Le conflit ouvert qui oppose au Soudan les troupes régulières dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo est loin de trouver un dénouement.
En effet, après plus d'un mois d'intenses combats, les frères d'armes devenus des ennemis jurés n'arrivent toujours pas à regarder dans la même direction. Engagés dans un bras de fer où les forces semblent s'équilibrer, les seigneurs de guerre qui sont pratiquement allés à la même école de guerre usent de tous les moyens pour en découdre avec son adversaire.
Après l'utilisation des armes lourdes en pleine capitale, au grand désarroi des populations civiles, les deux camps sont en train d'explorer d'autres schémas de bataille. C'est dans ce sens que le général Abdel Fattah al-Burhane a ordonné le dimanche dernier le gel de tous les comptes bancaires officiels appartenant aux forces paramilitaires ainsi que les comptes de toutes les sociétés appartenant au groupe.
A travers cette tactique, le général al-Burhane espère prendre le dessus sur son adversaire en assèchement les sources de financement du général Daglo. En effet, au cours de la dernière décennie, la force paramilitaire a accumulé une grosse fortune grâce à l'accumulation d'institution financière et de réserves d'or.
Pour s'assurer de la bonne exécution de ces consignes « militaires », Abdel Fattah al-Burhanea a limogé ce dimanche le gouverneur de la Banque centrale du Soudan en le remplaçant par un de ses hommes de main.
Aussi, a-t-il pris le soin de démettre de ses fonctions le chef de la police soudanaise dans le but de réorganiser ses forces combattantes et d'impulser une nouvelle dynamique à sa diplomatie à travers le rappel de deux ambassadeurs du ministère en charge des affaires étrangères.
Visiblement, à travers ces nouvelles mesures, l'on s'aperçoit que la trêve n'est point à l'ordre du jour du général al-Burhane, et ce, malgré les efforts internationaux sous l'égide de l'Arabie saoudite et des Etats-Unis pour parvenir à un cessez-le-feu définitif.
Pour s'en convaincre davantage, il suffit de voir les multiples trêves décidées de commun accord entre les deux parties mais toujours violées, chacun jetant l'anathème sur l'autre. Dans cet imbroglio militaro-politique où le chaos semble s'emparer progressivement d'une bonne partie du pays, les populations souffrent le martyre.
En effet, la capitale est pratiquement devenue un champ de bataille et la région occidentale du Darfour secouée par des affrontements tribaux meurtriers. La violence a déjà fait plus 600 victimes dont de nombreux civils, selon l'OMS.
Dans ces conditions, où chaque partie semble camper sur sa position, il s'avère impérieux que le peuple soudanais joue à fond sa partition afin de contraindre les parties qui sont plus éprises par les délices du pouvoir que par l'intérêt général de revenir à la table de négociation.