La période de quarantaine a été prolongée au 31 août 2023. Le conseil des ministres, qui a approuvé cette extension le 24 février dernier, n'a cependant jamais expliqué pourquoi ! Il n'y avait pourtant pas d'épidémie dans le pays le 24 février, n'est-ce pas ?
Du moins à l'officiel, puisque les portes du pays étaient grandes ouvertes aux touristes qui n'avaient plus besoin de montrer des preuves de vaccination ou d'un test Covid négatif. Dans le pays, on pouvait encore aller à l'école sans masque (pourvu qu'il n'y ait pas de pluie !), on pouvait se rassembler à plus de 1 000 personnes pour un mariage, un meeting ou un enterrement, si on le souhaitait, et on n'avait plus besoin d'être dans le bon tiers des lettres de l'alphabet pour aller faire ses courses...
Tout cela ressemblait vraiment beaucoup à une situation qui était normalisée et qui ne demandait plus le maintien des pouvoirs exceptionnels conférés au gouvernement par une situation de quarantaine. Même les cas récents identifiés par le ministre de la Santé depuis le 1er mars dernier, soit 33 cas de XBB 1.16, Arcturus et 185 admissions Covid à l'hôpital ENT de Vacoas, sont loin d'avoir ébranlé la sérénité du ministre Jagutpal, qui rassure d'ailleurs la population quant à la dangerosité des nouveaux variants, malgré quelques morts...
Alors qu'est-ce qui explique que le gouvernement prolonge la période de quarantaine ? Quelqu'un pourrait-il avoir l'amabilité d'expliquer ?
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On ne pourra pas tourner longtemps autour de ce pot-là ! Un taux de 98 % d'échecs dans un programme d'études, n'importe lequel ; 96,4 % si l'on en croit le MIE, comme si cela faisait toute la différence... Cela relève du délire, de l'aberration parfaite et ne peut faire plaisir à personne d'autre qu'à Ionesco !
N'est-ce pas tout bonnement stupéfiant qu'au bout de quatre années d'études, seuls 71 élèves sur 3 291 ont été reçus aux examens dudit Extended Programme Moving Ahead lancé en 2018 ? Oui, vous avez bien lu, la motivation principale était de faire ces élèves... move ahead ! À la place, ce seront les stigmates de la défaite et de l'échec ; le marécage, la gadoue, le défaitisme, voire la honte... Un terrible gâchis d'autant que ce programme scolaire sanctionné par l'examen du National Certificate of Education (NCE), abrite actuellement plus de 11 000 nouveaux élèves appelés à encore prendre cet examen cette année ou dans les trois prochaines années.
On a l'impression de visionner un dépotoir où l'on parque les rejets futurs de notre société, alors même que nous sommes à court de main-d'oeuvre qualifiée.
Quand un programme scolaire «produit» un tel taux de non-réussite, on ne peut pas se contenter d'un simple constat d'échec, aussi élégant soit-il. Madame la ministre déclare ainsi que «the results are not what we wanted» et qu'à propos de solutions, «we don't wish to rush into things». Certes ! Mais il est inconcevable qu'un ministère bourré d'experts et qui dépense Rs 18,3 milliards cette année, soit incapable de trouver l'étincelle qui manque à la majorité de ces élèves et qui, pire, ne voit rien venir pendant quatre ans (et pendant les années précédentes...) et n'a pas le discernement, l'intelligence ou... la volonté de trouver des solutions qui marchent pendant ce temps-là. Le rapport de la Banque mondiale de 2020 annonçait pourtant déjà le désastre...
À regarder ces chiffres de près, on a l'impression de visionner un dépotoir où l'on parque les rejets futurs de notre société, alors même que nous sommes à court de main-d'oeuvre qualifiée et alors que chaque échec du genre enfle, en plus, les possibilités de rupture sociale en aval. Ce gaspillage de ressources humaines est tout simplement criminel ! D'autant qu'il n'y aurait eu que 2 785 élèves au MITD en 2018-19, notre institution principale pour former aux métiers manuels dont le pays a grandement besoin ?
On peut noter que dans les programmes d'apprentissage en Europe, un enfant qui n'a pas les qualifications minima au départ (soit un niveau acceptable de IGCSE en mathématiques et en anglais/français pour pouvoir au moins déchiffrer les instructions accompagnant l'utilisation de produits et de machines modernes diverses) peut compléter son éducation fonctionnelle en parallèle de ses études vocationnelles. N'est-ce pas plus rationnel ? Est-ce que cela a été essayé ? Combien d'élèves peuvent d'ailleurs être accueillis par le MITD pour leurs cours ? N'avons-nous pas besoin de plus ? En passant, que ce serait-il passé avec cette cohorte, si le moving ahead avait plutôt obtenu un taux de 98 %... de succès ! Où les aurait-on canalisés ?
Des réponses claires et nettes pour arrêter cet énorme massacre sont attendues. Dans cette nation qui veut tant avancer, n'avonsnous pas le devoir de favoriser l'émergence de plus de techniciens qualifiés que d'enflés de camion !
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Au Parlement cette semaine, le ministre Lesjongard nous partage toute sa satisfaction du travail du CEB dans son conflit avec Terragen. On se souviendra que, devant le prix du charbon sur le marché mondial qui explosait à plus de 2 fois et demi le cours actuel de 169 dollars la tonne, Terragen avait déclaré force majeure et cessé sa production, sa matière première la menant à des pertes insupportables.
À la suite de cette rupture, le CEB aurait économisé Rs 548 millions, même si l'on ne connaît pas encore le détail derrière ce calcul. Bien ! Terragen n'aura, en fin de compte, «perdu» que Rs 88 millions en guise de pénalités pour rupture de contrat, soit bien moins que la perte à laquelle elle faisait face à l'origine. Excellent ! Le CEB a obtenu de ne pas modifier le contrat en faveur de Terragen et ce dernier a repris sa production ! Superbe ! Il y a vraiment de quoi pavoiser, d'autant que l'absence du gros producteur qu'est Terragen, l'été dernier, n'a pas mené aux black-outs que l'on pouvait craindre ! Woah ! L'opposition avait rationnellement eu raison de partager ses inquiétudes, mais le CEB aura cependant réussi le tour de force de parer au plus pressé...
Ce qui mène, tout de même, à des questions. Si le CEB a pu alimenter le pays sans Terragen pendant la saison la plus problématique, c.-à-d l'été, faut-il comprendre que nous avons des capacités sous-utilisées quand Terragen recommence à alimenter les réseaux ? Cette surcapacité, est-ce ce qui donne, par ailleurs, la flexibilité de remplacer les vieux générateurs du CEB par du «renouvelable» jusqu'en 2030 ?
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J'ai eu l'occasion de saluer les efforts récents d'embellissement, particulièrement de nature végétale, qui auront été programmés autour de certains des derniers travaux publics qui, autrement, devraient être catégorisés dans la colonne «100 % béton». Le noeud de raccordement, à Sorèze, de la route venant de Coromandel, en est un exemple. L'autopont de Phoenix / Sadally en est un autre. On voit déjà les bonnes intentions qui se précisent autour de l'autopont desservant le Quai D, au nord de Port-Louis. Avec un oeil aiguisé subséquent pour l'arrosage des plantes et leur prompt remplacement, si certains arrivaient à mourir, nous aurons, espérons-le, des bouquets de verdure et de fleurs à ces endroits très passants, qui pourront aider à réconcilier les citoyens à la nécessité du développement, associé au béton ?
À cet effet, certaines des zones se trouvant aux abords des gares du métro laissent grandement à désirer ! Un exemple parmi d'autres : alors que les rails de métro s'élancent vers le ciel à la sortie de la station du Caudan, ce que l'on retrouve dans les espaces situés sous la rampe sont des abominations constituées de ronces, de restes de chantier et même de boue en période de pluie. «NOT A PRETTY SIGHT!», auraient dit Morecambe & Wise. Y aurait-il quelque part, une bonne âme qui se sentirait responsable d'agrémenter l'image du pays ?
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Les arrestations intempestives (Chundunsing, Valayden) se poursuivent... et comme les chiens errants (ou les chiens dépecés...), les immondices que l'on retrouve un peu partout sur l'île, la productivité qui reste trop faible, les rivières polluées, les institutions «libres et indépendantes» qui ne le sont plus, le trou béant de la balance des paiements et les coups de boutoir réguliers des autorités contre les libertés et la démocratie ; elles font tache, n'honorent pas le pays et n'aident pas à établir le profil le plus favorable auquel l'on pourrait prétendre. C'est vrai que c'est un grand succès pour Maurice d'avoir repris notre souveraineté sur les Chagos et d'avoir étendu notre zone de contrôle maritime face aux Maldives. Ça fait, en effet, plutôt viril que de faire étalage d'une zone économique exclusive de 2,4 millions de km2 versus les 0,002040 millions de km2 où la plupart de nos citoyens confrontent la hausse des prix ! Mais pourquoi autant entacher cela avec des gestes et des initiatives avilissantes ou étroites d'esprit ?