Ile Maurice: Meurtre de Fareeda Jewooth - Justice faite, le coupable écope de 40 ans de prison

Dans cette rubrique hebdomadaire, nous revenons sur des disparitions, des faits divers ou des crimes qui ont été perpétrés il y a plusieurs semaines, mois, années... Des drames qui ont marqué les esprits et qui ont bouleversé des vies à tout jamais...

Lors d'une soirée habituelle, alors qu'elle rentre chez elle après des heures de travail, elle éprouve un sentiment inhabituel. Dans la voix de Noorah Jewooth, on perçoit un peu d'espoir, un peu de légèreté. C'était la première fois depuis l'assassinat de sa demi-soeur survenue en 2020. C'était le jour où l'assassin et son complice avaient été condamnés pour ce crime. Et ceux-ci ne sont autres que la mère de Fareeda, Pallavi Khedoo, et le concubin de cette dernière, Deven Chiniah

. L'affaire remonte au 30 mars 2020. Alors que le pays - et le monde entier - étaient confinés chez eux dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, l'inimaginable avait bouleversé le pays. Le corps sans vie de Fareeda Nehra Jewooth, neuf ans, partiellement recouvert de fumier, avait été découvert dans un champ à Mare-du-Puits. La fillette vivait avec sa mère, Pallavi Khedoo, et le concubin de cette dernière, Deven Chiniah, à Quatre-Cocos. Le couple était aussi parent d'un jeune fils.

Après la découverte du corps sans vie de Fareeda, les enquêteurs avaient vite identifié la victime car sa mère avait signalé sa disparition une heure plus tôt au poste de police de Belle-Mare, disant qu'elle la soupçonnait de s'être enfuie par une fenêtre et qu'elle était introuvable depuis ce matinlà. Un interrogatoire serré s'en est suivi, au cours duquel le couple Khedoo-Chiniah étaient finalement passé aux aveux.

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L'intrigue d'un "film d'horreur"

Selon Deven Chiniah, une dispute avait éclaté la veille à leur domicile parce que la petite Fareeda ne voulait pas terminer son repas. Dans un moment de colère, il a d'abord frappé la fillette avec une ceinture, avant de la frapper à la tête avec un morceau de bois. Sa mère, Pallavi Khedoo, avait ensuite fait prendre un bain à la fillette avant de la mettre au lit. Cependant, plus tard, elle aurait constaté que la fillette était inerte et qu'il y avait du vomi qui sortait de son nez et sa bouche.

Mais Pallavi Khedoo a une autre version des faits. Aux enquêteurs, elle avait raconté que dans la nuit du 29 mars 2020, elle avait aperçu Fareeda sans ses vêtements, sa main gauche se trouvant sur l'épaule de son concubin qui l'embrassait. En colère, elle avait alors réprimandé sa fille et l'avait frappée avec une ceinture. Après quoi, Fareeda aurait répondu que Deven Chiniah l'avait provoquée. À un moment, Fareeda fut tombée et elle portait des blessures sur le corps. Mais en fait, elle était morte.

Le couple décida, à ce stade de ne pas conduire Fareeda à l'hôpital, car les traces sur son corps auraient amené la police à découvrir que l'enfant avait été abusée. Ainsi, pour échapper à la justice, ils ont décidé de mettre le feu à son corps sans vie dans la maison, après l'avoir recouvert de vêtements.

Comme le corps ne brûlait pas, ils tentèrent de le couper en deux et de le mettre dans un sac, mais en vain. Ils se sont alors dirigés vers Mare-du-Puits où ils ont tenté de brûler les restes dans un champ de cannes.

Mais sans succès. Finalement, ils avaient fini par l'enterrer à Mare-du-Puits. L'autopsie, pratiquée par le Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police, avait attribué le décès de la petite Fareeda à une fracture du crâne.

Un autre fait troublant avait été révélé à la suite de cet incident. Les appels à l'aide incessants de Fareeda, qui avait subi des abus à plusieurs reprises, n'étaient pas passés inaperçus auprès des voisins, qui avaient alerté à plusieurs reprises les autorités concernées, telles que la Child Development Unit (CDU), pour qu'elles prennent des mesures. Mais les officiers n'auraient jamais répondu à leurs nombreux appels, du moins pas à temps.

Deven Chiniah et Pallavi Khedoo avaient été appréhendés par la police et traduits devant la cour d'Assises, où ils avaient plaidé coupable : Deven Chiniah pour deux chefs d'accusation, à savoir «murder» et «concealing corpse», et Pallavi Khedoo pour un chef d'accusation de «concealing corpse».

Condamnation sévère

Après trois ans, un sens de justice. Selon le verdict, rendu le jeudi18mai2023 en cour d'assises, Deven Chiniah et Pallavi Khedoo sont condamnés pour le meurtre horrible de Fareeda. Deven Chiniah a écopé de 40 ans de servitude pénale. Il fera également cinq ans de prison simultanément pour avoir dissimulé le corps de la jeune fille. Pallavi Khedoo a, elle, écopé de trois ans de prison.

Dans son jugement, le juge Luchmyparsad Aujayeb a souligné que le crime est le plus atroce, car il a été commis par une personne en position de confiance. La victime était un enfant vulnérable et sans défense, qui a été brutalement frappé à la tête. «The victim has been robbed of a life full of promises by someone who was meant to be providing her with paternal love, care and affection and she has been deprived of her life in the most violent and horrendous manner...»

Le juge a également noté que la première réaction de l'accusé après le meurtre n'était pas des remords, mais plutôt pour se sauver, et la manière dont cela a été fait était horrible. «...the victim's body was buried under a heap of manure and sugar cane ashes. This was a most gruesome attempt to get rid of the corpse, worthy of a horror movie plot...»

Si sur le plan juridique, la justice est faite, pour les proches ainsi que et la demi-soeur aînée de Fareeda, Noorah Jewooth, les sentiments restent mitigés. «Elle était mon petit ange et aimait s'habiller comme moi. Je suis satisfaite de la condamnation pour lui, bien que j'estime, comme plusieurs personnes, que trois ans d'emprisonnement c'est probablement très peu pour sa mère, que je considère également responsable de ce qui s'est passé.

Nous ne sommes pas sûrs de la voie à suivre, mais il y a un certain soulagement pour l'instant. Certes, ma petite soeur ne reviendra jamais, mais nous nous sommes battus. Nous devions le faire, pour que cela n'arrive pas à un autre enfant», confie-t-elle

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