Cote d'Ivoire: PDCI - La posture peu convaincante de Bédié pour se dédouaner devant la défaite programmée aux élections locales 2023

S'avouer vaincu avant le début du combat. C'est le sentiment qui s'est dégagé, samedi dernier, du discours d'Henri Konan Bédié, président du PDCI. En parcourant son adresse, un constat saute à l'oeil : Bédié a jeté l'éponge avant même d'avoir livré bataille. Pourtant, gonflés à bloc, les candidats à la candidature de sa formation politique ont effectué nombreux le déplacement à Daoukro. Et ce, pour recevoir de lui un mot d'ordre clair qui devrait permettre à leur parti de relever la tête après les défaites enregistrées ces dernières années aux élections locales et nationales (municipales et régionales de 2018, présidentielle 2020 et législatives de 2021). Malheureusement, ils ont dû repartir très amers après les propos défaitistes tenus par l'homme censé galvaniser les troupes. Morceaux choisis.

« L'environnement général de l'organisation des élections nous est défavorable. D'abord parce que la liste électorale comporte de trop nombreuses anomalies. Au surplus, des doutes persistent quant à la fiabilité de l'identité de nombreux inscrits », accuse le président du PDCI qui ne s'arrête pas là : « L'organe régulateur du processus électoral, qu'est la Commission électorale indépendance (CEI) et l'instance juridictionnelle du contentieux qu'est le Conseil constitutionnel, souffrent toujours du préjugé de partialité en raison de la nature de leur composition. Tout ceci obère la crédibilité des scrutins et compromet par avance l'acceptation de leur équité. »

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Le président du PDCI dit-il la vérité en arguant que la liste électorale comporte de nombreuses anomalies ? Bien évidemment que non. Cette affirmation est loin de refléter la réalité du terrain. Ces anomalies dans le listing électoral n'existent que dans l'esprit de l'auteur de ces propos. D'autant plus que tous les Ivoiriens de bonne foi savent comment d'établit la liste électorale.

La base de cette liste, c'est celle établie en 2009. Ensuite, de manière régulière, il est procédé à sa révision. On y inscrit les nouveaux majeurs, entre autres. Les personnes décédées et celles qui ont perdu leurs droits civiques sont retirées de la liste. C'est un processus transparent. En effet, la révision de la liste électorale se fait au vu et au su de tous.

Une fois cette phase achevée, une liste électorale dite provisoire est affichée durant une période déterminée. Elle ouvre la période du contentieux. Durant laquelle, il est loisible à tout Ivoirien de contester, preuve à l'appui, l'inscription sur cette liste de X ou de Y. La liste définitive n'est affichée qu'après le contentieux.

Comme on le voit, dans un tel processus ouvert à tous, Bédié n'est pas fondé de parler d'anomalies sur la liste électorale, sans en apporter la moindre preuve. Le président du PDCI parle en plus de la fiabilité de l'identité de nombreux inscrits. Encore des propos dénués de tout fondement. L'avocat de formation qu'il est devrait apporter les preuves de ce qu'il avance. Il fera ainsi oeuvre utile pour permettre aux Ivoiriens d'aller aux urnes le 2 septembre prochain en toute quiétude.

Que dire des accusations portées sur la CEI et le Conseil constitutionnel? Ici encore le président du PDCI fait fausse route. Il ne dit pas de qui viennent les préjugés dont souffriraient ces deux organes dont la composition a été faite conformément aux lois du pays. Le PDCI ayant un représentant dans la Commission centrale de la CEI, ainsi que les autres formations politiques. Ces derniers cessent d'appartenir à leur formation politique, une fois qu'ils prêtent serment. Ils devraient à ce titre mériter la confiance de tous. Tous comme le sont les membres du Conseil constitutionnel. Même si contrairement à ce qu'avance le président du PDCI, cette instance juridictionnelle n'est pas concernée par les élections locales. C'est plutôt le conseil d'Etat qui gère le contentieux lié aux élections locales. On peut le dire, les arguments avancés par le premier responsable du PDCI ne visent qu'à discréditer le scrutin et à justifier sa cuisante défaite qui s'annonce.

On ne gagne pas une élection à la CEI

De plus, Henri Konan Bédié tente aussi de ternir l'image de la CEI qui serait dans son entendement à la solde de ses adversaires. Ici aussi, le natif de Daoukro se fait souvent prendre à son propre piège. Quand les résultats lui sont favorables, il applaudit des deux mains cet organe. On l'a vu en 2018. La victoire de ses poulains était normale à Port-Bouët et à Marcory, pour ne prendre que ces deux cas. Mais, il n'a pas accepté la défaite de son candidat à Grand-Bassam. En sport, on parle de mauvais perdant

Bédié devrait comprendre que ce n'est pas à la CEI qu'on gagne une élection. Si telle était le cas, Gilbert Koné Kafana, tête liste RHDP aux législatives du 6 mars 2021, n'aurait jamais perdu à Yopougon. La réalité des urnes est plus forte qu'une quelconque volonté des membres de Commission électorale indépendante. La CEI ne fait que compiler et communiquer les résultats obtenus par les différents candidats dans les bureaux de vote. Si le CEI avait le pouvoir de faire gagner une élection et en suivant la logique du président du PDCI, aucun candidat du RHDP n'aurait perdu une seule élection. Le RHDP dans ce cas aurait fait du 100% aux élections législatives de 2021. Au lieu de faire face à cette réalité, le président du PDCI trouve des boucs émissaires. Qu'il va accuser demain comme étant la cause de son échec. Et cela, en oubliant que son parti a été incapable de présenter des candidats sur l'ensemble du territoire national. Des indiscrétions annoncent 163 candidats sur 201 communes aux municipales et 27 candidats sur 31 régions. Si ces chiffrent se confirmaient, ils donneraient la preuve que d'un parti national du temps de Félix Houphouët-Boigny, le PDCI sous Henri Konan Bédié a perdu du terrain, beaucoup de terrain !

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