Ile Maurice: Trafic de drogue inter-îles - Pravind Jugnauth livre des informations... politiques

C'était la fête hier pour la majorité : pas de PNQ et c'est la question de Nuckcheddy qui figurait en haut de la liste. Pour une fois, le PM n'a pas pris de longues minutes pour répondre et ce sont ses omissions qui ont marqué ses réponses. Il tenait probablement à répondre à la troisième PMQT, sur Navin Ramgoolam...

La question de Vikash Nuckcheddy ne concernait que deux Mauriciens alors que trois avaient été arrêtés en tout par la police réunionnaise. Benjamin Leu et Andy Patate l'avaient été le 24 avril lorsque leur embarcation s'était échouée à Anse-Cascade, à l'île soeur, et le troisième, Marcelino Meunier, a été appréhendé le 25 avril. Après communication par les Réunionnais de l'immatriculation du bateau à la police mauricienne, Arshad Abdur Rahman, Felix Dilane Lapierre et Samuel Legentil avaient été arrêtés à Maurice. Concernant Samuel Legentil, la libération provisoire a été obtenue après que la police a omis d'objecter. Arshad Abdur Rahman a également été libéré hier contre une caution de Rs 30 000. Felix Dilane Lapierre, qui devait comparaître en cour hier, reste, lui, en détention.

En l'absence de questions spécifiques venant de son député Nuck- cheddy, Pravind Jugnauth n'a pas eu à expliquer pour quelles raisons ces trois personnes arrêtées, surtout l'une d'entre elles, ne faisaient pas l'objet d'accusation de trafic de drogue, mais de complot «to pervert the course of justice» concernant... l'enregistrement du bateau. Sinon, le Premier ministre (PM) est revenu sur ce que l'on sait déjà à ce propos. Sauf que l'on a appris que les autorités mauriciennes n'ont reçu aucune demande des Réunionnais pour une entraide pénale internationale.

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Nos voisins s'en sont-ils abstenus en raison de la demande restée sans réponse pendant plusieurs mois au sujet de Franklin ? Le PM a aussi informé que le commissaire de police devait se rendre à La Réunion, hier, en compagnie d'une délégation, mais il n'a pas dit pour quelles raisons précises. À noter aussi que Pravind Jugnauth a déclaré que les Mauriciens arrêtés à l'île soeur y font l'objet d'«une enquête pour tentative d'exportation de produits stupéfiants et recel de vol de bateau» et qu'ils sont toujours «en garde à vue», cela, contrairement aux trois personnes arrêtées à Maurice, dont Samuel Legentil et Arshad Abdur Rahman, qui sont déjà en liberté.

Le PM n'a pas soufflé mot non plus de quelque information ouverte par la police mauricienne sur les trois Mauriciens arrêtés à La Réunion pour tentative d'importation - quand il y a exportation, il doit y avoir importation - de produits stupéfiants à Maurice. Il a juste dit vaguement qu'une enquête pour le trafic de drogue et la propriété du bateau est en cours:«I am informed by the Commissioner of Police that the enquiries with regard to the drug trafficking and the ownership of the speed boat are progressing.»

Cas «détectés» de trafic

Ces demi-réponses de Pravind Jugnauth cachaient, on s'en doutait, d'autres informations qui ont été offertes avec beaucoup de détails lors des questions supplémentaires de Vikash Nuckcheddy. Ainsi, le PM a affirmé que Benjamin Leu, arrêté à La Réunion le 24 avril, est le frère de Véronique Leu-Govind, du PMSD. Et qu'Arshad Abdur Rahman, arrêté, lui, à Maurice mais pour avoir présumément antidaté le contrat de vente du bateau à Samuel Legentil, est une connaissance («acquaintance») d'un certain A. D., fils du leader de l'opposition. Lequel fils aurait remorqué le bateau récemment vers le «boat park» d'A. D.

Renseignement pris, il s'agit d'Alexandre Duval, l'autre fils de Xavier-Luc Duval. On nous confirme qu'Alexandre Duval possède bien un «boat park», et cela, en toute légalité. Ce qu'a confirmé d'ailleurs Pravind Jugnauth lui-même. Concernant le remorquage, on nous le confirme aussi, tout en nous faisant remarquer que le métier d'Alexandre Duval consiste justement à remorquer et garder les bateaux. «Quel mal y a-t-il à ça ? D'ailleurs, Arshad Abdur Rahman n'a jamais été condamné pour quelque délit de drogue. Comment peuton refuser de l'aide à un client ?»

Répondant à la deuxième question supplémentaire de Vikash Nuckcheddy, Pravind Jugnauth affirmera qu'aucun cas de trafic de drogue entre La Réunion et Maurice n'a été détecté entre 2005 et 2014. Il a pris soin de choisir le mot «détecter» car, entre 2015 et 2023, il y a eu plusieurs cas détectés mais non résolus et encore moins jugés. Pravind Jugnauth aura oublié aussi de préciser que les cas «détectés» de trafic de drogue entre Maurice et La Réunion après 2015 l'ont été par les gendarmes de l'île soeur, et cela, sans l'aide des autorités mauriciennes.

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