Du 11 au 31 mai 2023, 29 galeries et centres d'art de Paris et d'Ile-de-France proposent de découvrir l'art contemporain africain à travers le parcours artistique Traversées Africaines. Parmi les artistes exposés, le Togolais Clay Apenouvon, plasticien qui revendique une filiation avec le Français Pierre Soulages ou encore le Bulgare Christo. Son travail à partir de film plastique noir lui vaut une reconnaissance internationale. Rencontre.

« Mon atelier est un laboratoire », souligne Clay Apenouvon. Le Togolais est un artiste plasticien, au sens premier du terme. Il travaille à partir de LMP, ce film plastique étirable que l'on retrouve dans l'emballage industriel.

« Étant donné que cette matière s'appelle "le film noir étirable", la première question que je me suis posée était de savoir si je pouvais l'étirer de la réalité à l'imaginaire », explique-t-il.

Ce film noir dont il enrobe ses personnages, qu'il tresse, qu'il compresse, qu'il étire et qu'il pare de fils dorés symbolise à ses yeux notre ère industrielle. « Un jour, j'ai fait le choix catégorique de passer de l'autre côté, pour poser des matériaux qui ne sont pas faits pour faire de l'art, raconte Clay Apenouvon. Il y a 50 ans, les matériaux que nous avons aujourd'hui n'existaient pas. Aujourd'hui, il faut que je l'implique dans mon travail. Car si ces matériaux existaient avant, les artistes les auraient utilisés ».

Ce plastique noir, tiré lui-même de l'or noir, le pétrole, fonctionne comme une allégorie de l'homme africain. Brutalisé, malaxé, transformé. « Pour moi, "film noir", quand je ferme les yeux, je vois le génocide noir, je vois la violence que les noirs subissent partout, affirme l'artiste. Que ce soit sur le continent ou en Occident ».

Un message politique que renforce encore la beauté artistique des oeuvres de Clay Apenouvon. « La colère est là. Et la beauté est là... », conclut-il.

Les oeuvres de Clay Apenouvon sont à découvrir à Paris à la galerie « 110 Honoré » et sur le site web de l'artiste : clayapenouvon.com.