Sale temps pour les leaders de la société civile et les activistes au Burkina Faso. Quand ils ne sont pas enrôlés de force dans les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et amenés au front, ils sont traqués par les Officiers de police judiciaire (OPJ). Certains ont même fini par prendre la poudre d'escampette pour se mettre à l'abri sous d'autres cieux.
Le métier, pourrait-on dire, pour paraphraser l'homme de la rue, est devenu risqué. La conséquence de ce passage dans une zone de fortes turbulences pour les activistes des Organisations de la société civile (OSC), est que l'atmosphère sociopolitique qui était fortement polluée par des conférences de presse et des déclarations dans les médias, connait une certaine accalmie. La question que l'on peut se poser est la suivante : que vaut aux activistes cette sorte de chasse aux sorcières ?
Si, pour le gouvernement et ses soutiens, certains leaders d'OSC seraient à la solde d'une conjuration internationale en vue de déstabiliser la transition en cours au Burkina Faso, il en va autrement pour d'autres qui pensent le contraire.
Pour ces derniers, ces arrestations sont le signe d'une frilosité de la part du gouvernement qui supporte de moins en moins les critiques. Il ne s'agit donc ni plus ni moins que d'une remise en cause des libertés démocratiques chèrement acquises par le peuple burkinabè.
Sans prendre parti pour l'un ou l'autre camp, l'on peut dire que les OSC paient aujourd'hui pour leur immixtion dans l'arène politique. Instrumentalisées en sous-main par des officines politiques, elles ont contribué à la déstabilisation des différents régimes qui se sont succédé au Burkina Faso depuis Blaise Compaoré.
Il importe que les Burkinabè prennent conscience de la délicatesse de la situation nationale
Elles sont aussi entrées dans le collimateur du pouvoir de la Transition qui surveille toutes leurs activités comme du lait sur le feu. Et le pire, il n'y a plus personne pour les plaindre aujourd'hui en raison du fait que bien de ces OSC ont parfois été grassement payées par les pouvoirs politiques pour leurs basses manoeuvres. Mais faut-il pour autant les laisser à leur triste sort ?
L'on peut, sans ambage aucun, répondre à la question par la négative. Car, les OSC ont été de toutes les luttes pour les libertés démocratiques et pour l'amélioration des conditions de vie des Burkinabè.
C'est donc un outil de conscientisation des masses qu'il faut préserver à tout prix, même s'il est important de faire un cadrage pour qu'il soit plus en phase avec sa vocation première qui est de servir de contre-pouvoir au politique.
Et c'est dans ce sens que la Justice, dans ce dossier d'arrestations tous azimuts, doit instruire à charge et à décharge pour faire toute la lumière sur les faits qui sont reprochés aux prévenus et dire la loi, conformément aux intérêts de la Nation.
En attendant donc que le droit soit dit, il importe que les Burkinabè prennent conscience de la délicatesse de la situation nationale et mettent leurs appétits politiques sous le boisseau ; le temps que le pays sorte un peu la tête de l'eau. Car, si le virage est mal négocié, les libertés que l'on estime non négociables, pourraient prendre un sérieux coup.