Afrique: L'inflation de la guerre

«Depuis l'aube de la conscience jusqu'au milieu du XXe siècle, l'homme a dû vivre avec la perspective de sa mort en tant qu'individu ; depuis Hiroshima, l'humanité doit vivre avec la perspective de son extinction en tant qu'espèce biologique.»

Cette phrase de l'écrivain Arthur Koestler résonne alors que le G7 se réunit cette semaine à Hiroshima. Sans rancune aucune, voire avec la légendaire hospitalité nippone, le Premier ministre Fumio Kishida accueille Joe Biden et les autres dirigeants des pays les plus avancés. Pour offrir une meilleure représentativité du monde, il a aussi convié les dirigeants de l'Inde, du Brésil et de l'Indonésie. Le peuple japonais a pardonné, mais n'a pas oublié !

Avant les pourparlers, les dirigeants vont se recueillir au Mémorial de la paix d'Hiroshima, qui a gardé intactes les terribles cicatrices de la guerre atomique qui a détonné les 6 et 9 août 1945 ; des souvenirs qui demeurent impérissables malgré le temps qui passe. Ceux qui ont l'arme nucléaire seront-ils sensibilisés à ne plus presser sur le bouton rouge, si tant qu'on souhaite sauvegarder l'humanité dans toute sa diversité ? Le double objectif du G7 : 1) convaincre les États, non alignés, à faire pression sur la Russie afin qu'elle se retire de l'Ukraine ; 2) adopter une position commune sur la Chine qui ne veut plus jouer les seconds couteaux.

En raison de la menace nucléaire aux portes de l'Europe, l'Ouest ne va probablement pas affronter directement la Russie au théâtre ukrainien. Cependant, si le conflit s'aggrave, sous la pression des faucons internationaux qui vivent de l'économie de la guerre (quelque peu en pause depuis le retrait massif des soldats en Afghanistan), de nouvelles questions relatives à l'ordre mondial vont se poser. Quel sera l'avenir du capitalisme après le conflit ukrainien ? Comment le libreéchange va-t-il évoluer avec la Chine et l'Inde qui refusent de condamner la Russie ? En d'autres mots, est-ce que l'ordre mondial, issu de la disparition de l'empire soviétique (dont Poutine est nostalgique) et dominé depuis lors par les États-Unis, peut-il être durablement stable ? L'ordre mondial sera-t-il confronté à des tensions et à des contestations susceptibles de déboucher sur le retour de conflits majeurs ? Ou est-ce que l'économie mondiale, avec le poids de la Chine, deviendra-telle un champ de bataille permanent ou un théâtre de guerre de plus en plus violent, où les petites économies insulaires vulnérables au changement climatique seront marginalisées ?

%

En attendant, la toile de fond n'est déjà pas simple avec l'inflation internationale, avec des niveaux inédits depuis plusieurs décennies. Comme la guerre, beaucoup pensaient que cela n'allait jamais se produire, estimant que, dans une économie mondialisée, l'inflation ne pouvait pas grimper de la sorte. Et pourtant ! Au-delà des causes conjoncturelles comme la pandémie ou la guerre en Ukraine, l'on devrait tenir compte des facteurs structurels : le coût exorbitant de la transition énergétique (d'où la dépendance sur les énergies fossiles malgré les belles paroles tenues à la COP 26), les niveaux record d'endettement public (malgré les artifices de certaines banques centrales; la nôtre a tellement épuisé ses réserves qu'elle ne peut plus faire grand-chose pour les consommateurs) ou encore le vieillissement de la population mondiale... n

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.