Lutter contre la corruption pour mieux protéger l'environnement. Exemple au Cameroun où l'organisation Foder a mené une étude sur le Parc national de la Bénoué. Situé dans la région Nord, cette réserve de biosphère reconnue par l'Unesco abrite de nombreuses espèces notamment animales. Pour préserver cette richesse nationale, l'ONG Foder a fait pour la première fois une estimation du degré de corruption dans les transactions foncières et la gestion des ressources naturelles à l'intérieur et aux abords du parc.
La corruption étant par définition une pratique non assumée, c'est la perception de l'intensité de cette corruption que l'ONG Foder (Forêts et Développement Rural) a mesuré. En se penchant par exemple sur comment se négocient des droits de pâturage, de pêche, d'orpaillage ou de labour dans des zones interdites, censées être protégées.
« Ces personnes, en contrepartie, pour mener leurs activités sans être dérangées, 68 % d'entre elles disent donner l'argent, 21% disent donner plutôt du matériel, et d'autres, 10 % pratiquement, offrent des services », explique Justin Kamga, coordonnateur de l'organisation Foder.
Pour faire cette évaluation, l'ONG a interrogé plus de 130 personnes : d'un côté des fonctionnaires des ministères concernés, de l'autre les communautés locales. La méthodologie utilisée est celle reconnue et validée par la Conac, la Commission nationale anti-corruption et utilisée par Transparency International.
Résultat : une note de 6,3 sur 10 soit la perception d'une corruption « moyenne » autour du Parc national de la Bénoué. Une corruption qui aurait brassé 100 millions de francs CFA l'an passé, selon l'estimation faite par Foder.
Cette étude, la première du genre pour le paysage du parc sert à présent de base pour mener des actions de sensibilisation auprès des agents et des organisations locales. Et dans un an, une nouvelle mesure est prévue pour évaluer l'évolution des pratiques et mieux protéger les ressources du Parc de la Bénoué.