Depuis 2020, c'est un exercice auquel le chef de l'Etat se prête. Chaque année, conformément à la Constitution, il s'adresse devant les deux chambres du Parlement, à savoir l'Assemblée nationale et le Sénat. Mardi, le président de la République a sacrifié à cette tradition. Cette fois-ci, à Abidjan, à l'auditorium du Sofitel hôtel Ivoire, et non dans la capitale politique, à Yamoussoukro, pour cause de travaux. Devant donc les députés et les sénateurs, le chef de l'exécutif ivoirien a fait le point de l'état de la Nation.
Une intervention articulée autour de trois axes principaux : les acquis, son engagement fort pour les jeunes et les perspectives. De son speech, dense et riche, on tire deux enseignements forts. Le premier, c'est que la Côte d'Ivoire est debout avec des clignotants qui sont au vert. La paix et la stabilité sont de retour depuis un peu plus de deux décennies.
La cohésion sociale a été renforcée, au prix de nombreux efforts : grâce présidentielle pour Laurent Gbagbo, retour de nombreux exilés dont des pontes de l'ancien régime frontiste, ordonnance puis loi d'amnistie pour 800 ex-prisonniers condamnés ou poursuivis pour des infractions en lien avec la crise postélectorale de 2010-2021, indemnisation des victimes, trêve sociale avec les syndicats de la Fonction publique etc.
De même, le climat politique a été beaucoup apaisé grâce au dialogue et ses recommandations. Les Ivoiriens vivent désormais tranquillement sur toute l'étendue du territoire, et en bonne intelligence. D'ailleurs, le chef de l'Etat entend consolider davantage la paix et la cohésion sociale, en maintenant ce cap. La Côte d'Ivoire est si en paix, qu'elle se bat, aux côtés de tous les pays de la Cedeao et de l'Union Africaine, pour le retour de la quiétude et de la stabilité au Sahel.
La sécurité est également assurée, en dépit de la menace à l'extrême nord et est du pays. Et si la Côte d'Ivoire en est arrivée-là, c'est tout simplement parce que des actions fortes ont été posées, avec un accent particulier sur l'équipement, la formation technique et disciplinaire des Forces de Défense et de Sécurité. Sans oublier l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail de manière significative, comme l'a si bien relevé Alassane Ouattara. Résultat : le banditisme et la délinquance ont considérablement baissé au bien dans les grandes villes du pays que les zones rurales.
L'indice de sécurité du pays (1,1) tutoie celui des Nations développées. Autre signe que la Côte d'Ivoire tient fièrement sur ses jambes - elle qui était dans un état comateux dix ans plutôt - c'est la construction de nombreuses infrastructures de base : écoles, universités, centres de santé, routes, échangeurs, barrages... Le niveau de l'accessibilité des structures de santé, qui restait problématique il y a un peu plus de 10 ans, s'est beaucoup amélioré dans les zones enclavées ou défavorisées, tout comme la prise en charge des malades.
Plus de 7 Ivoiriens sur 10 vivent à moins de 5 km d'un centre de santé, y compris dans les zones exhérédées. Ce qui est très rare en Afrique. A cela s'ajoute la diversification de l'offre de soins au niveau des Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) dans les grands pôles universitaires, des Centres Hospitaliers Régionaux (CHR) et des hôpitaux Généraux (HG) couvrant toutes les grandes localités du pays.
Et l'une des belles trouvailles du Président Ouattara est la Couverture maladie universelle (CMU) qui a atteint, selon lui, environ 1400 établissements sanitaires et plus de 900 pharmacies sur l'ensemble du territoire, avec pour objectif d'assurer à tous, l'accès à la santé et aux médicaments à moindre coût. Que de dire du taux d'électrification qui est passé de 33,1% en 2011 à plus de 82% en 2022. « Nous avons fait des progrès significatifs et je peux affirmer qu'en 2025, la quasi-totalité de nos villages sera connectée au réseau électrique, comme je m'y étais engagé.
Cela est à saluer car en 2011, seul un village sur trois avait accès à l'électricité contre plus de 8 localités sur 10 aujourd'hui» a souligné Alassane Ouattara. Des propos qui confirment le bond qualitatif qui a été fait dans ce domaine. En matière d'eau potable, la Côte d'Ivoire a aussi, sous sa houlette, fait des progrès majeurs. Plus de 20 000 pompes villageoises ont été réhabilitées et la capacité de production accrue dans plusieurs localités.
Entre-temps, l'économie ivoirienne a retrouvé sa vitalité d'antan, avec un taux de croissance moyen du PIB de 8% entre 2011 et 2019 ; tout en faisant preuve d'une résilience hors norme en 2020 lors de la pandémie de Covid-19 avec un taux de 2% ; là où beaucoup d'économie du monde était en-dessous de zéro. Pour l'année 2023, le taux de croissance du PIB est projeté à 7,2% et le taux d'inflation devrait baisser à 3,7%. Toute chose qui prouve la solidité de l'économie ivoirienne prête à faire face à toutes les épreuves, et achève de convaincre que la Côte d'Ivoire tient fièrement sur ses deux jambes.
La seconde leçon forte que l'on retient de l'allocution du chef de l'Etat, c'est son engagement inaltérable pour la cause des jeunes, qui occupent, en 2023, une place prépondérante dans sa gouvernance. Plus de 1118 milliards de FCFA seront injectés dans la mise oeuvre du Programme Jeunesse du Gouvernement (PJ-GOUV) 2023-2025, articulé autour de trois axes stratégiques : l'accélération de la formation, de l'insertion professionnelle et de la promotion de l'entrepreneuriat des jeunes ; le renforcement de l'engagement citoyen et de l'éthique sociale de la jeunesse ; et l'amélioration des conditions d'épanouissement et de bien-être des jeunes.
Objectif : offrir des opportunités et toucher près d'1,5 million de jeunes dans le cadre des programmes d'insertion professionnelle. Un véritable « Plan Marshall » pour la Jeunesse. Et rien que pour cette année, pas moins de 361 milliards de FCFA seront décaissés au profit des jeunes. Alassane Ouattara joue ainsi l'acte à la parole donnée, et, bien plus, confirme sa volonté de contribuer à l'épanouissement des jeunes, forces vives de cette Nation, et l'élite de demain.
Et sa vision, derrière tout ce sacrifice, c'est de faire en sorte que la Côte d'Ivoire demeure « une des locomotives de la sous-région et l'une des principales vitrines d'une Afrique qui avance et qui gagne». La marque d'un grand Président, d'un dirigeant éclairé et d'un immense homme d'Etat.