La journée du mardi 16 mai 2023 s'annonçait chaude au Sénégal où devait se dérouler le procès pour viol contre l'opposant Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024. Finalement le mercure n'est pas monté comme cela était fortement redouté.
En effet, le procès qui s'est brièvement ouvert hier à Dakar dans un contexte trouble à travers le pays, en l'absence de l'accusé, a aussitôt été renvoyé au 23 mai prochain.
Le moins que l'on puisse dire est que le procès s'ouvrait sous de mauvaises auspices. La veille, c'est-à-dire le lundi 15 mai, des affrontements ont opposé de jeunes partisans d'Ousmane Sonko aux forces de sécurité. Des actes de vandalisme ont été constatés, notamment à Ziguinchor, le fief de l'opposant, de même que dans la capitale Dakar. Suite à cela, les dirigeants sénégalais ont fait cas de trois morts, sans pour autant les lier directement aux différents heurts. Toutefois, ils ont évoqué un contexte propice, selon eux, aux violences. Des troubles qui n'auguraient rien de bon pour la journée d'hier mardi.
Comme on le sait, Ousmane Sonko, le président du parti PASTEF-les Patriotes, était censé se présenter hier devant une chambre criminelle à Dakar, pour y répondre des chefs d'accusation de viols et de menaces de mort sur la personne d'Adji Sarr, une employée d'un salon de beauté de la capitale sénégalaise.
Naturellement l'incriminé depuis le début de cette affaire a toujours nié les faits, s'attelant à dénoncer un complot du pouvoir qui entend l'écarter de la course à la présidentielle de 2024. C'est fort de cela qu'il avait annoncé ne plus répondre aux convocations de la justice qu'il qualifie d'instrumentalisée.
Quelque part, pourrait-on dire, le report du fameux procès est un peu salutaire, du moment qu'il permet de faire baisser la tension sociale : « La tenue du procès crée en effet un climat de tension à travers le Sénégal, en particulier à Ziguinchor, ville dont Ousmane Sonko est le maire et où il s'est retranché ».
Raisons invoquées par la Cour pour reporter l'audience d'une semaine, entre autres, « une question de procédure ». L'avocat de l'ex-patronne d'Adji Sarr, en l'occurrence Ndèye Khady Ndiaye, s'exprimant après le renvoi du dossier en audience spéciale, a déclaré que le parquet s'est trompé sur l'audition de sa cliente, à la veille du procès. Il a ajouté en outre qu' « il y a beaucoup d'avocats qui viennent de se constituer ce jour. Et ils n'étaient pas dans le dossier au moment de l'instruction. Il est possible qu'on demande un renvoi dans les prochains jours. Mais pour le moment on va se concerter avec le pool pour voir est-ce que nous allons réitérer notre demande de renvoi à une date assez lointaine pour nous permettre de prendre connaissance des 471 pages et des documents annexes. Mais on appréciera mardi prochain ».
De toute évidence, il s'agit là d'un dossier à tiroir, dont on ne sait véritablement pas quelle sera l'issue. Après avoir été condamné en mai 2022, à six mois de prison avec sursis pour diffamation contre un ministre, Ousmane Sonko joue gros son éligibilité. Ses différents rendez-vous avec la justice ont d'ailleurs régulièrement donné lieu à des incidents ou paralysé Dakar. Ce qui a vite fait dire à ses adversaires politiques qu' « il s'en remet à la rue pour échapper à la justice, ou qu'il est un agitateur fomentant un projet « insurrectionnel ».
On espère vivement que ce dossier soit le dernier qui accable le jeune Ousmane Sonko, candidat à la succession de Macky Sall, lequel élu en 2012, réélu en 2019, entretient jusque-là le flou sur une nouvelle candidature à la présidentielle de l'année prochaine, objet de contestation de ses nombreux adversaires qui voient un troisième mandat de sa part, contraire à la loi fondamentale sénégalaise.
A l'évidence l'inculpation dans cette procédure judiciaire de la masseuse Adji Sarr, vient relancer le débat dans ce procès. On se demande alors bien comment Sonko arrivera-t-il à se dépêtre de ses... sales draps dans cette affaire de viols présumés.