Long-métrage burkinabé sorti en mai 1989, « Yaaba » est une hymne à la tolérance.
L'histoire de Yaaba se déroule dans la région natale d'Idrissa, nommée Ouahigouya, au Burkina Faso. La trame du film met en lumière la relation particulière entre un petit garçon, Bila, et une dame âgée, Sana, traitée en paria au village et accusée de sorcellerie. Les villageois rendent Sana responsable de tous les maux qui leur arrivent. Ils n'hésitent pas non plus à incendier sa case pour la faire fuir.
Or, avec Bila, Sana se sent plus humaine car elle reçoit de ce petit garçon, et même de sa cousine, une considération que lui refuse le village. Bila se plaît à appeler Sana « Yaaba », soit grand-mère en dialecte. Et cela lui plaît énormément. Dès les premières images, le réalisateur Ouedraogo tisse la connivence entre les deux personnages. On peut y voir Sana participer à distance à la partie de cache-cache entre Bila et sa cousine Nopoko.
Au fil des images, Sana se montre bien plus altruiste que ses détracteurs. Quand Nopoko se retrouve contaminée par le tétanos à la suite d'une mauvaise blessure, Bila demande à Sana de partir à la recherche d'un remède pour soigner la petite fille. Ce, pendant que les villageois et les prétendus guérisseurs ne cessent de tourner en rond en pointant du doigt Sana.
Peu de temps après, la vieille dame rapportera les herbes qui guériront l'enfant avant de mourir, elle-même, toute seule dans les ruines de sa maison... Une fin assez émotive qui invite chacun à ne pas attendre la mort pour regretter les bonnes oeuvres qu'on aurait pu poser envers les autres.
Yaaba est le deuxième film d'Idrissa Ouedraogo, mais son tout premier long-métrage. Cette oeuvre de reconnaissance lui a valu, l'année de sa sortie, en 1989, le Prix de la critique remporté au Festival de Cannes ; le Prix spécial du jury au Fespaco ; le Grand Prix au Festival international du film de Tokyo. Son casting affiche plusieurs noms connus et méconnus : Fatima Sanga, Noufou Ouedraogo, Rasmané Ouedraogo, Roukietou Barry, etc.
Figure emblématique du cinéma africain, auteur d'une quarantaine de films, Idrissa Ouedraogo est mort le 18 février 2018 à Ouagadougou, à l'âge de 64 ans, des suites d'une maladie.