Dar es Salaam — "Nous sommes reconnaissants à Dieu pour une Église jeune aux racines étendues et croissantes", affirme Mgr Gervas John Mwasikwabhila Nyaisonga, Archevêque de Mbeya et président de la Conférence épiscopale de Tanzanie, dans un entretien accordé à l'Agence Fides.
L'Église en Tanzanie a célébré en 2018 sa mission dans le pays et regarde maintenant l'avenir avec quels yeux ?
Nous sommes reconnaissants à Dieu pour cette jeune Église aux racines étendues et croissantes, comme en témoigne le nombre de baptêmes et de vocations sacerdotales et religieuses, tandis que le pourcentage de personnes restant dans l'Église catholique est également très élevé. Nous voyons donc avec espoir la croissance de l'Église en Tanzanie, une croissance qui découle du fait que la foi est bien enracinée dans notre communauté. Les fidèles essaient d'imiter le Christ, de vivre la vie du Christ. Il existe une bonne coopération entre tous les membres de l'Église, prêtres, religieux et laïcs ; tous se sentent partie prenante de la mission d'évangélisation, chacun selon son propre charisme.
D'autre part, nous sommes affectés par les défis posés par la modernisation et la mondialisation. La société devient chaque jour plus complexe. La rencontre entre la culture traditionnelle et la culture occidentale provoque un choc. Cela conduit un nombre restreint mais significatif de fidèles à quitter l'Église catholique. À cette réalité culturelle s'ajoutent des facteurs économiques et sociopolitiques qui ont un impact sur les fidèles. Tout d'abord, le chômage des jeunes : nous avons un grand nombre de jeunes qui ne trouvent pas de travail à la fin de leurs études. L'Église doit être présente à leurs côtés et leur montrer comment vivre dignement malgré le manque d'emploi.
Pour relever ces défis, nous avons besoin d'un nombre encore plus important de prêtres formés, capables de se rendre dans différentes régions du pays et dans différents cercles sociaux pour offrir des conseils et une assistance à des personnes de catégories et de conditions différentes.
Et les jeunes sont les plus exposés aux influences culturelles extérieures ?
Le monde étant globalisé, les jeunes ont accès à différentes sources d'information et d'influence culturelle. Nous ne disons pas que les influences extérieures sont malveillantes, mais elles créent souvent un choc chez les gens. Tout dépend des sources auxquelles les jeunes s'adressent pour s'informer ou se divertir. Les médias peuvent être utilisés à des fins positives ou négatives, pour encourager la participation des gens, favoriser leur développement culturel ou semer la discorde. Les questions à se poser sont donc les suivantes : "vers qui vous tournez-vous pour obtenir des informations ?" et "qui vérifie l'authenticité de ce que l'on vous dit ? Les influences extérieures peuvent venir du monde entier, non seulement du nord et de l'ouest, mais aussi de l'est et du sud. L'important est de vérifier ce qui nous est rapporté.
Que pouvez-vous nous dire sur les récents actes de profanation d'églises en Tanzanie (voir Fides 15/5/2023) ?
Certaines personnes responsables de ces actes ont été arrêtées et la police enquête. Nous attendons les conclusions des enquêtes pour connaître les motivations de ces profanations. D'après les premières informations, il ne semble pas que tous ces actes aient les mêmes motivations ; certains semblent être des actes criminels.
Comment se déroulent les relations avec les autres religions ?
Elles se déroulent très bien, tant au niveau œcuménique qu'au niveau interconfessionnel. Nous vivons fraternellement avec nos frères des autres confessions chrétiennes et avec les musulmans. Nous nous rencontrons fréquemment avec tout le monde et il n'y a pas de raison de se confronter.