Ile Maurice: Renvoi des élections municipales - L'opposition évoque la panique de Pravind Jugnauth

La nouvelle est tombée hier. Le conseil des ministres a agréé à la décision d'introduire un énième «Local Government (Amendment) Bill» afin de repousser les élections municipales de deux ans. La réaction de l'opposition parlementaire n'a pas tardé et d'une seule voix, elle parle de lâcheté.

Aucune raison n'a été avancée pour cet amendement. Patrice Armance, «whip» de l'opposition, déclare d'emblée que cette loi est une loi rétroactive car en 2015, les citadins avaient voté et élu les membres des conseils municipaux pour six ans. «Or, là, on leur annonce que finalement, leurs élus seront là pour dix ans, sans leur accord», déplore-t-il. Il se demande aussi la raison pour laquelle le Premier ministre a choisi le conseil des ministres pour annoncer sa décision. «La seule motivation pour justifier cette décision, c'est la peur de l'électorat urbain», dit-il. Quant au Covid-19, il rappelle que c'était un prétexte de toute façon car ailleurs dans le monde et même à Rodrigues, les élections ont eu lieu pendant la crise sanitaire.

Le même argument est mis en avant par Deven Nagalingum, député du Mouvement militant mauricien (MMM) et responsable de la commission des collectivités locales. Il ajoute que cette fois, il n'y a aucun prétexte. «Je sais qu'au sein du parti, il y a deux courants qui s'opposent. C'est la raison pour laquelle dans certains endroits, le développement a commencé il y a peu.» Toujours est-il qu'il est persuadé que si le Mouvement socialiste militant va aux élections actuellement, ce sera un «baté bef», et c'est la raison principale expliquant le renvoi.

%

«On a parlé de la municipalisation, qui sera probablement brandie. Nous ne sommes pas contre, mais pourquoi à la veille des élections ? Il aurait pu les organiser, et par la suite, mettre en place des comités interministériels pour lancer le projet», dit Deven Nagalingum. Il estime aussi que les collectivités locales sont la base de la démocratie car ce sont ces élus qui sont en contact avec la population tous les jours. «Aujourd'hui, les villes sont dans un état déplorable, il n'y a plus de proximité», soutient-il.

Pour Ritesh Ramful, secrétaire général du Parti travailliste, Pravind Jugnauth se sauve. «Je demande à tous d'occuper chaque centimètre de terrain», dit-il. Quant à Rajesh Bhagwan, secrétaire du MMM, et qui a été maire à trois reprises et ministre des Administrations locales, il souligne que depuis les dernières élections municipales, il n'y a plus de développement. «Tous les projets sont annoncés par le ministère des Finances ou la National Development Unit. Les municipalités ont été reléguées au second plan», déplore-t-il. Il réitère que Pravind Jugnauth prive la moitié des circonscriptions de leur droit de vote.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.