En Tunisie, près d'une centaine de journalistes ont manifesté leur colère jeudi devant le syndicat des journalistes tunisiens après la condamnation de leur collègue Khalifa Guesmi à cinq ans de prison. Après la publication d'un article en mars 2022 sur le démantèlement d'une cellule terroriste à Kairouan au centre du pays, Khalifa Guesmi avait été arrêté et accusé de divulgation d'informations en violation avec la loi antiterroriste et le code pénal.
« Nous sommes des journalistes, pas des terroristes », ces slogans de colère sont criés par des journalistes qui ont brandi des pancartes de soutien ce jeudi en solidarité avec leur collègue Khalifa Guesmi. Sa condamnation à 5 ans de prison représente un coup dur pour la liberté de la presse. Il avait été condamné en novembre 2022 à un an de prison ferme, la Cour d'appel a fortement alourdit la peine.
« C'est la première fois qu'on a un journaliste condamné de cinq ans de prison. Cinq ans de prison ferme ! Dès l'indépendance jusqu'à maintenant, on n'avait pas de procès et de condamnation comme celle de Khalifa Guesmi. Khalifa Guesmi n'a pas commis un crime, il a juste publié un article, une information vérifiée et maintenant, il se trouve condamné à cinq ans de prison », s'insurge Mahdi Jelassi, le président du syndicat des journalistes tunisiens.
Pour Thameur Mekki, directeur de la rédaction du média indépendant Nawaat, il s'agit d'un retour en arrière clair. « Jusqu'ici, on parlait de menace contre la liberté de presse, on parlait de risque pour les journalistes, mais là, on voit bien qu'il ne s'agit plus d'une menace ou d'un risque, on voit bien que les sanctions sont d'actualité, des sanctions de prison ferme. »
Et les pressions sur les journalistes ne s'arrêtent pas là. Ce vendredi, Haythem El Mekki et Elyes Charbi, les deux têtes d'affiche de l'émission politique Midi Show sur la radio Mosaïque FM sont invités à comparaître devant la police judiciaire pour propagation de rumeurs touchant la sécurité intérieure.