La récente dégradation de la situation sécuritaire dans la province du Nord-Kivu a eu un impact considérable sur le quotidien des élèves. Selon les derniers chiffres de l'Unicef, environ 267 000 enfants en âge de scolarisation, logés aujourd'hui dans les sites de déplacés, les centres collectifs et les familles d'accueil dans le Nyiragongo, Rutshuru, Masisi et Goma, ont besoin d'assistance scolaire d'urgence. Ces enfants risquent de perdre toute leur année scolaire. Reportage à Bulengo dans la périphérie de Goma.
Emmanuel a 13 ans. Depuis le début de l'année scolaire, son quotidien est bouleversé par cet exode forcé. Son école a été détruite et il ne sait pas où se trouvent certains de ses camarades. Depuis trois mois, il vit dans le camp de Bulengo.
« Même les bâches au-dessus de nos têtes ne tiennent plus. Elles suintent de partout et nous tombons malade. On meurt de faim. On n'a rien à se mettre sous la dent. Et on ne peut même pas aller à l'école ».
Immaculée est institutrice. Elle aussi a fui l'avancée des rebelles et s'est réfugiée dans ce camp. Elle se sent impuissante face à tous ces enfants privés d'école. « Notre travail, c'est l'enseignement. Tout ce que nous demandons, c'est qu'on nous donne les moyens d'encadrer nos enfants. Le Congo de demain aura besoin d'avoir des directeurs, des préfets et d'autres dirigeants qualifiés. D'où est-ce qu'ils viendront ».
Immaculée et tous les autres enseignants déplacés qui se trouvent dans ce camp proposent de s'occuper de ces enfants. Ils ont même adressé leur proposition aux agences des Nations unies et aux humanitaires. Bruno Lemarquis est représentant spécial adjoint du secrétaire général des Nations unies. « Il y a vraiment toute l'expertise. La capacité est là. Ils ne demandent pas la construction des écoles. Ils demandent juste des bâches pour qu'ils se remettent au travail avec les enfants ».
À cause des violences, l'éducation d'environ 750 000 enfants a été perturbée dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri, selon les estimations de l'Unicef. Entre janvier 2022 et mars 2023, au moins 2 100 écoles de ces deux provinces ont été contraintes de cesser leurs activités.