Afrique: Déclic ou réplique de la politique africaine turque

Recep Tayyip Erdogan

Comme la Chine, au début de son ascension économique, dans les années 2000, la Turquie a aussi fait de l'Afrique une zone pivot dans sa volonté d'affirmation de puissance. Cette ambition porte l'empreinte d'un homme, Recep Tayyip Erdogan, qui, pendant deux décennies, est au coeur de la sphère décisionnelle en Turquie, d'abord comme Premier ministre, ensuite comme Président de la République. Au-delà de se positionner comme un leader du monde musulman en quête de voix fortes sur la scène internationale, le Président turc a ainsi essayé de tracer sa voie en Afrique sur le plan économique, politique, militaire, culturel et éducationnel.

Remontant à la toute puissante domination de l'Empire ottoman dont la Turquie est une fière héritière, les relations turco-africaines se sont réchauffées ces dernières années, pour être ainsi, comme celles avec la Chine, une pierre angulaire de la politique de partenariat du continent africain. Pareil avec le discours des partenaires de l'Afrique qui ont usé d'éléments de langage comme « vision gagnant-gagnant », « respect mutuel », la Turquie s'est positionnée, tel un allié idéal des pays africains désireux de se doter d'infrastructures de grande envergure.

Dans beaucoup de pays comme le Sénégal, l'image de bâtisseur d'Ankara s'est confortée pour après prendre d'autres couleurs sur le plan de l'éducation et de la culture. Le succès du modèle des écoles turques s'était ainsi répandu sur le continent avant que le conflit entre Erdogan et Fethullah Gulen ne vienne le compromettre.

Sur le plan culturel aussi, les séries télévisées turques avaient commencé à prendre une place de choix et un poids dans le petit écran en Afrique. Tout cela a été aussi accompagné d'un déploiement militaire dans plusieurs théâtres d'opération sécuritaire, de la Libye à la Somalie. De même que l'attrait des équipements militaires turcs dont les drones Bayraktar qui, en plus d'être rendus célèbres par la crise russo-ukrainienne, sont utilisés en Afrique dans la lutte contre le terrorisme.

Le pays se dirigeant vers un second tour après le scrutin de dimanche, c'est l'avenir et le devenir de cette relation turco-africaine qui se jouent. Considérée comme une élection à haut risque par la presse occidentale, pour le Président sortant, Recep Tayyip Erdogan, elle peut constituer un déclic pour la politique extérieure turque pour laquelle l'Afrique joue un rôle important. Cette politique extérieure sera-t-elle une réplique de celle pratiquée jusqu'ici en cas de perte du pouvoir de la clique de l'Akp, le parti de Recep Tayyip Erdogan, ou encore une continuité ?

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