Au Cameroun, le gouvernement a dénoncé, le 17 mai 2023, la prolifération des discours de haine, notamment en ligne, qui fragiliseraient l'unité nationale. Un constat partagé par des acteurs de la société civile qui réclament toutefois des mesures supplémentaires pour contrer ces phénomènes.
Le gouvernement a dénoncé et condamné le 17 mai 2023 à Yaoundé, la prolifération de ce qu'il a qualifié « de discours de haine » sur l'espace public, notamment dans les médias et sur les réseaux sociaux. Des phénomènes qui mettent en péril l'unité nationale, craint Yaoundé, rejoint en cela par la société civile qui alerte depuis des années sur les dangers de ces discours de haine.
Un accord donc sur le principe entre le gouvernement et ces acteurs qui estiment néanmoins qu'il faut bien plus pour freiner le fléau et ses manifestations. La société civile, à la suite du processus gouvernemental, est unanime là-dessus : les discours de haine mettent effectivement en péril l'unité nationale et le vivre ensemble au Cameroun.
« Pour ma part, la répression n'est pas la solution »
Ngala Desmond Ngala, président de l'association Civic Watch Cameroon, explique : « J'aurais voulu que, au lieu de faire une communication, que l'on voit des personnes au tribunal qui répondent de leurs actes parce qu'ils ont prononcé ce type de discours. Des personnes qui sont souvent identifiables et qui marchent librement dans les rues. »
Le ton dur adopté par le gouvernement, qui a par ailleurs annoncé l'imminence de la phase répressive contre les auteurs de ces discours de haine, est-il donc le bon ? La répression seule ne suffit pas, estime Paul Joël Kamtchang, secrétaire exécutif de l'Association pour le Développement intégré et la solidarité Interactive (ADISI-Cameroun), souligne : « Pour ma part, la répression n'est pas la solution. Cette histoire où on a un gouvernement qui fait des sorties juste pour menacer ne me semble pas être en adéquation avec les voeux de reconstruire cette cohésion. »
« C'est aussi une autre façon de contrôler le pouvoir »
Paul Joël Kamtchang met également en garde contre des procédés de pompiers-pyromanes de la part de certains acteurs publics qui condamnent le jour ce qu'ils encourageaient de nuit : « Ce sont ces mêmes pontes qui tirent les ficelles dans l'ombre parce que, comme vous savez, c'est aussi une autre façon de contrôler le pouvoir. Les discours de haine font partie des armes que ces personnes ou personnalités ont entre leurs mains pour diviser davantage, afin de mieux régner sur notre pays. »