Ile Maurice: IDAHOBIT - Plaidoyer pour le «Gender Equality Bill»

Pour marquer la Journée internationale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie (IDAHOBIT), qui a été observée mercredi, le Collectif arc-en-ciel (CAEC) a tenu une conférence de presse en présence de ses divers partenaires afin de passer en revue la situation à Maurice. Le Gender Equality Bill a été évoqué à plusieurs reprises.

Le président du CAEC, Ryan Ah Seek, a expliqué que, cette année, le thème choisi est Together always: united in diversity. Par la suite, Milko Van Gool, chef de coopération de la délégation de l'Union européenne (UE) à Maurice, a réitéré l'engagement de l'UE auprès de la communauté LGBT à Maurice. Cela se traduit à trois niveaux, a-t-il expliqué. Premièrement, au niveau politique, le dialogue avec les autorités est constant.

Ainsi, il y a eu des recommandations pour l'élaboration de la Children's Act et le travail est en cours pour le Gender Equality Bill. Pour rappel, ce projet de loi avait été annoncé en février 2018 par la ministre de l'Égalite des genres d'alors, Fazila JeewaDaureeawoo, et l'assistance de l'EU avait été mentionnée. Cette loi, a dit Milko Van Gool, mettra un terme à la criminalisation des relations entre personnes du même sexe. «Il faut aussi mettre en place des protections adéquates contre les crimes haineux.

De plus, il faut que la police et le judiciaire soient totalement formés pour gérer ce type de cas», a-t-il rajouté. Au niveau institutionnel, Milko Van Gool a avancé que l'UE assiste le bureau de l'Ombudsperson et le National Human Rights Committee en finançant des programmes sur la protection des droits humains. Finalement, sur le terrain, l'UE travaille en collaboration avec le CAEC et la Young Queer Alliance, et a annoncé que, bientôt, Rodrigues fera aussi partie du programme.

Quant à Jean-Daniel Wong, directeur du CAEC, il a expliqué qu'à Maurice, nous vivons «in peace, justice and liberty». «Il n'y a pas de raisons à ce que la communauté LGBT, qui représente 15 % de la population, ne soit pas incluse. Personne ne peut être considéré comme un citoyen de seconde zone. Il y a quelques semaines, des membres de l'équipe ont été refoulés à l'entrée d'une boîte de nuit.»

Revenant sur le Gender Equality Bill, le directeur a fait savoir que le projet de loi devrait prendre en considération les personnes transgenres ainsi que la diversité des genres, et criminaliser toutes les formes de violences et exclusions.

Dans la foulée, Jean-Daniel Wong a parlé des activités que le CAEC a prévu de lancer durant le mois de juin. Il y aura une campagne de sensibilisation dans les entreprises. Un café sera aussi lancé bientôt. Le programme en cours comprend la thérapie par l'art et des séances de counselling pour les parents.

Henry Jardine, l'ambassadeur des États-Unis à Maurice, était aussi présent à l'événement. «Nous avons un partenariat constant avec les ONG locales. Nous essayons aussi de faire des recommandations auprès des autorités en ce qui concerne la communauté LGBT. Nous avons aussi un envoyé spécial sur ce sujet et qui s'occupe principalement de tous les problèmes de la communauté à travers le monde, que ce soit les lois antiLGBT et la discrimination, entre autres.» Revenant sur le Gender Equality Bill, l'ambassadeur a dit que tous les efforts pour mettre fin au «gender gap» sont louables car les distinctions basées sur le genre sont contraires aux droits humains universels.

Young Queer Alliance : des chiffres parlants

Pour marquer cette journée, la Young Queer Alliance a émis un communiqué qui met en avant les statistiques concernant la communauté LGBT à Maurice. Ainsi, 56 % disent n'avoir aucun problème avec la communauté LGBT. Selon une étude réalisée par cette ONG l'année dernière, le nombre de personnes qui vivent avec leur partenaire a doublé en cinq ans. De 5,6 % en 2017, le nombre est passé à 11 % en 2022. 62,8 % des personnes de la communauté se sont ouvertes sur leur orientation sexuelle à leur fratrie, contre 53,5 % il y a cinq ans. Quant à la même ouverture vis-à-vis des parents et des autres adultes de leur famille, il y avait 29 % en 2017, et 41,7 % l'année dernière.

Mais tous les chiffres ne sont pas aussi encourageants. 61,5 % de la communauté font toujours face à la discrimination et 45,4 % sont victimes de violences dans le cercle familial, dans le milieu éducationnel, dans la rue, sur le lieu de travail, dans les transports publics et dans la société en général. Il a aussi été noté que 81,2 % vivent toujours au sein de la cellule familiale et de cette tranche, seuls 29,8 % sont ouverts sur leur sexualité, et 61,6 % font face à des problèmes d'anxiété ou de dépression.

Ces problèmes, ajoutés au manque de réformes institutionnelles et légales, font que les membres de la communauté LGBT se voient dans l'obligation de quitter leur famille et le pays pour chercher asile ailleurs. «It has been foreseeable that the rise in queer activism would have resulted in the rise in far right and anti-human rights funded organisations to flourish to oppose the equal rights that LGBTQ people are entitled: 'All human beings are born free and equal in dignity and rights.'(...) However, likewise to all democracies, we have also witnessed that oppressors do not stand the test of time as human rights are a shared value, and love and humanity are bigger than any hate in the world», fait ressortir le document.

Le rôle de la religion

Le thème choisi cette année doit être une réflexion pour les corps religieux sur la façon dont la diversité nous a permis d'arriver là où nous en sommes. «Il est primordial que les organismes religieux fassent preuve de compréhension et de compassion envers le fait que les personnes LGBTQ concilient leur identité personnelle à leur identité religieuse face aux défis et pour la paix mentale. Les personnes LGBTQ fréquentent des lieux de culte et si elles ont le sentiment que ces espaces ne sont ni sûrs, ni accueillants, ni inclusifs, leurs liens entre eux-mêmes et leur foi restent personnels, inébranlables et sacrés.» D'où l'appel à ces corps, qui ont un rôle prépondérant auprès des minorités et ceux qui peinent à faire entendre leur voix, à étendre leur protection et à ouvrir leurs lieux comme étant des espaces sûrs et inclusifs pour les personnes LGBTQ, et de promouvoir le soutien familial et l'inclusion envers les personnes LGBTQ.

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