Sénégal: Télécommunications - Le régulateur et les sociétés de téléphonie s'engagent à travailler au succès du roaming national

Dakar — L'Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) du Sénégal et les sociétés de téléphonie mobile se sont engagées, mercredi, à Dakar, à travailler ensemble au succès du roaming national, une innovation qui va permettre aux abonnés d'utiliser le réseau des concurrents de leur opérateur pour émettre et recevoir automatiquement des messages et des appels vocaux.

Les "travaux" à effectuer par les entreprises téléphoniques et l'ARTP étant lancés ce 17 mai, la date du 31 juillet prochain a été choisie comme celle de la "mise en oeuvre effective" de cette nouveauté au Sénégal, selon le directeur général de l'organe de régulation des télécommunications, Abdou Karim Sall.

L'innovation va permettre en même temps aux abonnés d'envoyer et de recevoir des SMS, de se connecter à Internet également lorsqu'ils sont en dehors de la zone de couverture de leur opérateur d'origine.

Les opérateurs téléphoniques ne doivent pas, en raison du roaming national, "se soustraire" à leurs obligations en matière d'investissement et de développement de leur réseau, a prévenu Abdou Karim Sall.

S'exprimant en présence des directeurs généraux des trois principales sociétés de téléphonie mobile du pays, M. Sall assure que l'ARTP veillera rigoureusement à ce que le roaming ne soit pas un obstacle au développement des réseaux et à la bonne qualité des services.

"Le roaming permet à l'opérateur qui n'est pas présent dans une localité d'y assurer la continuité de ses services au profit du client. Il le fait sans que ce dernier ne se rende compte qu'il se trouve dans une zone desservie par son opérateur", a expliqué le directeur général de l'ARTP.

Le but de cette innovation est d'offrir des services de communication électronique de qualité aux zones "mal desservies" du pays par les opérateurs, selon Abdou Karim Sall.

L'initiative offre en même temps l'opportunité aux opérateurs de téléphonie mobile de "mutualiser" leurs infrastructures et leurs prestations, a-t-il dit.

Un "cadre réglementaire adéquat"

Les opérateurs des trois principales entreprises téléphoniques du pays, Expresso Sénégal, Free Sénégal et la Sonatel, ont assuré l'ARTP de leur soutien à cette innovation.

Certaines dispositions sont nécessaires à la réussite de l'initiative, a souligné Fatou Sow Kane, la directrice générale d'Expresso Sénégal.

L'une des premières mesures à prendre consiste à identifier les zones susceptibles de faire du roaming national un "modèle économique viable", a dit Mme Kane en présence du directeur général de l'ARTP.

Le roaming doit aussi s'effectuer avec un "cadre réglementaire adéquat", a-t-elle souligné.

Mamadou Mbengue, le directeur général de Free Sénégal, a souhaité la "définition d'un catalogue tarifaire adéquat" entre les opérateurs.

Fatou Sow Kane, ainsi que M. Mbengue et Sékou Dramé, leur homologue de la Sonatel, ont invoqué d'importants investissements effectués par ces entreprises depuis quelques années pour assurer l'organe de régulation de la réussite de l'initiative.

L'Association de défense des usagers de l'eau, de l'électricité, des télécommunications et des services (ADEETELS), interrogée par l'APS sur ses attentes, dit inviter les opérateurs de téléphonie au respect de la "neutralité du réseau" offert.

C'est une nécessité pour la réussite du roaming national, selon la vice-présidente de cette association de consommateurs, Anne-Marie Sow.

"Le roaming étant régi par la réglementation des télécommunications internationales, nous espérons que l'ARTP sera en mesure d'assurer convenablement son contrôle", a-t-elle souligné.

"A l'autorité de régulation de faire son travail de contrôle et de veille"

"Au Sénégal, où le tourisme est un secteur important, il est crucial d'offrir une connectivité internationale fiable aux visiteurs étrangers", a ajouté la vice-présidente de l'ADEETELS.

La coopération entre les opérateurs, la qualité des infrastructures, la réglementation et la tarification sont les "défis" à relever, concernant le roaming, selon Anne-Marie Sow. "Ces aspects doivent être pris en compte pour que [l'initiative] soit efficace et bénéfique pour les usagers", a-t-elle souligné.

Il existe des mesures préalables à prendre avant l'application du roaming, a laissé entendre Alex Corenthin, un ingénieur des télécommunications. "A mon avis, il y a un problème économique qu'il faut résoudre au préalable. Le roaming, ça a un coût. Je m'étonne quand on dit que ce sera gratuit (gratuité de la réception des appels et des SMS pour les usagers). Les opérateurs se sont-ils mis d'accord pour que le transit vers leur réseau soit gratuit ?" s'est demandé M. Corenthin, se gardant d'en dire davantage du sujet.

"Je suis entièrement satisfait des mesures de régulation qui vont permettre aux consommateurs d'accéder régulièrement au réseau. Un autre motif de satisfaction : le consommateur ne paiera rien. Tout sera supporté par les opérateurs. Cela ne leur donne pas le droit de ne pas poursuivre leurs investissements en vue d'un meilleur accès aux réseaux", a dit à l'APS le président de l'Union nationale des consommateurs du Sénégal (UNCS), Ibrahima Dramé.

"Ça me rassure entièrement", a répondu le leader de l'UNCS lorsque la question lui a été posée de savoir si la gratuité de la réception des appels et des SMS pour les usagers est rassurante ou pas.

"A l'autorité de régulation de faire son travail de contrôle et de veille", a recommandé M. Dramé, l'un des invités de l'ARTP à la cérémonie de lancement des "travaux" préalables à l'application du roaming.

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