Cameroun: Université de Dschang - « Monnayage à problèmes » des soutenances doctorales

Occultant et fermant les yeux sur le vrai problème de la dette académique, la rumeur jette de l'opprobre sur la réputation de l'institution universitaire et exacerbe le lynchage des responsables.

Il y a quelques semaines, l'université de Dschang, la faculté des sciences économiques et de gestion a bravé le challenge, brisé le signe indien observé depuis quelques temps dans les institutions universitaires d'État, en programmant des soutenances doctorales à la faveur d'une soixantaine d'étudiants dont les thèses étaient enfermées dans la poussière des placards.

Il est à noter qu'au vu des faramineuses sommes d'argent, des impayés que l'État du Cameroun doit aux enseignants universitaires ayant travaillé dans des jurys de soutenances de thèses, le financement de celles-ci, sous sa dénomination de "dette académique" a été suspendu dans les universités d'État par le ministère de l'enseignement supérieur (MINESUP).

À la différence des autres universités d'État qui croisent les doigts et attendent, le Décanat de la faculté des sciences économiques et de gestion a développé, déployé des mécanismes et les stratégies de "débrouillardise" pour programmer des soutenances doctorales à une cinquantaine d'étudiants. Ce qui apparaissait au départ comme une activité normale dans une université a été récupéré par la rumeur, les mauvaises langues et d'autres curiosités suspectes.

La tragédie du soupçon a donné à entendre que l'université de Dschang avait organisé de l'arnaque, le monnayage au forceps, le braquage, plus grave une opération pour spolier les étudiants et leurs familles, par l'usage des abus et des voies illégales au rang desquels, le préfinancement des soutenances des thèses doctorales. D'énormes sommes d'argent oscillant entre cinq cents mille et un million de Fcfa ont été évoquées.

En quelques temps, cette Info ou intox s'est répandue dans certains médias classiques au point de devenir virale dans les réseaux sociaux. La rumeur a réussi sa forfaiture. Le lynchage médiatique s'en est suivi aussi. L'université de Dschang et ses responsables ont été jetés à la vindicte. La sentence prononcée par le "Tribunal populaire" des réseaux sociaux.

Sur les traces du monnayage

En faisant croire à l'opinion et à la population universitaire qu'à l'Université de Dschang les étudiants sont sollicités pour financer eux-mêmes les jurys de soutenance de leurs thèses, que seuls ceux qui apportent cet argent soutiennent leur thèse de doctorat, la rumeur est allée s'aggravant, s'intensifiant au point d'exacerber, de faire prospérer l'escalade des mécontents et la naissance des victimes collatérales au sein de la communauté des jurys.

À en croire certains membres des jurys, « si le ministre Jacques Fame Ndongo dit de ne plus organiser des soutenances de thèses à crédit, car il ne paiera plus et ne veut plus entendre parler d'arriérés; mais si Dschang persiste, n'est-ce pas parce qu'ils ont d'autres sources de financement ? » martèle un enseignant.

« En fait les étudiants ont préfinancé les frais de jury. Les rapporteurs devraient comptabiliser une somme de 100.000 Fcfa par jury et non moins », lance un autre enseignant comme pour donner droit à des traficotages et confirmer le fait que les étudiants ont payé On assiste depuis lors à la montée des voix parmi les enseignants, membres des jurys n'ayant pas été payés, à cause de la dette fiscale.

Il y a même eu des gorges chaudes, de la fureur des membres des jurys invités, en provenance des universités d'État de : Douala, Bamenda et même de Yaoundé, qui se sont dits outrés, frustrés, roulés dans la farine. Quelques-uns ont crié leur amertume et le ras-le-bol en s'indignant d'avoir été floués par l'institution universitaire de Dschang, qu'ils accusent d'avoir spolié, arnaqué de l'argent aux étudiants, mais refusé de payer la note aux jurys.

Dans le même temps pour conforter la rumeur et la dénonciation des responsables, des mauvaises langues ont voulu faire avaler à la mémoire collective que de telles pratiques nauséeuses, malveillantes et cupides sont monnaie courante à la faculté des lettres de l'université de Yaoundé l, que des soutenances de thèses sous le prisme des financements par les étudiants se font en catimini depuis des années, que les auteurs sont connus, mais leur forfait reste impuni.

La rumeur a même atteint l'absurde en laissant croire que le monnayage des soutenances de thèses doctorales était effectif parce que Dschang s'y est mis en tenant compte des instructions du MTINETAT/MINESUP Jacques Fame Ndongo qui aurait encouragé les responsables d'universités de se débrouiller pour les soutenances de thèses. Cet avis a trouvé un cinglant démenti dans les coulisses du MINETAT Jaques Fame Ndongo.

« Même si l'argument appelant les universités d'État à une certaine autonomie par la diversification des ressources, la multiplication des stratégies d'auto-financement était vraie, il ne viendra jamais au ministre d'encourager, de donner droit à l'arnaque et au viol sur les étudiants », avoue une source interne au MINESUP.

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