Ile Maurice: Organisation de concerts - Un secteur fragilisé

Nouvelle annulation au Café du Vieux-Conseil. Après Maytal, concert de rock réduit au silence le samedi 6 mai, le vendredi 12 mai, c'est AnneGa qui n'y a pas concrétisé l'étape portlouisienne de son Island Tour 2023. Deux organisateurs de spectacles parlent d'une activité en détresse.

Bad vibes au temple du rock. Pourtant, le Café du Vieux-Conseil vient de reprendre son souffle. Repris par Jimmy Veerapin et Pamela Catherine de Culture Events Productions depuis août 2022. Avec une rénovation et la volonté de redonner vie à un lieu culturel situé en face du théâtre de Port-Louis, fermé pour rénovation depuis 2008. Ce qui fera 15 ans, le mois prochain.

Après l'annulation du concert Maytal au Café du Vieux-Conseil le samedi 6 mai, le vendredi 12 mai, c'est la chanteuse AnneGa qui n'a pas donné là-bas, le concert prévu dans le cadre de son Island Tour 2023.

«It pains me to tell you that the show of tomorrow at Café du Vieux Conseil has had to be cancelled due to unforeseen circumstances completely out of our control», a écrit la chanteuse sur sa page Facebook.

Quelles sont ces circonstances imprévues ? Son producteur, Cédric Cartier, de Kabann Entertainment, n'a répondu ni à nos appels, ni à nos messages. Ces annulations sontelles le symptôme d'un plus grand mal dont souffrent les organisateurs de concerts ? Deux d'entre eux livrent un diagnostic alarmant.

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Gérard Louis, artiste-producteur et président de la MASA

Un organisateur de spectacles doit obtenir plusieurs permis : services sanitaires, pompiers, Mauritius Society of Authors (MASA), la police. À la MASA, l'organisateur doit déclarer les titres qui seront interprétés durant le concert. L'utilisation payante de la musique devient royalties pour les artistes. Si un artiste chante ses propres chansons, doit-il payer la MASA ?

Gérard Louis précise : «Même quand un artiste chante sa chanson, le compositeur, l'éditeur ou l'arrangeur de cette chanson, c'est peut-être quelqu'un d'autre, à qui l'on doit aussi des droits d'auteur.» Il déplore : «'Telman éna rod pas simé koupé, bann santé kinn déklaré-la, pa sa ki santé dan konser.' Après des artistes se plaignent de ne pas toucher assez de droits d'auteur.» De 2008 à 2020, déclarer les titres d'un concert à la MASA coûtait 7,5 % de la recette de la billetterie.

Les tarifs gradués en vigueur depuis 2020 sont calculés sur le nombre de places. Une série de concerts en plein air a été suivie de plaintes pour tapage nocturne. «Pour le moment, je n'organise pas de concerts hors des salles», concède Gérard Louis. Cela, suite à l'expérience malheureuse de Dimanche Loisir à Bo'Vallon Mall. Il déplore que «la police tarde à donner son feu vert.

Deux semaines, parfois deux jours avant le concert, la police peut refuser l'autorisation. On n'a pas encore compris tout ce que l'organisation d'un concert implique». Gérard Louis estime aussi que les objections de la police, «sont parfois farfelues». Résultat : en salle, les billets sont plus chers, pour couvrir les frais.

Raviraj Beechook: «Organiser des concerts n'est plus viable»

Il a organisé les spectacles de Jamel Debbouze et de Kev Adams en 2019. Avec Inbox Communications, Raviraj Beechook a aussi proposé des shows de Sonu Nigam, Neha Kakkar et Kailash Kher. Aujourd'hui, il dit sans détour : l'organisation de spectacles «n'est plus viable». Il sépare les organisateurs qui sont régulièrement sur le marché, qui ont construit un réseau de clients, des organisateurs ponctuels.

«Ceux qui sont plus attirés par les strass et paillettes, pensant qu'une soirée avec 5 000 à 6 000 personnes permet de brasser des millions. Quand cela ne marche pas, c'est à la fois à cause de leur gourmandise, de leur manque d'expérience, de leur absence d'éthique vis-à-vis des clients. 'Sé bann ki gat travay'.»

Le secteur a été «anéanti» par l'interdiction de vendre des boissons alcoolisées. Un coup de massue de plus après l'interdiction de faire de la publicité pour des boissons alcoolisées. «Le secteur peine à survivre. La billetterie seule ne suffit pas à rentabiliser un concert, surtout ceux d'artistes internationaux.»

Raviraj Beechook plaide pour que «l'on arrête de diaboliser les concerts, surtout en plein air. Ce ne sont pas des beuveries. Nous sommes en plus dans un pays où il n'y a qu'un ou deux événements par mois».

Autre fardeau : l'augmentation des coûts et la hausse du taux de change. Billets d'avion, cachets des artistes, fret, autant de frais qui pèsent très lourd. Conséquence, observe Raviraj Beechook, la fréquence des spectacles d'artistes étrangers s'est ralentie. «On a surtout des seconds couteaux.» Souvent parce que leur tournée passe par La Réunion, ce qui aide à amortir les frais.

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