Le président du Conseil supérieur de l'éducation, de la Formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), Habib El Malki, a souligné, mercredi à Rabat, la nécessité d'asseoir un système efficient d'orientation précoce au niveau de l'école, de l'université et des établissements de formation professionnelle.
Intervenant à l'ouverture des travaux d'une Journée d'étude sur le système d'orientation scolaire et professionnelle et le conseil universitaire organisée par le CSEFRS, M. El Malki a indiqué que "l'organisation de cette rencontre dans le présent contexte est dictée par un certain nombre de considérations, dont les plus importantes se réfèrent notamment au chantier de l'amendement et de la révision de nombre de dispositions législatives qui encadrent le système d'orientation et de conseil, à notre besoin à tous en tant que parties concernées à nous inscrire dans cette dynamique et à coopérer ensemble pour asseoir un système efficient d'orientation précoce au niveau de l'école, de l'université et des établissements de formation professionnelle", ajoutant que cette mobilisation collective vise à accompagner et à aider les apprenants à construire leurs projets personnels et à définir leurs choix scolaires et professionnels.
Cette journée d'étude, a-t-il poursuivi, "est également de nature à favoriser des parcours en mesure d'enrichir l'expérience de nos enfants, dans leur itinéraire scolaire et professionnel, et en définitive d'impacter positivement la qualité de leur vécu et d'optimiser leurs compétences, leurs talents et leurs potentialités".
Après s'être arrêté sur le devenir du système d'orientation pédagogique dans le pays et les diverses contraintes qui en limitent l'efficience et l'efficacité, en étant parfaitement conscients des "limites" de l'efficience des mesures qui pourraient être entreprises en la matière, M. El Malki a pointé du doigt le déficit en matière d'adhésion des familles et des institutions socio-professionnelles, ainsi que les divers autres facteurs dus à l'environnement socio-culturel et médiatique, autant de facteurs aggravants qui expliquent la situation actuelle du système d'orientation et constituent un défi majeur pour tous, pour valoriser les acquis accumulés et promouvoir le système vers davantage de qualité et d'efficience.
Afin de prendre en charge ces dysfonctionnements et ces diverses contraintes, il a mis l'accent sur l'importance de concevoir une vision holistique qui implique une révision globale du système d'orientation, laquelle devra être adossée à la consolidation de l'arsenal juridique relatif aux orientations concernant le système d'éducation et de formation, tant au niveau de l'enseignement scolaire et universitaire que du système de la formation professionnelle (en tant que référentiel fondamental et indispensable).
Il s'agit aussi de la prise de décision tranchée quant aux fondements et aux contenus du modèle pédagogique prôné par la réforme (en termes de curricula, de programmes, de formations, de mobilité des apprenants...), et de l'arrimage du système d'orientation aux politiques publiques relatives à la mise en oeuvre de la réforme éducative et au modèle pédagogique (mobilité de l'apprenant, relation au marché du travail, corrélation entre l'enseignement scolaire et universitaire à la formation professionnelle).
A cela s'ajoutent l'adoption d'une démarche préparatoire intégrant les valeurs et les finalités du nouveau modèle pédagogique et les fondements de la réforme dans leur intégralité, ainsi que le renforcement de la participation et de la réflexion collégiale avec l'ensemble des acteurs; le renforcement du système d'évaluation des acquis chez les apprenants dans tous les cycles éducatifs, l'enrichissement de l'offre éducative, du système de certification et de la diversification des filières d'inclusion, en tant que support pour le système d'orientation et de conseil; et la nécessité de prendre en compte les impératifs de l'harmonisation et de la coordination entre les filières de scolarisation et de formation et l'obligation d'adosser tout projet d'orientation au principe d'établissement de passerelles et de coordination entre les départements gouvernementaux concernés.
M. El Malki a également fait savoir que le système d'orientation et de conseil constitue une composante essentielle de tout système éducatif aspirant à la réalisation d'une approche prospective et durable du devenir de ce système éducatif, notant désormais l'impératif de s'atteler à asseoir une méthodologie en adéquation avec les mutations des systèmes d'enseignement ainsi qu'avec les métiers du futur et des profils des apprenants, de tirer profit idéalement des nouvelles technologies et des potentialités du numérique, afin de réaliser les objectifs escomptés par le Royaume dans l'avenir.
Pour sa part, le ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, a souligné que le ministère s'est penché sur la conception d'une vision globale du système d'orientation scolaire et professionnelle et de conseil universitaire en relation avec les secteurs de la formation professionnelle et de l'enseignement supérieur, laquelle reposera sur la centralité du projet personnel de l'apprenant en tant que mécanisme incarnant ses choix en fonction de ses capacités et préférences. Dans ce cadre, le ministère s'est attelé à l'amélioration du service d'accompagnement spécialisé confié aux conseillers en orientation pédagogique sur la base d'indicateurs de qualité, ainsi qu'à la mise à disposition d'un kit visant à répondre aux demandes et besoins des apprenants.
Le ministère, a-t-il poursuivi, a intégré dans les programmes des trois derniers niveaux de l'enseignement primaire une composante pour la prospection des métiers et la définition du projet personnel des apprenants, tout en mettant à la disposition du corps enseignant un guide d'activités y afférent afin de les initier dès leur plus jeune âge au monde professionnel.
De son côté, le secrétaire général du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l'Innovation, Mohamed Khalfaoui, a souligné qu'en dépit des nombreux acquis enregistrés dans le domaine de l'enseignement supérieur, la plupart des diagnostics et rapports des institutions constitutionnelles du Royaume, en particulier le CSEFRS, indiquent un faible rendement intérieur du système.
Il a à ce titre avancé que les établissements universitaires à accès ouvert accueillent plus de 84% des étudiants, ajoutant que 16% d'entre eux décrochent dès la fin de la première année de la licence.
A cet effet, M. Khalfaoui a indiqué que le ministère se penche sur la mise en place d'un système d'orientation basé sur un accompagnement précoce tout en tenant compte du potentiel et des préférences de l'étudiant, afin de lui permettre de réaliser son projet personnel.
A travers cette journée d'étude, le CSEFRS entend contribuer à la mise en place d'un système efficace d'orientation scolaire et professionnelle et de conseil universitaire, conformément aux dispositions de la loi-cadre 51.17, en engageant un dialogue avec tous les secteurs concernés.