La question est sur toutes les lèvres, dans la partie sud du pays. La faction rebelle de Diakaye a depuis longtemps affiché sa volonté de cheminer avec la paix, dans un contexte d'une dynamique de cette paix. Fatoma Coly et ses hommes avaient-ils compris que le processus de paix était devenu irréversible ? La posture du chef rebelle l'illustre, depuis son engagement vers cette dynamique en lançant d'abord cette initiative dénommée IRAPA, I'lnitiative pour la Réunification des Ailes politiques et Armées du MFDC. Une structure révélatrice de leur volonté et de l'engagement à cheminer vers cette paix.
Même si elle n'a pas fait l'unanimité au sein du mouvement irrédentiste de Casamance, elle a eu tout de même le mérite de focaliser et cristalliser les attentions pour une certaine franche du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC). La signature d'accords de paix est venue matérialiser cette volonté de cette faction de tourner une page sombre de ce conflit. Des échanges avec les plus hautes autorités (même discrètement), des rencontres de sensibilisation, le tout pour démontrer l'engagement vers la paix en Casamance.
Mais Fatoma et ses hommes avaient-ils vraiment le choix ? S'interrogent certains observateurs qui trouvent que l'intensité des opérations de sécurisation enclenchées, d'abord dans le Sud de la région sur l'axe sud et ensuite dans l'arrondissement de Niassya, ne laissait guère de chance aux rebelles. La plupart des bastions rebelles anéantis par l'Armée, le MFDC avait perdu du terrain. Si le mouvement n'a pas perdu le Nord, il n'en était pas loin, surtout après les opérations de ratissage menées par la grande muette dans le Nord Sindian.
Les rebelles délogés de leurs sanctuaires, que restait-il vraiment de ce mouvement déboussolé et complètement affecté par ses opérations ? Pouvaient-ils, ces rebelles (de Diakaye), se permettre de persister dans cette lutte ? Des questions sans doute bien analysées par la faction de Diakaye, qui s'est lancée dans une nouvelle dynamique de paix. N'avaient-ils pas déposé, d'ailleurs depuis, leurs armes, ces combattants de Diakaye, s'interroge-t-on aussi ?
Aujourd'hui, ces combattants de Diakaye qui ont décidé de déposer leurs armes anticipent déjà une situation qui risque de rattraper, plus tard, leurs camarades encore réfractaires qui n'ont, sans doute, pas encore appréhendé cette réflexion de Robert Sabatier qui disait ceci : «La paix est un chant, la guerre un long hurlement parmi des cris». En signant, avec l'Etat du Sénégal, ces accords de paix, matérialisés par le dépôt des armes, la faction de Diakaye lance un message fort aux autres factions rebelles du MFDC qui poursuivent la lutte, hors de leurs bases détruites.