Sénégal: Babacar Diagne, une autorité naturelle sur le secteur audiovisuel

Dakar — Le président du Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) Babacar Diagne, parrain du prix télévision du gala 2023 de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS), jouit d'une autorité naturelle dans le domaine de l'audiovisuel où son expertise ne souffre d'aucune contestation.

Des années après la fin de sa carrière active de journaliste, l'ancien directeur général de la radiotélévision sénégalaise (RTS, publique), entre 2006 et 2012, continue de fructifier son capital-compétence, en misant sur l'écoute et le dialogue. Des qualités qui l'ont conduit à occuper des postes parmi les plus prestigieux de la diplomatie sénégalaise.

Diagne a été ambassadeur en Gambie (2012-2014), dont il a presque réussi à normaliser les relations avec le Sénégal, sous le règne de Yahya Jammeh. Une prouesse diplomatique s'agissant de ce dirigeant tout ce qu'il y a de plus autoritaire. Un voisin peu commode en raison de son hostilité supposée ou réelle au voisin sénégalais.

Il y a surtout qu'il fallait faire avec Jammeh, le ménager pour tous les efforts visant le retour d'une paix définitive en Casamance, région frontalière de la Gambie où opérait une rébellion armée.

Babacar Diagne a su faire le travail comme il faut, contribuant à contenir les effets pas toujours attendus du tempérament survolté du dirigeant gambien de l'époque, considéré comme une des pièces maitresses du retour à la normale en Casamance dont certains groupes rebelles seraient des protégés de Jammeh qui les accueillerait sur son territoire.

Le brillant manager des médias, comme peut-être personne avant lui, a su tirer comme personne son épingle de ce jeu relevant à la fois de la vraie diplomatie et du bon voisinage. Et d'une certaine manière, son action a préparé et fortement contribué à la bonne entente qui caractérise depuis quelques années les relations entre les voisins sénégalais et gambien.

Il n'était donc pas étonnant de le voir représenter le Sénégal à Washington, au coeur supposé du pouvoir mondial, quelques années plus tard (2014-2018). Une transition bien naturelle pour celui qui a commencé comme professeur d'anglais au lycée Gaston Berger de Saint-Louis (1977-1978). Sauf que la langue ne peut seule suffire pour faire de la bonne diplomatie.

Il faut de toutes autres aptitudes. De fait Babacar Diagne, au-delà de ses compétences professionnelles, peut se targuer d'avoir réussi à prendre la bonne mesure de la culture sénégalaise, d'une certaine éducation, faite de courtoisie, de tolérance, de capacité de dialogue. Toutes choses que certains "extrémistes" des médias détestent dans l'action de Babacar Diagne à la tête du CNRA où son sens du compromis donne toute sa force à l'art de la régulation.

Pour ceux qui ne le savent pas, l'ancien directeur de la Télévision nationale était la personne indiquée après Bacacar Touré pour présider aux destinées du CNRA. Ce dernier ne s'y est pas trompé, qui l'a presque contraint à lui succéder à la tête de l'organe de régulation.

Son cursus l'y préparait, malgré toutes les critiques et les cris d'orfraie, mais peu savent que Babacar Daigne n'était pas emballé. Tout jute considère-t-il cette mission comme un service patriotique. Dans le vrai esprit de la mission de service public qu'il s'est évertué à accomplir toute sa carrière durant au sein de la Radiotélévision sénégalaise. Comme journaliste et chef de desk d'abord (1981-1984), rédacteur en chef du journal télévisé (1984-1990), directeur de la Télévision nationale (1990-2000).

Il n'est pas dit que son action n'a pas d'impair. Mais il faut, pour faire bonne mesure, convoquer le contexte médiatique de l'époque, caractérisé par un cadre institutionnel pas franchement favorable au pluralisme audiovisuel. Il reste que d'avoir évolué dans un contexte aussi peu favorable, donne à Babacar Diagne une pleine conscience des enjeux de l'audiovisuel, dans un contexte où les réseaux sociaux ou autres médias ont tendance à induire une déréglementation généralisée.

Tenir la barre contre cette bourrasque n'est pas le moindre des mérites qu'on peut trouver à Babacar Diagne, considéré par beaucoup comme un as de l'audiovisuel, comme diraient certains qui l'ont côtoyé intimement.

S'il faut vraiment arbitrer, apaiser dans les moments difficiles et montrer la bonne voie, il est à parier que la plupart des contempteurs de l'actuel président du CNRA peuvent volontiers se contenter de sa clairvoyance et de son ancrage traditionnel, sans qu'ils le disent ouvertement.

Surtout dans le cas de celui dont le savoir-faire a été démontré. De même que son sens de l'humain et sa finesse d'esprit que lui reconnaissent même ses adversaires. Tout le monde ne peut pas se tromper. Il n'a pas occupé pour rien autant de postes les uns plus stratégiques que les autres.

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