Dakar, ville morte ! C'était le constat dans la capitale sénégalaise et sa banlieue hier, mardi 16 mai 2023, jour de procès dans le cadre de l'affaire Sweet Beauty, opposant le leader de Pastef Ousmane Sonko à la masseuses Adji Sarr, devant la Chambre criminelle, au Palais de Justice Lat-Dior. Du moins le temps d'une matinée, car il aura fallu le renvoi de l'audience, jusqu'au 23 mai prochain, pour que l'activité économique reprenne, mais assez timidement.
«Maintenant que le procès été renvoyé, les gens commencent à sortir. Depuis le matin, je n'ai vu personne». C'est une gérante d'un multiservice équipé d'un guichet de transfert d'argent qui échangeait ainsi avec un client venu faire une opération de transfert, dans la mi-journée, hier mardi. Et d'ajouter : «cette situation nous handicape. Mêmes les fournisseurs, quand tu les appelles pour alimenter ton compte, ils disent qu'ils n'ont pas travaillé, car ils se déplacent à moto. Or, la circulation des motocyclettes est interdite jusqu'à minuit, ce mardi», dans tout le département de Dakar, sur arrêté du gouverneur de la région-capitale.
Un témoignage qui en dit long sur la situation qui a prévalu hier, mardi 16 mai 2023, jour de procès pour viol présumé opposant le président de Pastef/Les Patriotes, Ousmane Sonko, à la masseuse Adji Sarr, devant la Chambre criminelle du Tribunal de Dakar. La capitale du Sénégal et sa banlieue ressemblaient à une ville fantôme. La psychose des événements du 21 mars 2023 toujours en mémoire et du fait des manifestations violentes de la veille lundi, à Ziguinchor et plusieurs quartiers de Dakar et ailleurs, avec à la clé des pertes en vies humaines, bon nombre de services ont choisi de fermer ; des commerces aussi ont baissé rideau, par mesure de prudence.
Conséquence, l'activité économique était au ralenti, les grandes artères de la capitale et des voies principales et rues des quartiers vides, toute la matinée d'hier mardi. Renvoyant l'image d'une soirée de couvre-feu ou presque. A titre d'exemple, à Keur Massar, la route des Niayes, en proie à des embouteillages monstre tous les jours, y compris les week-ends où c'est souvent un désordre total qui est noté aux alentours du nouvel autopont, les rares automobilistes qui avaient travaillé roulaient en roue libre. Les quelques minibus Tata mis en circulation étaient vides, ou presque. Pas l'ombre d'un passager au niveau des arrêts-cars. Les taxis de banlieue communément appelés «clandos», maîtres des déplacements entre quartiers, les taxis urbains (jaunes-noirs) avançaient au ralenti, guettant le moindre mouvement de client. L'impressionnant dispositif de gendarmes déployés sous l'autopont, devant la Préfecture et autres points sensibles de Keur Massar, étaient solitaires dans les rues.
Même constat à Castor. Ici, les bouchons quotidiens, devenus la norme entre le pont de Hann et les stations de Castor depuis le début de l'année, à cause des travaux de construction de l'autopont sur les deux voix du Front de Terre, avaient disparu. Le trafic était tellement fluide que des bonhommes de la circulation, recrutés par Ageroute pour aider à réguler le trafic et orienter les usagers, s'interrogeaient sur l'utilité de leur présence sur le terrain, hier. La nationale (RN1) ne faisait pas exception à cette réalité qui a prévalu toute la journée ; même si la situation a commencé évoluer en début d'après-midi, suite au renvoi du procès, jusqu'au 23 mai prochain. Mais de manière timide.
Cependant, malgré ce constat de «ville morte», des manifestations se sont poursuivies dans certaines zones. Au rond-point Liberté 6, des pneus ont été brûlés, les vitres des chantiers du Bus rapide transit (BRT) vandalisées, créant des embouteillages. Et l'odeur âcre de la fumée qui se dégageait des brûlures obligeait les passants à se boucher les narines.