Cadre du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix), Maméry Koné se prononce sur la vague de ralliements au RHDP, les prochaines élections locales. Aussi explique-t-il pourquoi les Ivoiriens doivent résolument s'engager derrière le Président de la République, Alassane Ouattara. Non sans évoquer les difficultés de sa région, le Folon. Entretien.
On assiste depuis quelque temps à une vague de ralliements au RHDP. Quelle lecture faites-vous de la ruée vers votre parti ?
Un parti politique, c'est d'abord un idéal commun, un partage de valeurs. Aujourd'hui, nous assistons effectivement à des arrivées massives, en qualité et en nombre, au RHDP. Cela démontre la bonne progression de notre parti qui est né, il n'y a même pas cinq ans. Et surtout, un parti qui a été éprouvé par la perte de certains de ses hauts responsables notamment le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre Hamed Bakayoko, le président de l'Assemblée nationale Amadou Soumahoro. Il y a aussi la déception de nombre de nos militants qui avaient ce sentiment d'être abandonnés. Ces arrivées sont une bonne chose pour moi, et elles démontrent que la philosophie du président de la République commence à conquérir tout le pays. La base du RHDP s'élargit et cela est une très bonne chose avec la recomposition du paysage politique. Il faut encourager et encadrer ces arrivées massives. Mais, en même temps, elles suscitent des questionnements chez les militants qui s'interrogent sur leur positionnement à l'intérieur du parti. Ceux qui arrivent ne vont-ils pas prendre nos places ? Comment vont-ils travailler ? Comment les choses vont se passer ? Mais, il appartient à la direction du parti de rassurer les uns et les autres, à savoir ceux qui sont déjà là et les nouveaux venus. Chacun a sa place au RHDP qui est une grande maison. L'objectif, c'est de réaliser la vision du président de la République qui veut que la Côte d'Ivoire soit dans le peloton de tête des pays africains, et citée parmi les pays émergents. Pour moi, il y a de la place pour tout le monde. Ces arrivées prouvent que les Ivoiriens ont adhéré à la vision du président de la République.
Mais, l'opposition estime que ce sont des ralliements intéressés... et martèle prosaïquement que ceux qui rejoignent le RHDP vont au restaurant. Qu'en pensez-vous ?
Dire cela est péjoratif. Je ne crois pas que les personnalités qui rejoignent le RHDP soient allées au restaurant. Ce sont des gens qu'on connaît dans ce pays, qui ont des valeurs et estiment, peut-être, qu'ils n'arrivent pas s'exprimer là où ils sont. Ils ont donc naturellement décidé d'aller là où ils peuvent faire montre de leur talent au profit du pays. D'ailleurs, le parti au pouvoir, ce n'est pas un restaurant. Il essaie plutôt d'être le creuset de toutes les valeurs et de toutes les compétences. C'est donc au sein de ce parti qu'on peut créer la cohésion. Venir au RHDP, ce n'est pas aller au restaurant. On y va parce qu'on estime qu'on a quelque chose à apporter.
Justement que peuvent apporter de façon concrète ces ralliements au RHDP ?
Le RHDP est le rassemblement des houphouëtistes. Tous ceux qui se reconnaissent dans la philosophie d'Houphouët-Boigny doivent se retrouver dans ce parti. Donc, être houphouëtiste et militer au RHDP, c'est naturel. Maintenant qu'est-ce qu'ils peuvent apporter ? C'est la capacité de la direction du parti à les mettre en mouvement qui déterminera cela. Intrinsèquement, seul on ne peut apporter grand-chose. Mais, quand on est dans un appareil huilé, qui a un objectif précis, on peut se rendre utile. Tous ces cadres qui ont rejoint le RHDP peuvent apporter leur pierre à l'édification de ce parti afin que le pouvoir d'Etat reste encore RHDP pendant de longues années.
Le 2 septembre prochain auront lieu les municipales et les régionales. Redoutez-vous, avec la recomposition du paysage politique, une adversité plus forte qu'en 2018 ?
Non, je n'ai aucune crainte par rapport à ces scrutins. Je dirai simplement qu'il ne faut pas minimiser un adversaire politique. Il faut respecter l'adversaire et en même temps s'organiser. Bien entendu, il y a des zones qui seront difficiles. C'est pourquoi, la direction du parti doit travailler sur ces zones. Cela étant dit, je rappelle que le RHDP est la première force politique du pays au regard des résultats des scrutins précédents. Il appartient donc à la direction du parti de donner les moyens aux candidats afin que le RHDP conforte son hégémonie sur la scène politique.
Quelles peuvent être les clefs d'une victoire du RHDP ?
Le parti a de solides acquis et une bonne base. Ce qu'il faut faire, c'est de maintenir ce cap. Il faut écouter les militants, prendre en compte leurs préoccupations et travailler à faire en sorte qu'ils soient toujours engagés dans le combat politique. Tant que la base est solide et mobilisée, il n'y a pas de raison que nous n'ayons pas la victoire.
Pendant ce temps, l'opposition s'agite, et annonce, notamment le PPA-CI, la fin du pouvoir RHDP en 2025. Pour vous, ce sont des paroles en l'air ?
Pour moi, ce serait un miracle si le RHDP ne remportait pas la présidentielle en 2025 au 1er tour. Aujourd'hui, le FPI est subdivisé en petits partis. Je trouve le PPA-CI trop prétentieux. Pour que ce parti, qui est un sous-groupe du FPI, puisse remporter des élections au plan national, il faut qu'il soit représenté au nord. Or, là il y est inexistant. On ne peut pas gagner une élection présidentielle uniquement avec des électeurs du sud. A l'ouest et à l'est, le PPA-CI n'est pas majoritaire. Donc, venir dire à Yopougon que le régime Alassane Ouattara prendra fin en 2025, c'est un discours creux et vide. D'ailleurs, même l'ensemble des partis politiques réunis ne peut pas battre le RHDP. Il ne faut pas se leurrer. Pourquoi ? La raison est simple, il y a à la tête de ce pays, un homme qui a un bilan qui milite largement en sa faveur. Aucun Ivoirien ne peut dire que la Côte d'Ivoire n'a pas progressé, que les Ivoiriens ne vivent pas mieux, malgré les conjonctures et chocs exogènes. En 2011, quand il y a eu la crise postélectorale en Côte d'Ivoire, la Libye et la Tunisie étaient en révolution appelée le printemps arabe. Douze ans après, la Côte d'Ivoire est stable avec une croissance économique au-dessus de la moyenne mondiale. Ce qui n'est pas le cas de la Tunisie et de la Libye aujourd'hui. Nous devons être fiers du chemin parcouru avec Son Excellence Alassane Ouattara à la magistrature suprême. En effet, dans notre Côte d'Ivoire, nous avons le sentiment qu'il n'y a jamais eu de crise. Il n'y a aucun stigmate de la guerre, parce qu'un grand Monsieur a travaillé d'arrache-pied pour relever le pays. Il a parcouru le monde et s'est abattu pour que les investisseurs privés et institutionnels accourent dans le pays. Les Ivoiriens devraient implorer Dieu afin qu'il lui accorde la santé pour qu'il reste encore longtemps à la tête de ce pays. Avec lui, on a le développement, la paix et la stabilité. Je pense qu'on ne peut pas demander mieux.
Vous êtes cadre du Folon où il existe des rivalités fortes entre les cadres RHDP. Qu'est-ce qui explique cela ? Est-ce le choc des ambitions trop fortes ?
Cette situation n'est pas inhérente uniquement au Folon. Ces rivalités existent dans toutes les régions du pays. Vous savez, un parti politique, c'est le choc des ambitions personnelles. D'ailleurs, il faut souhaiter qu'il y ait des rivalités dans le respect de tous et chacun. Dans le Folon, nous nous battons pour sortir nos parents de la misère. Le Folon, c'est une région de 88 villages qui a beaucoup de problèmes et manque de certaines infrastructures, notamment, dans le secteur routier. Partout où on rencontre la misère, il y a énormément d'incompréhensions. Je profite de l'opportunité que vous m'offrez pour lancer un vibrant appel à tous les fils et filles du Folon afin que chacun apporte sa contribution au développement de notre région. Bien sûr dans le strict respect de notre devise union- discipline-travail.
A propos, quels sont aujourd'hui les besoins du Folon ?
MK : Le conseil régional, qui est un outil de développement, n'a malheureusement pas travaillé. Son bilan est largement en deçà de nos ententes. Si le conseil régional se limite à dépenser le budget mis à sa disposition par l'État alors il ne remplit pas pleinement sa mission au service du développement de notre région. Nous aurions souhaité que le conseil régional aille plus loin que les résultats enregistrés en 10 années d'exercice, eu égard aux difficultés qui étranglent nos parents. Par exemple, le conseil régional peut être un catalyseur local des investissements étrangers dans la région. Il peut inciter et accompagner les institutions et entreprises à monter des projets à présenter à des investisseurs étrangers pour exploiter le potentiel de la région, encourager les investissements locaux. Chez nous, le potentiel minier est là, de même que le potentiel agricole, le potentiel hydrologique. Malgré tout ce potentiel naturel, tout sommeille et la misère est grandissante.
Il y a des zones chez nous où le sous-préfet ne peut pas y mettre les pieds parce qu'il n'y a pas de routes. Ou encore, Il y a encore des villages où il n'y a pas d'eau potable, d'écoles primaires. A ces personnes qui traversent ces difficultés, que peut-on leur dire ? Nos parents se demandent même s'ils sont en Côte d'Ivoire. Et le secteur où les populations ont bénéficié de l'appui de l'Etat, c'est celui de l'électricité. Tous les 88 villages sont aujourd'hui connectés au réseau électrique. Cela est à saluer, mais en dehors de ça, la situation est difficile. Par exemple, à Toudougou, sous-préfecture de Goulia, il n'y a qu'un infirmier pour 19 villages. Le sous-préfet n'a pas de logement. Sa résidence est abandonnée depuis plus de dix ans. C'est la même situation à Tienko. C'est un cri du coeur que je lance. Il faut un plan spécial pour le Folon. Le potentiel est là. Le Folon peut beaucoup apporter à la Côte d'Ivoire ne serait-ce que ses plaines rizicoles, ses vastes plaines où l'on peut faire l'élevage de bétail. Il faut que l'Etat puisse investir dans le Folon et je suis certain que ces investissements vont booster le développement de la région.
En attendant, vous êtes déjà actif sur le terrain avec le reprofilage des voies, la mise en oeuvre d'activités génératrices de revenus pour les populations... Qu'est-ce qui sous-tend cette démarche ?
J'y suis né et j'y ai grandi. Je connais donc les besoins de notre région. Si nous demandons à l'État de nous venir en aide, il faut que chacun puisse apporter ce qu'il peut apporter. Il ne faut pas attendre d'être nommé à un poste de responsabilité pour se souvenir de ses parents. Ce que je fais, c'est partager ce que j'ai avec mes parents du Folon. Une route qui est reprofilée et un village qui est désenclavé, c'est des milliers d'opportunités qui s'offrent à lui. Je suis dans le secteur du BTP. De temps en temps, je reprofile des voies. Par exemple, nous avons fait la route de Nagabala, un village où on produit plus de 500 tonnes de maïs et riz par année mais les villageois ne pouvaient pas écouler, faute de route. Depuis trois ans que cette voie a été inaugurée, il y a un commerce énorme dans ce village qui accueille des commerçants maliens et guinéens. Plusieurs jeunes sont devenus prospères. D'ailleurs, ces populations viennent de rendre hommage au chef de l'État pour ces nombreuses actions posées en leur faveur. C'est cela le développement et c'est ce rêve que nous poursuivons. C'est pourquoi, chaque fois qu'il y a des problèmes sociaux, nous aidons les parents comme nous le pouvons. Je me rappelle qu'en 2018, les élèves du lycée moderne de Goulia, faute d'électricité, passaient l'examen de fin d'année à Minignan, situé à près de 100km. J'ai dû électrifier le lycée et depuis que les examens s'y passent, le taux de réussite a augmenté. Pour moi, que chacun apporte quelque chose à son niveau.
Nous sommes au terne de notre entretien. Avez-vous Un message particulier à lancer ?
Je voudrais d'abord dire aux Ivoiriens qu'Alassane Ouattara est une bénédiction. C'est la preuve que Dieu n'a pas abandonné ce pays, que la guerre n'est pas une fatalité. Au sortir de la guerre, Dieu nous a donné un grand homme épris de paix et profondément croyant et qui aime travailler. On prie pour qu'il continue d'administrer ce pays. Sous son pouvoir, on a connu un deuxième miracle économique. Le pays est stable politiquement et économiquement. La Côte d'Ivoire est enviée par tous les pays environnants. Je souhaite que nous continuions à vivre encore longtemps dans cette atmosphère de paix et de concorde. Si le président de la République décide d'être candidat en 2025, je le voterai ainsi que tous ceux qui me soutiennent. Et je souhaite que les Ivoiriens en fassent autant. Il y va de la prospérité de ce pays et de la tranquillité pour chacun. Ensuite, pour le Folon, je dirai que le désespoir n'est pas permis. Qui vivra verra. Nous continuerons d'accompagner nos parents, d'être à leur disposition.