Le journaliste tunisien Khalifa Guesmi a été condamné mardi 16 mai à cinq ans de prison dans le cadre de poursuites judiciaires tombant sous le coup de la loi antiterroriste. Il avait refusé de communiquer aux autorités l'identité de ses sources dans le cadre d'une enquête sur le terrorisme.
C'est une sentence inédite en Tunisie où la liberté d'expression et de la presse était considérée comme l'un des acquis de la révolution. « C'est un jugement sans précédent et l'un des plus lourds dans l'histoire de la presse tunisienne », a déclaré le syndicat des journalistes tunisiens dans un communiqué publié mardi. Reporters sans Frontières a aussi condamné la décision de justice, parlant d'un « message terrifiant qui est adressé aux journalistes et aux médias tunisiens : celui d'un bâillonnement affiché de la liberté d'expression et de l'exercice du métier de journaliste », selon les mots de Khaled Drareni, représentant de RSF en Afrique du Nord.
Pourvoi en cassation
La sévérité de la peine choque d'autant plus que Khalifa Guesmi, journaliste à la radio privée Mosaïque FM, avait déjà été condamné en novembre 2022 à un an de prison ferme pour les mêmes motifs en première instance. Cette fois, c'est la cour d'appel qui a alourdi la peine.
L'histoire remonte à mars 2022. Le journaliste est arrêté après la publication d'un article sur le démantèlement d'une cellule terroriste à Kairouan. Il est alors accusé de divulgation d'informations en violation d'articles de la loi antiterroriste et du code pénal. La bataille judiciaire est loin d'être finie pour le journaliste qui s'est pourvu en cassation. Il reste en liberté en attente de ce jugement.
La Tunisie a reculé de 27 places dans le dernier classement de Reporters sans Frontières sur la liberté de la presse. Selon le syndicat des journalistes, 17 journalistes sont poursuivis en justice en dehors du cadre de droit de la presse. Un sit-in de colère est prévu ce jeudi par le Syndicat national tunisien des journalistes.