Alors que plus d'une vingtaine d'opposants politiques ont été arrêtés depuis la mi-février sans compter les pressions judiciaires sur plusieurs journalistes, un collectif d'associations de la société civile et des juges ont organisé un colloque international dédié à l'indépendance de la justice ce samedi.
Dans un contexte où les rassemblements politiques et manifestations sont circonscrites et surveillées, une pléiade d'opposants, juges, défenseurs des droits mais aussi représentants internationaux sont venus assister à cet état des lieux d'une justice, sous pression.
Plus d'une centaine de personnes sont présentes à ce séminaire international pour une justice indépendante...Ouajah Jabeur est chargé de programme dans le réseau associatif Euromed Droits. « La question du pouvoir judiciaire est indissociable de la question des droits et des libertés. On peut pas revendiquer des droits, on peut pas garantir un procès équitable si on a pas une justice, efficace et indépendante ».
Depuis la dissolution du conseil supérieur de la magistrature et la révocation de 57 juges par la Présidence de la République en 2022, la justice est sous pression. « On met les gens en prison à cause de rapport de police, sans pour autant leur adresser des chefs d'accusation et ça devient coutumier ».
José Igreja Matos, président de l'Union internationale des magistrats s'inquiète de cette dérive du pouvoir. « Il faut dénoncer, il faut avoir une voix publique, évidemment on ne veut pas mélanger ou interférer avec la situation interne du pays, ce n'est pas notre rôle mais seulement alerter. »
Le 18 mai, un enseignant de Gafsa au sud-ouest tunisien a été traduit en justice pour un statut facebook critique du Président Kaïs Saïed. Le 23 mai prochain, deux jeunes passent devant le tribunal de Nabeul au nord -est du pays pour une vidéo satirique sur la police et la loi contre les stupéfiants...