Maroc: Comment le Collectif pour une législation égalitaire accompagne des femmes victimes de violences

Les locaux de la Fédération des Ligues des droits des femmes, à Rabat.

Au Maroc, le Collectif pour une législation égalitaire (CLÉ) a lancé la campagne « Bghatha lwa9t » qui fait appel à des célébrités pour participer à des capsules filmées où ces dernières lisent et racontent des histoires vraies d'autres femmes qui ont subies des injustices. Une des actions menées par le CLÉ, qui accueille chaque jour dans ses neuf centres du pays des femmes victimes de violences.

Au Maroc, les associations militantes sont dans l'attente d'une réforme de la législation de leur pays pour éliminer les inégalités qui persistent encore envers les femmes dans la loi marocaine. Pour mettre en lumière ce combat, une campagne a été lancée par le Collectif pour une législation égalitaire (CLÉ). Des célébrités, actrices, artistes ou encore influenceuses l'ont rejoint et donné plus de visibilité aux centres d'accueil comme celui de la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDF) à Rabat.

« Notre rôle, c'est d'aider ces femmes à retrouver la confiance en elles »

Lorsque ces femmes victimes de violence - « les survivantes » comme elles sont appelées par les membres de l'association - toquent à la porte de la FLDF, elles sont accueillies par Maria. « C'est ici qu'on fait l'accueil des femmes », glisse-t-elle. Maria Taher joue un rôle central dans l'association. Elle est écoutante : « C'est moi qui représente l'association, j'accueille, je rassure. Je dois rester neutre et surtout rassurer la femme et la laisser parler, plus que moi. On leur dit qu'on est que des femmes ici et de ne rien craindre. » Chaque jour, ce centre accueille de deux à cinq nouvelles femmes venues demander un accompagnement psychologique ou juridique.

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L'association compte neuf centres d'écoute dans l'ensemble du pays, ainsi qu'un centre d'hébergement des victimes. « Notre rôle, c'est d'aider ces femmes à retrouver, à travers les activités, la confiance en elles pour pouvoir trouver des solutions au sortir du cycle, pour pouvoir retrouver le pouvoir sur leur corps et sur leur vie et pouvoir trancher sur leur situation », explique Souad Benmassaoud, la coordinatrice nationale des programmes au niveau de la FLDF.

Chaque situation est unique et bénéficie d'un suivi spécifique. Après avoir été reçues par l'écoutante, les femmes sont redirigées vers différentes activités selon leurs besoins. Accompagnement psychologique ou juridique, participation à des séances de groupes pour libérer la parole, tout est fait pour que les femmes réussissent à se reconstruire.

Il y a un chiffre qui fait peur. C'est un chiffre qui a été publié par le Haut-commissariat au Plan qui dit que plus de 80% des femmes marocaines ont déjà subi au moins une fois dans leur vie une violence. Le Maroc a voté une loi pour la lutte contre les violences faites aux femmes. C'est la loi 103-13, mais qui reste pour nous insuffisante pour protéger ces femmes contre ces violences et pour les accompagner pour dénoncer ces violences.

En fait, la charge de preuves en cas de violences repose sur la femme, ce qui empêche un grand nombre de femmes de porter plainte. Seulement, 3% des femmes victimes de violences sexuelles portent plainte au Maroc. Le plus urgent pour nous est de faire une refonte globale du code de la famille et du code pénal, et de faire aussi une révision de la loi 103-13 afin de garantir des lois qui sont plus justes et plus équitables envers les femmes.

Narjis Benazzo, présidente du Collectif 490, membre du CLÉ, dresse un constat général sur la question des violences faites aux femmes au Maroc

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