C'est désormais officiel. Les prochaines élections locales - municipales et régionales - se tiendront dans moins de cinq mois sur toute l'étendue du territoire national. Les électeurs ivoiriens retourneront aux urnes le samedi 2 septembre prochain pour élire les conseillers régionaux et municipaux qui auront la lourde tâche de conduire le développement et d'administrer les populations au plan local.
Contrairement au double scrutin d'octobre 2018, celui à venir cristallise beaucoup l'attention de l'opinion nationale et, sans doute, des observateurs internationaux. Cela, pour deux raisons essentielles. Primo : c'est une sorte de répétition générale pour les forces politiques en présence, avant la grande bataille de l'élection présidentielle de 2025. Secundo : ces élections mettront aux prises les quatre principaux partis qui composent désormais le paysage politique national à savoir le RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix) d'Alassane Ouattara, le PDCI (Parti démocratique de Côte d'Ivoire) d'Henri Konan Bédié, le FPI (Front populaire ivoirien) de Pascal Affi N'guessan et le PPA-CI (Parti des peuples africains- Côte d'Ivoire) de Laurent Gbagbo. Il servira de baromètre pour jauger, à deux ans de cette échéance, le poids de chaque formation politique et de savoir, au-delà des discours politiques pompeux, qui pèse quoi réellement sur l'échiquier politique national.
C'est pourquoi, chaque état-major prépare activement, avec ses forces et aussi ses faiblesses, ce rendez-vous électoral majeur. Au RHDP, parti qui a toujours eu une longueur d'avance sur ses concurrents, la liste des candidats à ces deux scrutins a été publiée la semaine dernière. Sa composition, essentiellement de poids lourds, en dit long sur la détermination du parti présidentiel, d'en imposer à ses adversaires ; de faire simplement une véritable rafle. Disons-le, au regard de sa vigueur actuelle, de son organisation assez structurée et de son implantation nationale, toute autre option que la razzia pour le parti présidentiel à ces élections, serait une contre-performance que rien de rationnel ne saurait expliquer. Et, comme il n'y a pas d'élection facile, commence donc maintenant le plus difficile pour lui.
Ainsi, pour se donner toutes les chances de réaliser son pari, le parti d'Alassane Ouattara a aligné dans les starting-blocks ses éléphants. Des hommes et femmes qui, à quelques exceptions près, font autorité, socialement et politiquement, chez eux. Des cadres et élus qui jouissent, pour la majorité d'entre eux, d'une solide expérience politique et électorale sur le terrain. Le défi majeur pour le RHDP, c'est de montrer à l'opinion qu'il est incontestablement un parti politique national et pas un regroupement ethnique ou clanique autour d'une personne, comme cela se voit chez certains partis. Ce qui signifie, ni plus ni moins, d'avoir, au-delà des candidats, des élus partout en Côte d'Ivoire, de Tabou à Téhini, de Tienko à Maféré, en passant par Sakassou, Bouaké ou Gagnoa.
Déjà, c'est une chose d'avoir des candidats dans 100% des circonscriptions. Preuve, si besoin en est, d'une implantation nationale et d'un vivier de cadres important. Mais aussi, c'est la preuve d'un parti sérieux qui a une vision et un projet pour le pays, tant au plan national qu'au niveau du développement local. Ce qui n'est pas le cas de l'opposition, rattrapée par la réalité du terrain après ses annonces pompeuses, elle qui éprouve toutes les peines du monde, à présenter les candidats dans les 31 régions et les 205 communes de Côte d'Ivoire. Comme en témoigne la liste efflanquée publiée par le PPA-CI, incapable de présenter des candidats dans au moins 10 régions et 72 communes. En attendant le PDCI qui fera, à coup sûr, difficilement mieux, on peut dire, tout net, que c'est une première victoire pour le RHDP. Mais, il faudra transformer l'essai, comme on le dit dans le rugby... Pour définitivement « fermer la bouche » à ces opposants qui parlent trop, alors qu'ils pèsent moins que ce qu'ils disent, sur la scène politique. En tout cas, face au mastodonte RHDP.
A y voir de près, l'adversaire du RHDP se trouve dans ses propres rangs. En effet, pour assurer cette victoire probante qui lui tend la main, ce parti doit nécessairement faire le deuil des éventuelles frustrations nées du choix de certaines candidatures. Cela passe par un esprit militant qui place l'intérêt supérieur du parti au-dessus des ambitions personnelles des uns et des autres. Que ceux qui n'ont pas été retenus ne ménagent aucun effort, à l'image des remplaçants d'une équipe sportive, pour la victoire des « titulaires » qui auront la lourde tâche de confirmer que le RHDP est bel et bien le plus puissant parti politique de Côte d'Ivoire. Il revient surtout à ces derniers, d'avoir le triomphe modeste et de faire preuve de rassemblement. Car, c'est dans l'union que le RHDP continuera de glaner des victoires. Personne ne peut atteindre le succès en agissant seul, disait Nelson Mandela. Une leçon politique à méditer...