Sénégal: Assemblée Générale élective de la Fédération Sénégalaise de Basket - Duel Babacar Ndiaye/Pathé Keïta, continuité ou rupture...

La Fédération sénégalaise de basket-ball (Fsbb) tient son assemblée générale élective le samedi 27 mai 2023. Le président sortant, Me Babacar Ndiaye, briguera un troisième mandat et mise sur la continuité s'il est réélu. De son côté, son challenger, Mamadou Keïta, dit Pathé, ambitionne de donner un nouvel élan au basket sénégalais. Les deux candidats ont moins de deux semaines pour convaincre les représentants des 110 clubs qui composent le corps électoral.

Ils ne sont finalement que deux candidats à briguer la présidence de la Fédération sénégalaise de basket-ball (Fsbb) pour les quatre prochaines années. L'un voudra, après huit années aux commandes, faire dans la continuité et parachever ses différents chantiers. Et l'autre, apporter un vent de changement pour donner un nouveau souffle à cette discipline qui bat de l'aile avec des résultats sportifs assez mitigés ces dernières années. Les électeurs devront, le samedi 27 mai 2023, choisir entre le président sortant, Me Babacar Ndiaye, et le président de Guédiawaye Basket Academy, Mamadou Keita dit Pathé.

Cette assemblée générale avait été initialement programmée pour le samedi 6 mai 2023, avant d'être reportée. Dans l'un comme dans l'autre camp, la confiance est de mise ; même si quelques points semblent diviser les deux adversaires. D'abord, la mise en place du Comité électoral autonome qui était une forte demande pour garantir des élections transparentes et qui a été mis en place avec, à sa tête, Me Seydou Diagne, président de la Commission juridique du Cnoss.

Gilbert Sidy Lamine Mbengue de la Direction des activités physiques et sportives (Daps) du ministère des Sports et Me Baba Diop, avocat, sont les deux autres membres. Selon Me Babacar Ndiaye, ce Comité électoral autonome, qui n'existe pas dans les textes de la Fsbb, a été mis en place pour permettre à ceux qui voulaient participer et qui avaient des doutes illégitimes de pouvoir se présenter. Et le président sortant de la fédération se défend d'avoir choisi les membres.

« Il y a pourtant des décisions qui ont été rendues par le Comité électoral et sur lesquelles je ne suis pas d'accord, mais, par principe, j'ai décidé de ne pas les critiquer. J'ai même dit à mes partenaires d'accepter la décision et d'aller aux élections. Ce Comité, c'était une réclamation. Nous devons donc nous soumettre à ses décisions », indique-t-il.

Le défi de la transparence des élections

Aujourd'hui, fait savoir Babacar Ndiaye, il y a un travail objectif qui est en train d'être fait et le processus suit son cours normal. « Je crois qu'on devrait leur faire confiance et non se mettre à les critiquer ». Son challenger rame à contre-courant. Pathé Keïta émet des réserves. Il croit dur comme fer que ce Comité ne peut pas garantir des élections transparentes. « Pour aller aux élections, il faut avoir certaines garanties.

Quand j'ai demandé le fichier, ils sont restés plus de quinze jours pour le sortir alors que mon potentiel adversaire en disposait depuis plus de deux mois. Ce même Comité a validé la candidature de Babacar Ndiaye et on ne sait sur quel critère, parce que la candidature de Baba Tandian avait été rejetée car il ne disposait pas d'un mandat d'un club. C'est le même cas, cette année, pour Babacar Ndiaye », explique-t-il.

Autre point de divergence : la suppression de la limitation des mandats. Me Babacar Ndiaye dit ne pas comprendre ce débat relatif aux textes pourtant adoptés depuis 2021 en Assemblée générale extraordinaire et approuvés par le Ministre chargé des Sports. Des textes qui, rappelle-t-il, ont été créés par le Cnbs en 2015, et qui ont révélé leur insuffisance.

Il y avait donc lieu de les parfaire, soutient-il. « C'est ce qu'on a fait en 2019 pour augmenter le nombre des membres du Comité directeur, puis du bureau fédéral et d'autres points. Le même procédé a été utilisé en 2021 pour supprimer la limitation des mandats électifs qui n'existe dans aucune discipline au Sénégal et dans le monde ».

Pathé Keïta parle de mauvaise foi de son adversaire. Pour la simple raison qu'en 2015 déjà, « il était le grand défenseur de la limitation des mandats ». Selon le candidat à la présidence de la Fsbb, il a défendu la thèse de la limitation des mandats et a voté les textes. « On ne peut pas accepter quelque chose en 2015, le défendre, le voter, le plaider partout et soutenir en 2021 le contraire.

Il prêche pour sa propre chapelle », laisse entendre Pathé Keïta. « On peut comprendre qu'après avoir fait deux mandats que ses aspirations d'ordre crypto-personnels et privés ne sont pas achevés, mais la limitation des mandats existe bien au niveau de la Fiba. Si nous pouvons donner l'exemple, tant mieux », soutient le président de Guédiawaye Basket Academy.

(In)cohérence des textes

Pathé Keïta, président de Guédiawaye Basket Academy, qui brigue la présidence de la Fédération sénégalaise de basketball juge la candidature de Me Babacar Ndiaye « illégitime ». Pour la simple raison qu'il n'est mandaté par aucun club. Ce qui, à ses yeux, constitue une violation de l'arrêté ministériel 12529//Mepgf du 31 août 1966 qui stipule « est électeur tout membre actif président ou dirigeant adhérant à une association locale de plus de six mois ».

Comme ses camarades de la Convergence pour le renouveau du basket sénégalais (Crbs) et de l'Union des basketteuses et basketteurs du Sénégal (Ubbs), M. Keïta n'est pas d'accord sur les modifications intervenues lors de l'Assemblée générale extraordinaire de 2021, notamment le droit de vote autorisé aux membres du Comité directeur sans être mandatés par un club.

Il est d'avis qu'on ne peut pas, sur la base des textes de 2015, les textes les plus consensuels de l'histoire du basket sénégalais, selon lui, valider la candidature de Babacar Ndiaye. Parce que, croit-il savoir, « on ne peut pas empêcher Baba Tandian de se présenter en 2015 et accepter la candidature de Babacar Ndiaye en 2023 ».

Pour sa part, le président Babacar Ndiaye parle d'incohérence, car, précise-t-il, l'article 31 du règlement intérieur et statuts dit que « la fonction de président de la Fsbb est incompatible avec celle de président d'une association sportive affiliée, par conséquent le président sortant n'a pas besoin de mandat de club pour se représenter ». Pour Me Ndiaye, on ne peut pas retirer à quelqu'un le droit de diriger un club quand il est élu président et lui exiger un mandat de club pour pouvoir se représenter.

Au niveau de la Fiba, relève-t-il, un candidat sortant n'a pas besoin d'un mandat de sa fédération pour se représenter. Il a, pour exemple, donné le cas de Mathieu Faye. En 2019, il avait postulé pour la présidence de la Zone 2 en sa qualité de membre sortant de la Fiba. Il n'avait pas été mandaté par la Fsbb. « Ce n'est donc pas une notion que la fédération a créée. On ne peut pas vous imposer un mandat de club pour pouvoir vous représenter ».

Les critères généraux pour être Président de la Fssb sont clairement définis par l'Article 7 du Règlement intérieur. Il faut « être mandaté par une association sportive et son nom doit figurer sur le formulaire de réaffiliation de la saison en cours ou être un membre élu sortant du Comité directeur ou être coopté par le Ministre en charge des Sports ».

Guerre des programmes

S'il est réélu le samedi 27 mai, le président sortant, Babacar Ndiaye, mise sur la continuité. L'instauration du professionnalisme ou du semi-professionnalisme en D1 avec la création de ligue d'élite figure parmi ses priorités. Tout comme la création d'une deuxième division d'élite qui va regrouper 20 ou 18 clubs à la place de la deuxième division de masse. Le pays sera divisé en deux conférences dont chacune comportera 8 équipes, compte tenu de la zone géographique, des distances.

Une troisième division forte sera lancée pour continuer la massification du basket. La construction d'un siège de la fédération de basket, la reconquête du titre chez les garçons, la participation de toutes les catégories aux compétitions, notamment U18 garçons et filles, sont en autres les chantiers sur lesquels compte Babacar Ndiaye s'il est réélu. Pour Pathé Keïta, tout est détruit dans le basket.

Il y a beaucoup de choses à faire. « Le niveau des infrastructures est dégradant. À Marius Ndiaye, le parquet n'est pas bon, ainsi que les panneaux. Il y a une période charnière, une à deux années pour essayer de tout remodeler, lancer les règles de la relance, parce que Babacar Ndiaye a détruit le basket », indique le challenger du président sortant de la Fsbb.

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