Afrique: Commerce intra-africain – La perception « mitigée » de chefs d'entreprises sur la ZLECAf

Le port de Durban, le terminal maritime le plus grand et le plus fréquenté d'Afrique subsaharienne (photo d'archives).
17 Mai 2023

Beaucoup de chefs d’entreprises africains ont une perception neutre du commerce intra-africain dans le cadre de la mise en œuvre de la ZLECAF. 1000 entreprises issues de 13 pays, sondées dans les secteurs de la manufacture, des mines, du commerce, de l’investissement… ont une position « mitigée » sur l’apport de cette initiative.

Le secteur privé africain a une perception « mitigée » sur les possibilités que leur offre la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).

Le « Rapport de l’Indice des affaires par pays de la ZLECAf (Acbi) » présenté ce mercredi 17 mai renseigne sur une certaine neutralité de la plupart des 1000 entreprises issues de 13 pays africains (l’Angola, la Côte d’Ivoire, la République démocratique du Congo, l’Égypte, le Gabon, le Kenya, le Maroc, la Namibie, le Nigéria, le Rwanda, le Sénégal, l’Afrique du Sud et la Tunisie), interrogées sur la plupart des composantes de cette étude.

Mme Wafa Aidi, Chargée des affaires économiques, à la Division de l’intégration régionale et du commerce (Ritd) de la CEA affirme que l’analyse des données de l’étude montre une certaine neutralité des entreprises et les domaines qui intriguent le plus les entreprises sont relatives aux barrières non tarifaires.

Quant aux mesures sanitaires et non sanitaires, poursuit Mme Aidi, les entreprises interrogées semblent dégagées des avis plus positifs.

Dans cette même dynamique, la Chargée des affaires économiques à la Division de l’intégration régionale et du commerce fait savoir que les règles d’origine sont considérées comme l’aspect les plus restrictifs en matière commerciale par le secteur privé.

Concernant la sensibilisation, il est constaté une certaine hétérogénéité. D’où l’importance, selon elle, d’accentuer la communication et permettre aux entreprises de disposer de plus d’informations sur la ZLECAF afin d’appuyer sa mise en œuvre.

A propos de l’environnement commercial portant sur les données, le rapport avise que les entreprises interrogées sont assez neutres sur la question. Elles sont moyennement négatives sur les domaines concernant la politique de concurrence.

Sur cette lancée, ajoute Wafa Aidi, l’indice a permis de relever que les entreprises possédées par des femmes vivent plus de contraintes que celles dirigées par des hommes en matière de commerce intra-africain.

Sur les critères liés à la taille des entreprises, il est remarqué que les Petites et moyennes entreprises (Pme) font face à plus de contraintes malgré leur connaissance des accords de libre-échanges.

Concernant l’environnement des affaires, avance Mme Aidi, les PME ont besoin d’efforts pour comprendre les éléments concurrentiels afin de mieux s’insérer dans le tissu économique.

Le pessimisme des chefs d’entreprises sondés est en partie motivé par l’échec des nombreuses initiatives en matière de commerce intra-africain malgré les engagements pris par les Etats.

Un indice pour comprendre les contraintes des entreprises

Le Coordonnateur du Centre africain pour la politique commerciale (Atpc), Division de l’intégration régionale et du commerce (Ritd), M. Melaku Desta, pour sa part, a rappelé que la CEA a développé l’Indice des affaires par pays de la ZLECAf (Acbi) en 2018 comme l’un des principaux outils permettant aux entreprises d’exprimer leur point de vue sur la mise en œuvre de la ZLECAf, en identifiant les principales contraintes commerciales.

A l’en croire, l’outil regroupe les opinions des entreprises en Afrique et les articule dans un indice, qui classe les pays en fonction de la manière dont ils mettent en œuvre la ZLECAf d’un point de vue commercial.

L’un des principaux objectifs de l’ACBI est, selon lui, de comprendre les perceptions des entreprises d’un point de vue commercial dans le cadre des Accords de libre-échange (Ale) déjà en place dans les pays africains.

Au vu des résultats présentés, M. Melaku Desta estime que la CEA ne peut réussir sous deux conditions notamment la mise en œuvre par les Etats et une appropriation par le secteur privé.

Pour lui, la ZLECAf est là pour changer la donne et pour cela il faut que le monde des affaires soit aux commandes. « C’est un instrument dynamique et non statique », dira-t-il.

Il estime que la ZLECAf est un puissant levier pour l’atteinte des objectifs de développement définis dans les Agenda 2030 et 2063 qui encouragent l’accélération des échanges pour asseoir un développement durable.

Pour lui, la part du commerce africaine peut atteindre 60% en cas de bonne mise en œuvre de la ZLECAF. D’où la nécessité d’initier plus de sensibilisation afin de mieux renseigner les parties prenantes nationales pour changer la donne, impliquer le secteur privé surtout les femmes et les Pme en renforçant leur inclusion.

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