Agent de santé communautaire et artiste-peintre, Cheikh Tagourla déborde de passion pour la collection d'objets de valeur, comme les pièces de monnaie, les boutons de costume de hauts gradés de l'armée britannique et de pierres de jardin.
Chez cet habitant du village de Sinthiou-Mogo, dans le département de Matam (nord-est), le regard du visiteur est attiré par des récipients de différentes tailles remplies d'objets rares dont la valeur dépasse plusieurs millions de francs CFA. On y trouve presque les pièces de monnaie de tous les pays du monde entier.
Outre les francs CFA de l'UEMOA et de la CEMAC, sa collection comprend des pièces de monnaie très connues et d'autres plus rares encore. Certaines parmi ces dernières ne sont plus utilisées mais demeurent "très prisées par les collectionneurs et autres connaisseurs".
"J'ai toutes sortes de pièces de monnaie. J'ai ici des pièces de dollar, d'euro, de livre sterling, de livre turque, de yen, de renminbi (Chine), de franc suisse ou encore de dollar canadien, détaille le natif de Sinthiou-Mogo.
Une très grande partie de la collection est soigneusement rangée dans des récipients adaptés et utilisés pour la collection. Dans un sachet blanc sont précautionneusement gardées des pièces de 50 francs CFA d'une autre époque.
"Ces pièces n'ont plus cours légal aujourd'hui, car elles sont démonétisées. J'ai aussi des pièces de 100 francs, de 25 francs, de 10 francs CFA, qui sont très recherchées par les collectionneurs", signale-t-il.
Il collectionne également des pièces spécifiques de pays voisins du Sénégal, comme le franc malien, qui fut la monnaie du Mali. Sa collection comprend un specimen rare : une pièce à l'effigie de l'ancien président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor.
Le dollar libérien, le franc guinéen, le naira (Nigeria), le cédi ghanéen, le riyal saoudien, la lire italienne, le deutsche Mark, le franc français ou encore le peso (monnaie de plusieurs d'Amérique latine) font partie des pièces rares qu'il montre fièrement à ses visiteurs.
La friperie, sa principale source de collecte
Pour mettre la main sur ce trésor, Cheikh Tagourla se rend auprès des vendeurs de friperie. C'est en effet dans les vêtements d'occasion venant d'Europe, des Etats-Unis et d'autres pays de l'étranger, qu'il trouve les pièces garnissant sa collection.
Une pièce de monnaie peut coûter jusqu'à 10.000 francs CFA. Si la chance lui sourit, il peut trouver des pièces à tirage limité ou encore d'autres fabriquées avec des erreurs de frappe. Ces dernières sont vendues très chères sur le marché, confie le collectionneur.
Il peut y avoir une très grande différence entre deux pièces de 100 dollar américain, explique-t-il, soulignant que cette différence se trouve sur l'année, le tirage et la qualité. Son astuce consiste à utiliser de l'aimant pour s'assurer parmi deux pièces laquelle est originale. Leur prix varie, dit-il, selon les critères.
"On m'a une fois proposé trois millions de francs CFA pour toute la collection, mais j'ai refusé parce qu'elle vaut bien plus que cette somme. Je suis très patient et j'attends le moment opportun pour mettre la collection sur le marché", avance Cheikh Tagourla.
Le collectionneur vend parfois certaines de ses pièces, mais le plus souvent via l'internet. Il fait une simulation pour montrer la valeur d'une pièce de 100 $ (plus de 59 000 francs CFA) qui coûte 800Ꞓ (525 159 francs CFA) selon sa qualité et le type de tirage, alors qu'une autre peut coûter deux fois moins.
Le collectionneur ne garde pas seulement que des pièces de monnaie. Des boutons de costumes de hauts gradés de l'armée britannique, des médailles olympiques et des pierres de jardin, ornent aussi sa collection. Il rappelle avoir acquis près d'une vingtaine de boutons qu'il a enlevées d'un costume acheté à bas prix avant de les offrir à un ami.