Kahone (Kaolack) — Le gamou (retrouvailles en sereer) traditionnel du Saloum se tiendra vendredi et samedi prochains, dans la commune de Kahone (Kaolack, centre), a appris l'APS des organisateurs, lundi.
L'édition 2023 de cette manifestation religieuse est axée sur le thème : « L'histoire traditionnelle du Saloum : les origines des Ndao du Saloum et comment ont-ils intégré le royaume du Saloum ? »
Cette manifestation religieuse a été initiée en 1520 par le troisième Buur Saloum (Roi du Saloum, en wolof), Latmingué Diélèn Ndiaye.
Ce roi, qui régna pendant 23 ans, de 1520 à 1543, fut le premier à l'organiser, a rappelé Mame Sémou Diouf, coordonnateur de « Pencum Saloum », une association qui regroupe les dignitaires, chefs de province et princes de l'ancien royaume du Saloum.
« Mbégan Ndour, premier Buur Saloum et son successeur, Guiranokhap Ndong, n'ont jamais organisé ce gamou. C'est Latmingué Diélèn Ndiaye qui en est l'initiateur », a-t-il précisé dans un entretien exclusif avec l'APS. Le terme « gamou » en sereer signifie « retrouvailles » ou « revisiter l'histoire », a-t-il indiqué.
Plusieurs activités sont prévues durant les quarante-huit heures que va durer cet évènement culturel.
Des consultations médicales gratuites seront organisées au profit des populations, particulièrement de celles qui sont défavorisées. Il est aussi prévu un don de sang pour approvisionner les structures sanitaires de la région de Kaolack, une zone réputée accidentogène.
Le programme prévoit également des visites de sites historiques avec la participation des élèves de certains établissements scolaires. Il a rappelé la place qu'occupe »gouye ndiouly » (baobab des circoncis, en wolof) dans l'histoire, la culture et la tradition du Saloum, soulignant que c'est sous cet arbre que l'on initiait les jeunes princes.
D'ailleurs, soutient Mame Sémou Diouf, tous les rois du Saloum qui se sont succédé au trône ont été intronisés autour de ce grand arbre mythique.
« Aujourd'hui, nous constatons que nos valeurs traditionnelles commencent à s'effriter et la jeune génération ne comprend pas le sens de cet évènement ni la valeur de l'éducation et le rôle que jouaient nos ancêtres dans l'histoire traditionnelle du Saloum », a fait valoir Mame Sémou Diouf, pour justifier la pertinence d'un tel évènement.
Le coordonnateur de « Pencum Saloum » a magnifié l'appui du chef de l'Etat, Macky Sall. Il a aussi loué ceux des ministères de la Culture et de l'Education pour accompagner l'organisation de ce gamou, qui a été classé « patrimoine immatériel de l'humanité ».