Tunisie: En marge des dernières précipitations - Pas de raison de revenir sur les décisions prises

Les dernières précipitations constituent une manne du ciel certes, mais ce n'est qu'un sursis. Nous vivrons, d'après les prévisions, un été encore plus chaud que celui de l'an passé, l'hiver risque aussi d'être tardif et la pluviométrie est en nette régression.

Pour la première fois depuis..., très, très longtemps, nous n'avons pas eu le plaisir d'entendre un responsable d'une organisation agricole se féliciter pour ce qui se passe.

Il n'a toujours été question que de ces éternelles jérémiades relatives aux fourrages, aux intrants, aux taxes, aux augmentations de prix de revient et bien entendu l'absence totale de pédagogie de nature à tranquilliser le citoyen consommateur.

«Il suffit que l'on dise dans une des radios que les producteurs de lait sont dans la zone rouge (allez comprendre ces affirmations alors que l'on est en pleine période de haute lactation) pour que nos ventes de lait reprennent une accélération contre nature. Nous avons été obligés, pour ne pas tomber en fin de stock, de réimposer les deux litres à la fois pour chaque client», nous a affirmé un chef de rayon d'une grande surface. Le ton dramatique emprunté et les éléments évoqués échappent au consommateur, lui font perdre toute possibilité de réflexion.

De peur d'être pris de court, il sur-stocke et par voie de conséquence déséquilibre le marché.

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C'est ce qu'on appelle de la mauvaise pédagogie adoptée par ceux qui font tout pour expliquer à ceux qui veulent les entendre que «cela va mal !» et que tout est devenu difficile depuis que les choses ont changé.

Le remplissage des barrages n'est point l'essentiel

Ils oublient que la destruction de tout ce que les anciennes générations ont peiné à mettre en place est la conséquence de la politique du chacun pour soi qui a favorisé la spéculation, les passe-droits et l'inconscience de la chose publique.

Pour revenir aux déclarations de ce responsable agricole, qui parlait des dernières précipitations, en insistant sur une chose très simple : le remplissage des barrages, ce n'est point l'essentiel.

Ce qui l'est, c'est le bienfait que ces précipitations font pour tous les genres de végétations, les arbres fruitiers, les légumes, les oliviers, etc., et surtout la renaissance des nappes phréatiques qui servent à alimenter tout ce que nous produisons.

Les barrages nous permettent d'avoir de l'eau potable, mais calculée en pourcentage la consommation n'est pas aussi importante qu'on le croit. En effet, on se préparait à utiliser ces eaux retenues pour éviter le dépérissement de ce qui a été planté comme légumes, éviter l'élimination de lots importants d'arbres fruitiers et mettre dans la dèche les petits agriculteurs ou producteurs qui vivotent de ce qu'ils réussissent à faire sortir de terre.

Préparer le pays à la sécheresse

C'était un langage de sagesse qui devrait motiver davantage ceux qui veillent sur ce secteur, étant donné que les dispositions prises pour économiser l'eau étaient entrées en vigueur.

Et ce ne sont pas les dernières précipitations qui devraient tout changer. Elles nous ont seulement donné un petit sursis.Nous devons absolument garder l'ordre de marche établi, consolider ces nouvelles habitudes, prêter attention à la consommation effrénée et continuer l'application de toutes les dispositions prises pour préparer le pays à une sécheresse que le monde entier craint.

La nature semble avoir décidé de punir ceux qui n'ont pas pris soin d'elle. Le monde entier s'équipe, a mis en branle ses chercheurs pour découvrir de nouvelles façons d'économiser l'eau.

A ce propos, l'utilisation de l'eau dans les différents secteurs agricoles, industriels et... médicaux (les dialyses par exemple) de nos jours n'obéit à aucune restriction.

Il faut que cela cesse et que nous nous mettions sérieusement au travail pour exploiter les moyens que de nombreux pays ont déjà mis en application pour ne rien négliger.

La visite d'une délégation américaine spécialisée dans l'assainissement des eaux usées est de nature à ouvrir un chantier important qui est en mesure de donner l'occasion de tirer le maximum de ces eaux que l'on déverse dans la mer sans penser à l'utiliser.

Nous vendons notre eau

Il faudrait reconnaître que la Tunisie, pour son commerce extérieur, vend non pas seulement ses fruits et ses légumes, mais aussi son eau. Celle avec laquelle elle produit, alors que c'est un pays qui a besoin d'en économiser. Les calendriers établis, les prévisions énoncées, les engagements pris et toutes les décisions arrêtées sous la contrainte de la sécheresse qui s'annonçait doivent être respectés. Ces dernières précipitations constituent une manne du ciel certes, mais ce n'est qu'un sursis. Nous vivrons, d'après les prévisions, un été encore plus chaud que celui de l'an passé, l'hiver risque aussi d'être tardif et la pluviométrie est en nette régression.

Nos barrages ne sont pas nos seules garanties. Il faudrait également se pencher sur le programme relatif au dessalement de l'eau de mer, aux stations d'épuration, sur les cas des barrages collinaires qu'on a tendance à négliger pour aller creuser un puits là où il ne faut pas, veiller à ce que les unités hôtelières bordant le littoral aillent puiser leur eau en mer pour leur piscine et non pas pomper de l'eau douce. La majorité des piscines australiennes sont desservies en eau de mer et ce pays-continent est un producteur régulier de champions.

Le génie de nos concepteurs leur a soufflé de construire des piscines dans des régions où l'on coupe l'eau potable pour la consommation des citoyens pour permettre le remplissage de ces piscines....

Eduquer et apprendre

Apprendre à garder, conserver et réutiliser l'eau s'apprend. Nos aïeuls ont inventé bien des moyens et nous en retrouvons les traces un peu partout. Les facilités des temps modernes nous ont fait perdre bien des traditions auxquelles nous devons revenir pour rééduquer les futures générations. Il n'y a pas d'autres choix. Il y a le salut de ces futures générations qui auront à affronter ces changements climatiques dans toutes leurs rigueurs.

La mise en place de toute une nouvelle pédagogie est nécessaire. Seuls des spécialistes en la matière sont capables de le faire !

Un spécialiste en la matière justement a bien voulu nous donner quelques idées à ... creuser, tout en insistant sur le fait que des moyens plus sophistiqués sont à mettre en place dans toutes les nouvelles constructions pour lesquelles on ne délivrera des permis de construire que dans le cas où un système de récupération des eaux pluviales doit être prévu et réalisé.

"Cela va des systèmes d'irrigation goutte à goutte au niveau de l'agriculture aux techniques mises au point par des pays qui ont été éprouvés par la sécheresse.

N'oublions pas que des traditions millénaires ont été oubliées. Il n'y a pratiquement pas de maison dans l'ancienne ville où il n'y a pas de bassin de récupération des eaux pluviales. Les « majen » étaient obligatoires. Il n'y avait pas d'eau qui arrivait par des canalisations. Le système le plus simple consiste à installer une citerne, une fosse de récupération à construire, facile d'accès pour le nettoyage et l'entretien, sous la descente de la gouttière principale, en adaptant les moyens de récupération de l'eau emmagasinée.

La mise en place d'un puisard pour les eaux pluviales, ou l'installation d'un tonneau ou des cuves de 1.000 litres qui sont vendus sur le marché. Dès qu'il pleut, puisard, tonneau ou cuves se remplissent d'eau de pluie.

Il faut bouger

Ces cuves peuvent être apparentes ou enfouies dans le sol. L'essentiel est de se rapprocher le plus possible du lieu où l'eau commence à s'écouler pour rapprocher le cycle hydraulique et éviter la contamination de l'eau. Cette eau servira pour l'irrigation des espaces verts, la lessive et économisera le puisage au niveau de la nappe phréatique ou limitera l'accès à l'eau potable pour cet usage. Ce ne sont là que quelques idées, mais c'est une toute nouvelle industrie qui pourra se mettre en place.

L'essentiel, c'est bien de voir ceux qui se spécialiseront dans ce secteur ne pas profiter de la situation pour faire monter les prix et par voie de conséquence pousser les candidats à la mise en place de ces moyens de conserver l'eau, face à des situations de rejet. Ce qui fera avorter tout effort engagé pour ce qui représente un problème de survie. Les prix annoncés par quelques concepteurs dans ce domaine ne sont pas bien encourageants. Il faut le dire, mais la concurrence ne manquera pas de faire baisser ces prix".

Voilà, il ne reste plus qu'à bouger et non pas se dire que les dernières précipitations suffisent à notre bonheur !

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