Prévu pour se tenir en mars dernier, le référendum constitutionnel au Mali, aura finalement lieu le 18 juin prochain. Ainsi en a décidé le gouvernement de la transition. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Rien n'est moins sûr. Mais une chose est certaine : le contenu du texte fait jaser.
La première opposition et pas des moindres, vient de la communauté musulmane qui est vent debout contre la laïcité de l'Etat. Cette entité préfère plutôt un Etat multiconfessionnel. C'est dire si le processus référendaire a déjà pris du plomb dans l'aile. On est d'autant plus porté à le penser que la communauté musulmane ne compte pas pour du beurre au Mali. Elle représente près de 90% de la population. Et ce n'est pas tout.
En plus de cette communauté, une partie de l'opposition et de la société civile, rejette également le nouveau projet constitutionnel, au motif que s'il est voté en état, il donnera au futur président, les pleins pouvoirs. En plus, il donnera la possibilité à l'actuel président, le colonel Assimi Goïta, de briguer la magistrature suprême au terme de la transition. Quelle chance le oui a-t-il donc de l'emporter si la communauté musulmane et l'opposition se coalisent comme cela se profile à l'horizon ?
En tous les cas, les Maliens doivent se regarder dans la glace. Il ne faut pas lâcher la proie pour l'ombre. La situation sécuritaire que vit le Mali depuis maintenant une décennie, doit constituer la priorité des priorités et non la forme que doit revêtir l'Etat. Du reste, le président Assimi Goïta prendra-t-il le risque de changer la forme de l'Etat alors que tous ses prédécesseurs s'y étaient opposés ? Car, il faut bien le rappeler, le projet que défend la communauté musulmane du Mali, ne date pas d'aujourd'hui.
Il est temps que les Maliens mettent fin à leurs chamailleries
Toutefois, le locataire du palais de Koulouba aurait tort de minimiser cette soif de changement d'une communauté dont les leaders ont une grande capacité de mobilisation. Le risque de voir le texte rejeter au vote, est bien réel. Or, s'il venait à l'être, cela aurait à coup sûr de lourdes conséquences pour le Mali.
D'autant que cela contribuerait à diviser davantage les Maliens au moment où ils ont le plus besoin d'unité et de cohésion. A cela s'ajoute qu'un tel scénario conduirait au non- respect du calendrier électoral avec pour conséquence immédiate, la prolongation de la transition.
Or, le retour à l'ordre constitutionnel normal dans les délais, est non seulement une exigence de la classe politique malienne, mais aussi et surtout de la communauté internationale, en l'occurrence la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui n'hésiterait pas, en cas de faux bond, à brandir le bâton comme elle l'avait déjà fait.
C'est dire si les Maliens gagneraient à accorder leurs violons afin d'éviter l'épée de Damoclès qui plane déjà sur leur tête. Il ne faut pas se voiler la face, les fragiles épaules du Mali ne pourraient pas supporter dans la durée, d'éventuelles sanctions de l'instance ouest-africaine.
Le nouveau projet constitutionnel n'est certes pas le meilleur du monde, mais il constitue un pas de plus sur le chemin du retour à l'ordre constitutionnel. Même si le oui venait à l'emporter, la nouvelle Constitution resterait perfectible. En tout cas, il est temps que les Maliens mettent fin à leurs chamailleries. Car, ce qui importe le plus, c'est la survie de leur Nation.