Ile Maurice: Carers - La jungle des tarifs exorbitants

Ce lundi 15 mai, c'est la Journée internationale des familles. Un segment important de cette institution demeure les aïeux. Alors que ces derniers sont de moins en moins pris en charge par leurs proches, les gardes-malades et «carers» sont davantage sollicités. Mais leur note s'avère salée. Aucun contrôle n'est exercé, ce qui donne lieu à toutes sortes de tarifs. Tour d'horizon.

«Rien que pour donner le bain à ma maman de 86 ans, alitée, je payais Rs 600 par jour à une carer. À ce prix-là, je retenais ses services deux fois par semaine», confie Jacqueline, 52 ans. Et si la carer habite loin du patient, les frais de transport renchérissent la facture. Un service au coût mirobolant, déclare Jenna, 42 ans, en quête d'une gardemalade pour son frère handicapé.

Selon elle, les carers sollicités réclament entre Rs 800 et Rs 1 500, à des horaires fixes (de 18 heures à 6 heures le lendemain) pour tenir compagnie et dormir. Pour donner le bain ou à manger au malade, des surplus s'imposent. «Je me suis tournée vers une agence, pensant qu'au mois, j'aurai un forfait. J'ai halluciné. Entre Rs 35 000 et Rs 45 000 pour le jour par mois, excluant le transport et les frais en week-end ou jours fériés. Vous imaginez les tarifs de nuit ?» lâche-t-elle, dépitée.

Comme elle, Hannah est passée par plusieurs chocs en sollicitant ce service pour son père atteint d'Alzheimer. Dans une institution charitable, les soeurs lui réclament Rs 40 000 au minimum pour cette prise en charge. «Je ne percevais même pas un tel salaire. Comment payer ce montant ?» déplore-t-elle. Pire, du côté des carers individuelles : en sus de leurs salaires, elles exigent l'achat de leurs céréales, aliments et boissons pour pouvoir travailler. En maison de retraite, elle est confrontée à une longue liste d'attente, des frais hors budget ou le délabrement. «Aussitôt arrivé, mon père allait mourir là-bas. La prise en charge des séniors est une cruelle réalité», affirme-t-elle.

Pourquoi ces frais de service se font-ils au petit bonheur ? «Vous croyez que c'est facile de s'occuper des vieilles personnes ? Nous devons être payés en conséquence. C'est un métier exigeant», répond Emilia, une carer. Pour Janick Vythilingum, directrice de l'Angels Home Health Care, une aide-soignante à domicile favorise le maintien à domicile des personnes en perte d'autonomie et l'assistance dans des activités quotidiennes comme le bain médical, l'hygiène, la réfection des lits, la distribution des repas, le déplacement et la prise des médicaments. D'autant que ces patients peuvent être sujets à des escarres s'ils sont alités. «Une aide-soignante est responsable du bien-être et de la sécurité des patients. Elle a aussi un rôle d'alerte en cas d'aggravation de leur état médical», explique-t-elle.

Quid des prix ? «Différents types de services sont offerts. Nous finaliserons les prix, qui varient entre Rs 1 000 et Rs 2 800 par jour. Si les patients exigent une aidesoignante la nuit, le dimanche, etc., les prix seront plus chers. Même s'ils sont un peu coûteux, je vous assure que nos services sont au top», dit-elle.

N'y a-t-il pas un contrôle ? Au ministère du Travail, on fait ressortir que ce secteur d'activité est actuellement en forte demande, mais que les conditions diffèrent au cas par cas. «Les tarifs fluctuent en fonction des prestations et répondent à l'offre et la demande. De ce fait, le ministère ne peut avoir un droit de regard sur les conditions ou tarifs demandés par ces carers. La loi indique seulement le taux minimum à payer», indique notre interlocuteur.

Justement, les Domestic Workers Regulations prévoient un salaire de Rs 10 875 à un(e) garde-malade ou Rs 34,86 par heure depuis le 1er juillet 2022. Et dès le 1er juillet 2023, la projection est de Rs 11 175 pour le salaire et de Rs 35,82 par heure. Mais, dans la pratique, les prix vont au-delà de ces montants minimaux. Face au vieillissement de la population, qui ajoute de l'eau au moulin, les tarifs risquent hélas de flamber davantage.

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