Afrique: Allocution liminaire du Directeur général de l'OMS à la 38e réunion du Comité des programmes, du budget et de l'administration du Conseil exécutif - 17 mai 2023

communiqué de presse

Madame la Présidente, Aishath Rishmee,

Mesdames et Messieurs les membres du Comité du programme, du budget et de l'administration, Mesdames et Messieurs les délégués des États Membres, chers collègues et amis,

Je vous remercie, Madame la Présidente, de votre allocution liminaire.

Bonjour à toutes et à tous.

Je vous remercie de votre participation continue aux travaux cruciaux de ce comité, qui sont essentiels à la viabilité financière et à la responsabilisation institutionnelle de l'OMS.

Ce matin, mes observations porteront essentiellement sur les progrès accomplis par le Secrétariat dans les trois grands domaines que vous allez examiner aujourd'hui : financement durable et budget programme ; travaux du Groupe de travail des États Membres à fonctionnement souple et Plan de mise en oeuvre de la réforme établi par le Secrétariat ; et responsabilisation et surveillance, y compris les travaux sur la prévention de l'exploitation, des abus et du harcèlement sexuels et les mesures destinées à y remédier.

Commençons par le défi de longue date que constitue le financement durable.

La décision prise par les États Membres à la dernière Assemblée mondiale de la Santé est une étape historique qui tend à rendre l'OMS plus adaptée à sa mission et plus à même de relever les défis d'un avenir incertain.

Comme vous le savez, la capacité de l'Organisation à obtenir des résultats est limitée par un modèle de financement dans lequel seuls 14 % des fonds du budget programme sont totalement souples et prévisibles.

Les fonds restants dépendent de contributions volontaires qui, bien que généreuses, sont largement affectées à des fins spécifiques et peuvent arriver à des moments imprévisibles et très instables.

Si les contributions volontaires jouent un rôle déterminant dans notre travail, ce déséquilibre limite notre capacité à nous acquitter de notre mandat, ce qui entraîne des « poches de pauvreté » dans notre budget et nous empêche de financer intégralement les priorités convenues en raison des distorsions créées par l'affectation des fonds.

Cette situation a des répercussions qui se font particulièrement ressentir chez les membres du personnel, dont beaucoup ont des contrats à court terme limités à 60 jours. Des contrats de 60 jours.

Si nous ne pouvons pas offrir une stabilité et des contrats à long terme à notre personnel, nous allons le perdre, et nous ne pourrons pas tenir nos promesses.

Les trois dernières années ont eu de lourdes conséquences sur l'ensemble du personnel. Beaucoup de fonctionnaires sont stressés ou épuisés. Beaucoup. Et ils doivent en plus se soucier de savoir s'ils auront encore un emploi dans trois mois.

C'est comme dormir sur une branche d'arbre qui pourrait se briser à tout moment. De nombreux membres du personnel ne peuvent même pas se loger à Genève parce que leurs contrats sont trop courts. Beaucoup m'ont parlé de leurs problèmes avec les larmes aux yeux. Imaginez-nous, vous et moi, dans cette situation.

Aucun d'entre nous n'accepterait ces conditions, alors comment pouvons-nous demander aux femmes et aux hommes qui travaillent pour l'OMS de les accepter ?

Dans la décision qu'elle a prise l'an dernier, l'Assemblée mondiale de la Santé a prié le Secrétariat d'élaborer des propositions budgétaires, dans le cadre du cycle budgétaire ordinaire, pour augmenter les contributions fixées afin qu'elles atteignent 50 % du budget programme de base d'ici à 2030-2031 au plus tard.

Le projet de budget programme pour 2024-2025 a été établi en tenant compte de la décision des États Membres d'augmenter de 20 % les contributions fixées dans la partie de base du budget.

Ce budget programme est un grand pas en avant : il est plus concis, plus stratégique et, en même temps, plus détaillé.

La plateforme numérique du budget programme contient des informations sur l'établissement des coûts, la hiérarchisation des priorités et les incidences des résolutions, et donne des explications à ce sujet.

Afin d'assurer un financement plus prévisible et plus souple, nous proposons une campagne de reconstitution des fonds, à savoir ce que nous appelons des cycles d'investissement. C'est vous, les États Membres, qui examinerez cette proposition à l'Assemblée mondiale de la Santé. Vous avez pris une décision historique en choisissant d'augmenter de 50 % les contributions fixées. J'espère que vous prendrez une autre décision historique en optant pour le modèle de reconstitution des ressources, qui réglera les problèmes que j'ai évoqués quant aux conditions de vie de notre personnel et constituera une solution stratégique.

Nous remercions les États Membres de participer de manière constructive à l'élaboration du budget, aux côtés du Secrétariat, et de nous rapprocher de l'objectif qui consiste à faire de l'OMS une organisation financée de manière durable, qui soit plus forte, plus efficace, plus transparente et plus indépendante.

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Le Secrétariat sait qu'un budget plus souple et plus durable s'accompagnera d'un engagement à renforcer la responsabilisation et l'efficience.

Le Secrétariat est pleinement déterminé à répondre aux attentes à cet égard, et à les dépasser.

En janvier 2023, le Conseil exécutif a approuvé le Plan de mise en oeuvre de la réforme établi par le Secrétariat, qui vise à rendre l'OMS plus performante et à renforcer ses processus budgétaires, programmatiques, financiers et de gouvernance, ainsi que la responsabilisation.

Ce plan a été établi à partir des contributions des États Membres, y compris par l'intermédiaire du Groupe de travail des États Membres à fonctionnement souple.

Le Groupe de travail a approuvé 11 recommandations, qui seront officiellement examinées par l'Assemblée la semaine prochaine. La plupart doivent être mises en oeuvre au niveau des États Membres, avec l'aide du Secrétariat si besoin.

Le Plan de mise en oeuvre, qui a été approuvé par le Conseil exécutif, contient 96 mesures portant sur la responsabilisation, les résultats au niveau des pays, le financement, la gouvernance, les ressources humaines, le budget programme et la mobilisation des ressources.

À ce jour, le Secrétariat a intégralement mis en oeuvre 42 de ces mesures, tandis que 54 autres sont en cours.

Le nouveau portail Web des États Membres contient non seulement des informations sur le budget programme, mais aussi des tableaux de bord permettant de suivre les progrès accomplis dans la mise en oeuvre du treizième PGT, les rapports sur les résultats, la mobilisation des ressources, le financement, les ressources humaines et les achats.

Enfin, face à la nécessité de renforcer nos bureaux de pays pour obtenir des résultats à cette échelle, à la suite de la Réunion mondiale de la direction qui s'est tenue fin 2022, j'ai lancé le Groupe d'action pour l'obtention de résultats, dirigé par des représentants de l'OMS, qui a élaboré un plan ambitieux de 100 mesures sur 100 jours destiné à compléter ces efforts.

Les mesures en question concernent sept domaines critiques, notamment mettre en place et financer une présence de base prévisible dans les bureaux de pays ; améliorer la gestion des ressources humaines, y compris mettre en oeuvre la mobilité mondiale ; assurer la délégation de pouvoirs aux représentants de l'OMS ; rationaliser la planification ascendante et la gestion des programmes ; améliorer les procédures d'achats et les processus institutionnels ; et faciliter la communication entre les membres du personnel à tous les niveaux.

Pour soutenir ces efforts, j'ai alloué 100 millions de dollars de notre budget aux bureaux de pays.

Afin de pérenniser cet engagement, nous appelons les États Membres à approuver l'augmentation de 20 % des contributions fixées.

Il s'agit d'obtenir des résultats là où cela compte le plus : dans les pays et au sein des communautés que nous servons.

Nous sommes conscients, comme vous, de l'équilibre délicat entre le rôle de gouvernance des États Membres et les responsabilités de gestion du Secrétariat. Nous voulons toutes et tous faire de l'OMS une organisation souple, proactive et capable d'agir rapidement pour répondre aux menaces qui pèsent sur la santé mondiale.

Le Secrétariat est fermement résolu à mettre en oeuvre ces réformes et à soutenir les États Membres. Face à la hausse importante du nombre de processus intergouvernementaux et de demandes adressées au Secrétariat, nous devons conjointement établir des priorités et déterminer où des ressources supplémentaires sont nécessaires.

Je remercie tous les États Membres pour leur travail et leur appui au Groupe de travail, en particulier José Acacio (Australie) et Philomena Bawelile Simelane (Eswatini) pour leur rôle de cofacilitateurs.

J'attends avec impatience d'entendre vos avis et vos orientations à cette session du Comité du programme, du budget et de l'administration ainsi que pendant l'Assemblée mondiale de la Santé et le Conseil exécutif.

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Passons maintenant à la responsabilisation. Je tiens à vous informer de nos travaux sur la prévention de l'exploitation, des abus et du harcèlement sexuels et les mesures destinées à y remédier.

Comme vous le savez, les États Membres reçoivent chaque trimestre un document d'information sur les progrès réalisés dans ce domaine.

Notre objectif est clair : afficher une tolérance zéro face à l'inconduite sexuelle, à l'inaction à cet égard et aux représailles contre celles et ceux qui présentent des allégations, tout en garantissant une procédure régulière à toutes les parties concernées.

Permettez-moi de vous donner un aperçu des progrès que nous avons accomplis jusqu'à présent.

La mise en oeuvre de la stratégie triennale est en bonne voie et de nombreuses mesures sont déjà en cours.

En mars, nous avons lancé une nouvelle politique sur la prévention de l'inconduite sexuelle et les mesures destinées à y remédier.

Cette politique suit une approche robuste centrée sur les victimes et les survivants, apporte des éclaircissements et comble les lacunes, et regroupe l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels.

Notre priorité à cet égard est d'intensifier les travaux visant à évaluer les risques d'inconduite sexuelle au niveau des pays et dans les opérations à grande échelle.

Nous avons encore renforcé notre système intégral de gestion des cas d'inconduite sexuelle, en fixant un délai maximal de 200 jours entre le début d'une enquête et sa conclusion, en garantissant une procédure régulière à toutes les parties concernées et en prenant des mesures disciplinaires au besoin.

Il apparaît clairement que les mesures que nous avons prises jusqu'à présent ont permis d'accroître la confiance dans le système, comme en témoigne l'augmentation du nombre de signalements.

Avant 2022, nous recevions moins de 10 signalements d'inconduite sexuelle par an. Grâce aux réformes, y compris la suspension temporaire de la Règle de gestion financière XII, le nombre d'allégations présentées entre janvier 2022 et mars 2023 est passé à 122.

79 enquêtes ont été menées à bien.

Depuis octobre 2022, l'OMS a licencié huit membres du personnel pour inconduite sexuelle et a inscrit leur nom dans la base de données ClearCheck de l'ONU afin que ces personnes ne puissent pas être réembauchées au sein du système des Nations Unies.

En parallèle, le Secrétariat a finalisé sa nouvelle politique visant à prévenir et combattre les représailles, qui couvre toute forme de représailles, et un nouveau code de déontologie de l'OMS, qui décrit les normes éthiques de conduite que l'ensemble du personnel de l'Organisation est censé respecter.

Le Secrétariat remercie les États Membres et les experts externes d'appuyer les travaux de l'OMS relatifs à l'inconduite sexuelle, y compris le Comité consultatif indépendant d'experts de la surveillance qui continue d'examiner minutieusement les travaux menés et de présenter des avis.

J'ai accepté que la Commission indépendante procède à un examen pour évaluer les progrès réalisés dans la mise en oeuvre de ses recommandations.

Son rapport est attendu dans les semaines à venir et sera communiqué à tous les États Membres. L'inconduite sexuelle est également prise en compte dans l'évaluation en cours du MOPAN.

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Enfin, quelques mots sur nos travaux en matière de surveillance et de responsabilisation, ainsi que sur les travaux du Bureau des services de contrôle interne (IOS).

Début 2023, l'IOS avait 717 dossiers en suspens à traiter. À ce jour, il en a conclu 242, rattrapant le retard accumulé dans le traitement de cas de fraude plus anciens.

L'IOS continue de recevoir de nouvelles allégations : 184 jusqu'à présent cette année. Nous nous attendons à ce que cette tendance se poursuive jusqu'en 2024 au moins.

Afin de faire face à la charge de travail actuelle, l'IOS a besoin à la fois de membres du personnel et de consultants chargés des enquêtes.

Le recrutement de 15 membres du personnel de l'IOS est en bonne voie, trois chefs d'équipe ayant déjà été sélectionnés.

Pour accroître immédiatement ses capacités, l'IOS a fait appel à 35 consultants expérimentés en matière d'enquêtes pour appuyer les enquêtes en cours.

Les modes opératoires normalisés obligatoires qui existent déjà sont mis à jour dans le cadre de la réforme, et des indicateurs clés de performance ont été adoptés pour suivre les progrès accomplis.

Une politique globale régissant les enquêtes est en cours d'élaboration, dans le cadre d'une coopération avec le service juridique et le département des ressources humaines.

L'IOS élabore également des procédures à suivre pour présenter des allégations de faute dans le contexte des accords de financement.

Le succès de ces réformes ambitieuses dépend de l'engagement dont vous ferez preuve et des orientations que vous donnerez, en tant qu'États Membres.

Hier, le rapport sur les résultats de l'OMS à mi-parcours a été publié sur notre site Web. Il présente un aperçu interactif et intéressant des progrès que nous avons accomplis en unissant nos efforts, ceux des États Membres et ceux du Secrétariat, pour réaliser les cibles du triple milliard. Je vous en recommande la lecture.

Comme toujours, je vous remercie pour votre engagement et votre soutien. J'attends avec impatience d'assister aux débats de cette semaine, en vue de bâtir une OMS plus forte qui soit plus à même de concrétiser l'ambition que nos fondateurs se sont donnée il y a 75 ans : le niveau de santé le plus élevé possible pour toutes et tous.

Je vous remercie.

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