Ile Maurice: Manière de voir - Match à trois aux élections... sans empathie

Les prétendants à la victoire affûtent leurs armes. Pé fité. Si du côté du pouvoir, tous s'accordent à penser qu'ils vont jouer sur du velours, malgré les casseroles et autres affaires, l'opposition de l'alliance PTr-MMM-PMSD semble éprouver du mal à s'entendre.

C'était à prévoir. Une nouveauté est incarnée par une troisième force associant Linion Pep Mauricien de Valayden, Rassemblement Mauricien de Nando Bodha après ses allers-retours aux conférences de presse de l'ententede l'Espoir, et vraisemblablement le Reform Party de Roshi Bhadain, qui s'est allié à En avant Maurice de Patrick Belcourt, sans oublier Idéal Démocrate de Géraldine Hennequin-Joulia.

Cette dernière veut imposer une alliance d'idées et non une alliance traditionnelle de circonstance. Surprise de taille. Bodha se déclare prêt à partager le fauteuil de PM avec Bhadain. Sakenn so tour. Dan rev ? Difficile de prévoir l'immédiat parce que tout peut se disloquer au dernier moment avec des retournements de veste de dernière minute, soit d'un parti ou d'éventuels candidats. On pourrait d'ailleurs s'amuser aux dépens des trois trios, nous électeurs, qui ne sommes encore que des spectateurs.

Trios ou quatuor ?

L'alliance traditionnelle ressemble au trio génial qui a régné sur le tennis mondial. Roger Federer fait preuve de sagesse en décidant de se retirer, lui qui a régné pendant des décennies. Tout comme Bérenger qui ne sera plus candidat. Plus que souvent blessé et après plus d'une vingtaine d'opérations, Rafael Nadal, peut-être le plus grand joueur de tennis de tous les temps par sa longévité et ses victoires dans les plus grands tournois, est arrivé au bout du bout. Il veut livrer une dernière bataille à Roland-Garros, tout comme Navin.

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Quant à Djokovic, le dernier, mais plus jeune des vétérans, il s'entraîne à fond et n'a pas renoncé comme Xavier Duval, qui s'allie avec ses ennemis d'hier. Ce serait porter ombrage à ce trio de seniors que de le comparer au film de western spaghetti, Le bon, la brute et le truand, avec Clint Eastwood, Lee Van Cleef et Eli Wallach. Nous vous laissons le soin de distribuer les rôles. Leur problème serait qui serait Le parrain ? Marlon Brando, Al Pacino ou James Caan. À vous d'attribuer les rôles avant de voter. Quelles affiches !

Nos trois mousquetaires pourraient s'apparenter aux trois Vieilles canailles françaises pour leurs adieux. À cette occasion, ils ont tous les trois chanter sur la scène de Paris Bercy. Salles combles pour Johnny Hallyday, décédé depuis ; Eddy Mitchell, qui chante en boucle S'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ; et Jacques Dutronc, bien mal en point au niveau de la santé.

En matière de pop rock anglo-américaine, les trois trios inévitables sont Police ('quel dard', dirait Sting), les Bee Gees dont il ne reste qu'un des trois frères et Destiny's Child (ne pas oublier les femmes candidates), le trio de départ de Beyonce. Des comparaisons, histoire de rigoler un peu en politique, ce qui n'arrive pas souvent au Parlement où Trump a trouvé son rival.

Le favori des sondages, le MSM, a devancé les trios ou duos en se faisant royalement couronner Charles... III. Et dans quel carrosse, mais il ne remportera le match que s'il se trouve un allié mineur. Alors, Pravin se démène pour trouver une niche créole qui semble lui faire défaut malgré l'apport d'Obeegadoo et de Lesjongard. En outre, la rencontre entre lui et le cardinal Piat ne va pas lui apporter beaucoup de suffrages de cette frange d'électeurs. Il lui manque cet appoint.

La pêche aux électeurs

Un exemple de cette démarche. Il vient d'assister à un cocktail dînatoire en l'honneur d'un lauréat créole, lui qui ne rate pas la moindre cérémonie de la communauté hindoue.

Les créoles auraient aussi maintenant leur association culturelle. Encore une ! Qui réapparaît et prend la parole comme le PM à ce cocktail ? Jocelyn Grégoire, qui avait disparu de la scène médiatique, rentre dans les rangs ; sa popularité semble avoir décliné. Regrettons cependant que d'autres figures du MSM ne se mettent pas aussi en avant. Pourquoi pas les femmes ministres ? Zis Pravin ki bar goal ek koz kreol? Gobin vinn donn enn koudmin...

La question essentielle est de savoir s'il existe des forces politiques alternatives aux partis traditionnels pour diriger le pays. Soit, nous restons dans un schéma classique, auquel cas les mêmes reviennent au pouvoir même en perdant quelques plumes en route, l'opposition revenant en plus grand nombre au Parlement. C'est le système binaire qui nous gouverne depuis l'indépendance. Soit les électeurs rebattent les cartes bouleversant la donne en votant pour une troisième force, improbable éventualité ? Son apparition ne doit pas être sous-estimée, notamment en milieux urbains. Mais à elle seule, elle ne peut prétendre décrocher une majorité lui permettant d'accéder seule au pouvoir. Quel bras de fer le lendemain des élections ! Ça va piailler dans tous les sens pour s'accorder.

L'empathie

Si l'on suit les sondages, l'électorat compte 30 % d'indécis. Faudrait aussi compter sur les abstentionnistes qui rejettent cette jungle politique. Élevons le débat. Nos leaders, quels qu'ils soient, ne manquent-ils pas d'empathie de la part des électeurs ? Aimé ou détesté, sir Seewoosagur Ramgoolam a bénéficié d'une grande empathie de la part de la population, toutes communautés confondues. Il en est de même pour sir Anerood Jugnauth qui, malgré son tempérament, a suscité l'admiration et, donc, l'empathie même de la part de ses adversaires. L'autre exemple est celui du controversé sir Gaëtan Duval aux frasques bien connues. Souvenezvous des milliers de personnes qui ont accompagné son cercueil. Il a joui de l'empathie d'une grande partie de la population, même de la part de ceux qui le combattaient.

Ce retour en arrière laisse entendre que c'était une autre époque, des hommes d'une autre trempe, dans un contexte différent. Les temps ont donc changé ; la société, malgré son conservatisme inné, a quelque peu changé et aujourd'hui nos leaders politiques ne jouissent plus de cette indispensable empathie pour remporter l'adhésion populaire. Même les meetings de nos jours ne ressemblent pas aux grands meetings d'autrefois. Autre question fondamentale : allons-nous retourner à la segmentation communale, que nous le voulions ou pas ?

Nous n'avons plus de grandes figures charismatiques capables de soulever des foules et surtout de tracer de nouvelles voies politique, économique ou sociale. Today Business is business. Convergences ou divergences, les électeurs eux savent que les grands gagnants du jour seront indéniablement l'endettement, l'inflation et le salaire. Laissons tomber la politicaillerie quand la planète est-elle même menacée. Établissons des programmes nouveaux surtout en faveur des plus démunis et pas de promesses qui ne seront pas tenues. Un minimum de bon sens serait le bienvenu au détriment de tous nos maux, tels la corruption et le copinage. Changez un havre de drogues en un havre de paix.

Sinon péi pou bat lamok.

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