Des commerçants en Centrafrique se disent victimes de vols mais aussi de violences et d'enlèvements de la part des mercenaires du groupe paramilitaire russe.
Les activités économiques ont repris dans le centre commercial du PK5, à Bangui, la capitale centrafricaine. Certains commerçants avaient en effet fermé leur boutique pour protester contre le racket, mais aussi les violences et les enlèvements commis par des mercenaires russes du groupe Wagner.
"Ce n'est pas pour rien que les commerçants ont décidé de fermer boutique, raconte un commerçant du PK5. Depuis presque un mois nous subissons des bavures des éléments Wagner qui viennent la nuit kidnapper et torturer les gens. Le dernier acte qui nous a poussé à ne pas ouvrir c'est le cas de mon oncle qu'ils ont enlevé tard la nuit. Ils l'ont torturé. Aujourd'hui, il est entre la vie et la mort."
Dans plusieurs villes centrafricaines, les commerçants subissent des violences répétées de la part des mercenaires du groupe Wagner qui leur vole leurs marchandises au nom de l'effort de guerre. "C'en est trop, la nuit, les éléments de Wagner enlèvent des gens et partent avec sans que nous connaissions leur destination. On les torture, on en tue certains. C'est pourquoi nous avons trouvé cela anormal et décidé de fermer boutique pour exprimer notre ras-le-bol au gouvernement afin que justice soit faite et que cessent les assassinats extra-judiciaires."
Le gouvernement tente une médiation
Karl Blagué, coordonnateur national du G16, un groupe de la société civile qui s'oppose à un troisième mandat du président Faustin Archange Touadera, estime que "les mercenaires de Wagner n'ont pas bonne presse à cause de nombreuses exactions qu'ils ont eu à commettre sur les populations civiles. Le kilomètre 5 constitue l'un des poumons de l'économie centrafricaine. Ce genre de comportement risque de créer des troubles et des divisions intercommunautaires. Wagner reçoit 400 millions de francs CFA par semaine, pour son carburant et sa nourriture, alors qu'il y a des hôpitaux qui ne sont pas équipés. Ce n'est pas normal. Il faudrait que justice soit faite."
Face à cette situation, le gouvernement a dépêché en urgence une délégation ministérielle ainsi que le représentant du groupe Wagner pour discuter avec les commerçants.
La peur au ventre
Le représentant de Wagner en Centrafrique, Vitali Perfilev, a affirmé que ces enlèvements seraient liés à une opération de police et de gendarmerie.
A la suite de cette intervention, les commerçants ont accepté de rouvrir leurs magasins.
Le propriétaire d'une boutique du PK5 explique toutefois que lui et ses collègues ne sont pas convaincus par les explications du groupe Wagner. Ils auraient malgré tout décidé de rouvrir leurs magasins pour que les habitants du quartier ne souffrent plus de cette situation.
Mais celui-ci ne cache pas que la peur des enlèvements par les mercenaires russes est toujours présente.
La grève de ces commerçants est une première en Centrafrique où la population n'osait jusque-là pas manifester sa mauvaise humeur contre la présence des paramilitaires.