En marge des trois ans d'existence de la Mauritius Investment Corporation (MIC), le Britannique Mark Florman, qui a remplacé, en juillet 2021, l'éminent Lord Meghnad Desai, apporte un éclairage important et intriguant sur le sort des «milliards» encore inutilisés par/à la MIC.
«La MIC se positionne pour devenir un fonds souverain en vue de s'engager dans la diversification de l'économie mauricienne et, en se concentrant sur le capital-risque, le capital privé et les marchés privés, offrir des opportunités pour de nouveaux secteurs/industries et de nouvelles opportunités pour le peuple mauricien», dit-il fièrement à notre confrère Le Mauricien, dans l'édition de samedi dernier.
Si on connaît la (louable) chanson par rapport aux milliers d'emplois sauvés durant la pandémie, «en maintenant à flot des entreprises d'importance systémique» et autres, qui constituait la première phase du mandat de la MIC, en revanche, Florman nous surprend en parlant de la transformation de la MIC en fonds souverain.
Où sont les excédents de liquidités nécessaires pour lancer un fonds d'investissement détenu par la MIC, qui a elle-même une structure pas toujours comprise ? Selon les dires de Florman, «we are owned by the Bank of Mauritius, but we operate as an independent business. We have a separate board and an independent investment committee.
We are building an independent strategy to show that the MIC can be a part of the Mauritian economy...» Ainsi, avec l'apport du «paper money», le board de la MIC (composé, hormis Florman, du First Deputy Governor, Mardayah Kona Yerukunondu, la Second Deputy Governor, Hemlata Sadhna Sewraj-Gopal, ainsi que Louis Rivalland, Group Chief Executive de Swan, du haut fonctionnaire Ragen Swaminathan, et de deux directeurs indépendants : Nirmalen Gopal et Swadick Nuthay) opérerait comme un ministère des Finances et du développement économique bis.
Les questions que l'on se pose inévitablement en écoutant le Britannique Florman sont : si le pays voulait créer un fonds souverain, ne devrions-nous pas commencer par constituer une épargne en ayant un régime fiscal durable qui correspond à nos besoins en dépenses ? Ne devrions-nous pas d'abord combler le déficit du compte courant et libéraliser l'économie en supprimant les barrières à l'entrée et en améliorant le paysage concurrentiel au niveau local ? Vu le (sale) état de notre économie, n'y a-t-il pas tout un travail de redressement à mener avant de s'embarquer dans pareille aventure ? Imprimet- on de l'argent pour créer des fonds souverains lorsqu'on enregistre des déficits et qu'on a un énorme trou par rapport aux pensions ?