Les invectives, attaques crypto personnelles et déballages entre membres de l'opposition ont commencé alors que l'échéance électorale arrive à date échue. Ceux qui sont supposés unir leurs forces contre une 3ème candidature «illégale et illégitime» (sic) de l'actuel Président, Macky Sall, sont ceux-là même qui, à la faveur de l'appel au dialogue de M. Sall, sont en train de tenir aux populations des discours béotiens, aux antipodes de ce dont on attend des hommes et femmes politiques qui ambitionnent de présider aux destinées de notre pays. Ce faisant, ils apparaissent comme de véritables bélîtres, incapables de faire preuve d'équanimité et d'abstraction.
C'est dire que le champ politique est devenu, pour ceux qui en doutent encore, un cimetière pour la pensée et un espace où se déploie l'arrogance de la nullité.
«Focus 2024», disent-ils. Mais comment faire focus sur l'essentiel lorsqu'on est plus enclin à se taper en dessous de la ceinture et à se vouer mutuellement aux gémonies ? Ceux qui veulent aller au dialogue sont libres d'y aller. Cela ne signifie point, a priori du moins, qu'ils s'y rendent pour vendre leur âme au diable. Et de toute façon, les Sénégalais sauront, à l'issue de cette rencontre, qui y a posé quel acte, dit, ou fait quoi. Sur ce, il y aura un tri à faire entre l'ivraie et la bonne graine. Même s'il arrive parfois que triomphent les imposteurs, les truqueurs, les arnaqueurs et les imbéciles.
Pour les néo politiciens, il leur faut savoir que débuter dans la politique par des billevesées est la pire des choses qui signe automatiquement votre «mort». Les populations ont assez souffert de mensonges et ont besoin d'hommes et de femmes, éthiquement et moralement capables de porter leur rêve : celui d'un Sénégal juste. Ils ont besoin d'hommes et de femmes pour cheminer ensemble vers plus de libertés et plus de paix. D'hommes et de femmes soucieux de la recherche de connaissances et de l'amour des existences.
Le Sénégal, et il n'est sans doute par exagéré de parler ainsi, est devenu un pays chaotique. S'extirper de ce chaos, tel doit être le projet. C'est une urgence qui s'impose avec une force suraiguë. Parce que la machine à décerveler tourne à plein régime et à un rythme affolant, déversant en flux continu les provocations, émotions et fausses informations.
Faudrait-il, sous ce rapport, ramener nos hommes politiques sur les bancs de l'enseignement de la philosophie, de la morale ou de la théologie. Si bien sûr cela est suffisant pour constituer un antidote aux tristesses des campagnes électorales, aux langues de bois, aux mensonges, à l'instrumentalisation de l'humain et au cynisme des manipulations.
Mais ça, c'est tout un programme !