est en tout cas ce qu'esperait son père. Mais cette ambition n'était pas partagée par la jeune femme à cette époque. C'est avec un courage colossal qu'elle va résister et faire accepter le métier qu'elle avait choisi d'exercer; hôtesse de l'air.
Recrutée par l'Union Aéromaritime de Transport grâce à laquelle elle se forme dans le domaine en 1956, elle va se retrouver en France pour une formation qui va durer trois ans. Son apprentissage se déroule au milieu de nombreuses femmes blanches, juste trois femmes noires y figurent y compris Léopoldine Bell. C'est au sortir de cette formation que la princesse Duala devient la première et la seule noire hôtesse de l'air certifiée, les deux autres n 'étant plus éligibles parce qu'étant tombées enceintes au cours de la formation.
La jeune dame de 20 ans prend service à la cabine d'Air Afrique, où elle sera peu après promue au poste de chef, et ce sera parti pour une dizaine années d 'aventure dans les airs, avant de passer à la retraite à l'âge de 30 ans. Elle se repose, après avoir fourni un travail de qualité au sein des avions, malgré le racisme dont elle était quotidiennement victime.
«Certains passagers ne voulaient même pas que je les approche ou que je touche leurs bagages», a-t-elle confié il y a quelques années en faisant allusion aux personnes de race blanche.
Elle est surtout une dame qui a valorisé sa race, son continent l'Afrique et son pays le Cameroun en particulier au niveau mondial. Elle a montré la voix à des milliers de femmes passionnées par le métier d'hôtesse de l'air.
Elle décède aux Etats-Unis d'Amérique ce mardi 9 mai 2023, le pays où elle vivait depuis plusieurs années avec sa famille et qui l'a honorée au 40e anniversaire des agents de bord noirs de l'Amérique.
