Beaucoup de bruit pour rien. Lorsque les 16 et 17 octobre 2021, Laurent Gbagbo et ses partisans mettaient sur pied le Parti des peuples africains-Côte d'Ivoire (PPA-CI), que n'a-t-on pas entendu ? Les commentaires les plus fous annonçaient la naissance du nouvel instrument de lutte politique de l'ex-chef d'Etat qui devait rivaliser avec le RHDP, pourtant solidement assis.
Bien plus, le PPA-CI avait donné rendez-vous aux Ivoiriens les 31 mars et 1er avril 2023, pour une mobilisation exceptionnelle à l'occasion de la première édition de la fête de la Renaissance 2023 à la Place Ficgayo. La démonstration de force annoncée n'a pas eu lieu. Entre la guerre des chiffres et la réalité du terrain, le fossé était très grand. Seulement quelques 10000 personnes ont fait le déplacement sur les 3 millions annoncés.
Donnant ainsi raison à ceux qui avaient prévenu que la place Ficgayo ne pouvait pas contenir les 3 millions de personnes annoncées. Mais aussi que le nom de Laurent Gbagbo ne suffisait plus pour faire du nombre. Et que ce dernier n'était que l'ombre de lui-même. L'évolution de la situation politique semble leur donner raison. En témoigne la liste des candidats de ce parti aux élections locales (régionales et municipes) du 2 septembre prochain publiée le week-end dernier.
Au niveau des élections régionales, le décompte des candidats en lice pour le compte du PPA-CI donne 22 candidatures sur 31 régions. Aux municipales, le parti de Laurent Gbagbo ne fait pas mieux. Il n'aligne que 170 sur 201. Le constat qui saute aux yeux est simple. Ce parti sera absent dans neuf régions et 71 communes. N'ayant pas de candidat, il ne pourra pas y avoir ni d'élus, ni de conseillers régionaux ou municipaux.
Pour un parti qui prétend diriger ce pays, cette représentation est très faible. Elle est la preuve que le PPA-CI n'est pas ce grand parti qui avait été annoncé à grands renforts de publicité. La formation de l'ex-chef de l'Etat a déserté tout le grand nord. A l'exception du Poro, le PPA-CI a jeté l'éponge dans le Bounkani, le Tchologo, la Bagoué, le Folon, le Kabadougou, le Béré, le Worodougou.
Même dans le Bafing, région d'origine de Nady Bamba, la compagne de Laurent Gbagbo, le PPA-CI est incapable d'y avoir un postulant aux régionaux. Il en est de même pour le Tonkpi à l'ouest où les partisans de l'ex-chef d'Etat ont jeté l'éponge. Au niveau des municipales également, beaucoup de localités vont échapper aux hommes de Laurent Gbagbo, dont des symboles symboles forts. Ce que ne comprennent pas beaucoup d'observateurs de la scène politique nationale.
Pour ces derniers, il est inadmissible que le parti de Laurent Gbagbo ait jeté l'éponge à Adzopé, la capitale de la Mé. Qui est l'une des régions supposées être un bastion du PPA-CI. Pourtant la réalité est là, implacable. Le nouvel instrument de lutte de Laurent Gbagbo a décidé d'abonner cette ville dont les habitants dans un passé récent étaient acquis à sa cause aux mains du RHDP qui est pour le moment la seule formation politique à avoir un candidat aux municipales dans cette localité.
Adzopé et de nombreuses autres communes ne seront pas aux couleurs du PPA-CI au soir du 2 septembre. La réalité du terrain vient de démonter que le parti de Laurent Gbagbo n'a pas les arguments pour rivaliser avec le RHDP. Le parti d'Alassane Ouattara a le mérite d'avoir dans candidats dans toutes les 31 régions, mais aussi dans les 201 communes. Des chiffres qui font de ce parti, une formation politique nationale, avec des cadres valeureux susceptibles de défendre ses couleurs du nord au sud, de l'est à l'ouest en passant pas le centre.
Le parti logé à la rue Lepic rappelle le PDCI du temps d'Houphouët-Boigny, qui avait des militants sur l'ensemble du territoire. Malheureusement, ce passé glorieux n'est qu'un lointain souvenir. Il y a des signes que ne trompent pas. Pendant que le PDCI est en perte de vitesse, le PPA-CI peine, lui, simplement à exister dans le giron politique.