Madagascar: Présidentielle - Les catholiques refusent tout soutien à un candidat

La Conférence des évêques de Madagascar a publié une longue déclaration, hier. Elle y décortique la conjoncture nationale et y décrit sans ambages un profil du président de la République idéal.

La messe est dite. Dans une longue déclaration publiée, hier, à l'occasion de la fête de l'Ascension, la Conférence des évêques de Madagascar (CEM), a inséré une phrase qui devrait mettre un terme aux débats sur l'existence ou non d'un candidat à la présidentielle qui pourrait avoir les faveurs, voire le soutien de l'Église catholique. "Personne ne peut prétendre être candidat de l'Église catholique", assène ainsi la Conférence épiscopale. Bien qu'elle se trouve au milieu d'une déclaration fleuve, le fait que la CEM ait souligné ce détail n'est pas anodin. Il est de "tradition", en effet, qu'à chaque élection présidentielle, des candidats ou leurs partisans fassent courir le bruit qu'ils seraient "les favoris", d'une telle ou telle confession. Un argument qui fait souvent mouche chez une partie des fidèles.

Cette fois-ci, vraisemblablement, les évêques ont décidé de briser le tabou et de faire taire les rumeurs, en abordant de front le sujet. Une fois n'est pas coutume, outre les membres du bureau, l'ensemble des membres de la CEM sont cités comme signataires de la déclaration d'hier. Dans cette publication, les prélats catholiques réprimandent des pratiques infâmes constatées durant la pré-campagne actuelle. Ils notent, particulièrement, l'utilisation de la religion, des offices religieux comme des occasions de séduire des électeurs.

La Conférence épiscopale fait, par ailleurs, part de son inquiétude selon laquelle, "les agissements des politiciens et des éventuels candidats risquent d'être source de violences et de schismes au sein de la population". Faisant écho au Conseil oecuménique des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), la CEM s'évertue, toutefois, à mobiliser les citoyens à prendre activement part au processus électoral. Ceci, par l'inscription dans la liste électorale, le vote et la vigilance lors du décompte des voix, ainsi que la publication des résultats.

Celui pour qui voter

"Ne cédons pas à la tentation de s'abstenir de voter en raison des failles des précédentes élections", interpelle la CEM en soutenant que le vote est une preuve de patriotisme ainsi que la participation aux efforts individuels et communs pour la patrie. Les évêques affirment, du reste, que "le respect des lois et des règles, par tous, est la condition sine qua non d'une élection réussie".

La CEM souligne, au passage, que les tenants du pouvoir, les responsables de l'organisation du scrutin, les candidats et leurs partisans doivent donner l'exemple en matière de respect des lois et des règles électorales. Les évêques rappellent ainsi que cette exemplarité conduit aussi le respect des règles juridiques électorales par la population. "Le respect des lois et règles électorales par la population est d'une importance capitale", accentue la Conférence épiscopale. Revenant à la mobilisation citoyenne en vue de la présidentielle, les évêques recommandent aux électeurs de voter selon leur âme et conscience.

Et non pas se laisser influencer par les démonstrations de popularité ou les intérêts immédiats et passagers. Néanmoins, la Conférence épiscopale dresse un profil type du président de la République idéal, "de celui pour qui il faut voter". Pour la CEM qui porte la voix de l'Église catholique à Madagascar, le Président idéal doit donc être "juste et sage, patriote, respectueux de la loi et intransigeant sur la légalité". Les évêques ajoutent que le président de la République idéal doit également être "une personne respectable. Une personne qui ne fait pas de discrimination. Une personne qui n'est pas sous la tenaille ni des intérêts de son parti politique, ni des intérêts de sa famille, ni de ceux de région d'origine".

Selon la Conférence épiscopale, "ce dont nous avons vraiment besoin lors de cette élection, c'est d'une personne à l'écoute et fin prête. D'une personne qui a une vision claire pour sortir la population de l'extrême pauvreté dans laquelle elle se trouve. D'une personne qui ne rejettera pas la responsabilité de la situation à ses prédécesseurs. D'une personne qui s'ouvre aux autres et qui peut ouvrir le pays aux autres nations". Sur ce dernier point, les évêques se réfèrent à des mots du Pape François et arguent "qu'un patriotisme qui exclut les autres est source de division".

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