Afrique: Accord de Djeddah sur la protection des civils - A quand un cessez-le feu définitif ?

UN Sudan De la fumée monte à la suite d'un bombardement dans le quartier Al-Tayif de Khartoum, au Soudan.
analyse

Après quatre semaines de combats intenses, les deux généraux que sont Abdel Fattah Al-Burhane et Mohamed Hamdane Daglo dit « Hemeti » qui se disputent le pouvoir, sont parvenus à un accord.

Non pas pour cesser les hostilités sur le terrain, mais plutôt pour « créer des passages sécurisés pour que les civils puissent quitter les zones de combats vers la destination de leur choix et autoriser et faciliter rapidement le passage de l'aide humanitaire ».

Pour une bonne nouvelle, c'en est une pour les civils qui se retrouvent pris au piège, condamnés qu'ils sont à vivre terrés chez eux et ce, sans eau ni électricité, survivant à une chaleur suffocante. C'est pourquoi il y a lieu de féliciter la diplomatie américo-saoudienne qui, après plusieurs jours de tractations, est parvenue à arracher cet accord qui, on l'espère, permettra de sauver des vies en danger.

Car, faut-il le rappeler, les violences liées aux combats qui opposent les deux camps ennemis, ont déjà fait plus de 750 morts, 5000 blessés, et mis sur le chemin de l'exil, plus de 700 000 Soudanais.

Toutefois, on ne peut s'empêcher de se poser une question : l'accord de Djeddah connaîtra-t-il le même sort que les précédentes trèves humanitaires qui ont été violées par les belligérants ? Tout porte à le croire. Car, sur le terrain, les combats et bombardements continuent de faire rage. En effet, pas plus tard que le week-end écoulé, des frappes aériennes et des explosions ont été entendues à Khartoum et au Darfour.

Il faudra maintenir la pression sur les deux généraux

Sans se faire d'illusions, il est difficile voire impossible de croire que dans ces conditions, la protection des civils pourra être une réalité sur le terrain. Car, la haine qui anime chacun des deux camps adverses, ne laisse aucune place à l'humanisme tant et si bien que même des hôpitaux sont parfois pris pour cible.

Au point que redoutant une crise sanitaire d'une grande ampleur, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décidé, pour autant que soient réunies les conditions sécuritaires, d'envoyer plus 110 tonnes de matériel médical au Soudan en vue de faciliter la prise en charge des blessés de guerre et des déplacés qui vivent dans la précarité.

C'est pourquoi on espère qu'après ce pré-accord, ainsi qu'on l'appelle, la coalition américo-saoudienne mettra les bouchées doubles en vue de parvenir à un cessez-le-feu définitif et ce, au grand bonheur des Soudanais qui ont longtemps souffert le martyre.

Pour cela, il faudra maintenir la pression sur les deux généraux qui se sont juré de s'offrir le scalp de l'un ou de l'autre. Il faut les acculer jusqu'à ce qu'ils comprennent que la voie de la guerre est sans issue et que seul vaudra un compromis politique. Ne dit-on d'ailleurs pas que la guerre, même après ses victoires les plus éclatantes, finit toujours autour d'une table de négociations ?

Et le Soudan ne saurait faire l'exception. Même si, pour le moment, les ego des deux généraux rivaux sont si surdimensionnés qu'ils se refusent à entendre raison en privilégiant l'argument de la force.

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